En me plongeant dans les médias financiers de ces dernières 24 heures je me suis rendu compte que finalement, si nous voulons avoir un marché qui a un peu plus de convictions et de certitudes, il semblerait assez logique d’ouvrir les bourses mondiales un jour sur deux. On ouvrirait le lundi, on fermerait le mardi. Ouvert le mercredi et fermé le jeudi et on ferait une demi-cession le vendredi pour ne pas se mettre trop de pression. L’idée peut paraître saugrenue mais assez logique à la fin, puisque si l’on se base sur la réflexion de la séance de lundi, on se rend compte que les intervenants avaient besoin d’une pause pour réfléchir.

L’Audio du 10 septembre 2024

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Sérieux

Et je vous avoue que je plaisante à moitié en entamant ma chronique de cette manière provocative. Pour pouvoir vous écrire tous les matins depuis bientôt près de 19 ans, je vous assure que j’en lis des articles, des opinions et des rapports financiers. Tout comme je me tape des heures de vidéos sur la finance dans tous les sens. Et ce matin, soudainement ; la lumière fût. En lisant les avis des uns et des autres, je me suis rendu compte que le scénario de base qui avait été le nôtre durant toute la semaine dernière avait soudainement changé parce que, je cite : « les intervenants ont eu le temps de réfléchir pendant le week-end ». Ce qui sous-entend que durant toute la semaine dernière, nous nous sommes comportés comme des bourrins à vendre tout et n’importe quoi parce que nous n’avons pas eu « le temps de réfléchir ».

Ça n’est pas à cause du fait que l’économie ralentisse, que l’emploi parte en vrille ou que la peur nous prenne aux tripes. Non. C’est simplement parce que « nous n’avons pas eu le temps de réfléchir ». D’où mon idée d’ouvrir les places boursières un jour sur deux pour faire une pause et être sûr que le lendemain on a VRAIMENT TOUJOURS envie de vendre. Et ça marche, parce que si vous avez pris le temps de vous immerger dans la presse de vendredi soir et du début du week-end, l’ambiance n’était pas DU TOUT la même que l’on peut trouver dans les médias ce matin. Vendredi on était au fond du bac, l’emploi montrait définitivement des signes de faiblesse que même un chimpanzé de 8 mois pouvait analyser au premier coup d’œil et le discours rassurant de Yellen sonnait à peu près aussi faux que quand Kamala Harris ou Donald Trump disent aux Américains qu’ils veulent « les aider » alors qu’ils n’en ont strictement rien à foutre, ce qu’ils veulent, c’est le pouvoir. Mais là n’est pas le sujet. Si vendredi dernier la tension était palpable et les doutes sur l’avenir BRILLANT de l’économie US étaient dans tous les esprits. Ce lundi soir, ça n’était pas du tout la même tambouille mais alors pas DU TOUT, DU TOUT… Et tout ça parce qu’on a : R-É-F-L-É-C-H-I !!!

La pause

D’où la nécessité d’avoir une pause entre deux séances. Non, parce que quand on regarde ce qui s’est passé hier, on se rend compte que ça n’est pas du tout la même perception que la semaine dernière. La semaine dernière le marché a tout simplement massacré les valeurs technologiques et celles liées à l’IA et hier, c’était le shopping à outrance et tout le monde rachetait toutes les daubes de la semaine dernière. Nividia reprenait 3.5% et même SuperMicro était en hausse de plus de 6% alors que vendredi, tout le monde était en train de vomir sur le secteur. Alors oui, vous me direz que c’est normal, que c’est un rebond technique après un « sell off » exagérément violent pour de mauvaises raisons et c’est peut-être le cas. Sauf que moi, j’ai quand même l’impression que le narratif n’est plus du tout le même par rapport à la semaine dernière.

C’est un peu comme sur CNBC. Sur CNBC, quand les marchés montent, ils invitent tous les stratèges bullishs de la planète pour que les gars viennent nous annoncer que le Dow Jones va à 100’000 et que, le Bitcoin aussi. Et puis quand ça baisse, on invite Roubini. Tout ça pour dire que sur CNBC on surfe avec la vague et là, ce qui s’est passé hier donnait un peu l’impression que c’était la même chose : vendredi on était au bord du gouffre parce que l’emploi était au plus mal et que les multiples révisions annoncées par le Bullshit Labor Statistics, laissaient supposer que ça ne datait pas d’hier. Et hier matin, on nous a sorti tous les analystes, tous les stratégistes et tous les Secrétaires du Trésor pour venir nous dire que tout allait bien et qu’il n’y avait ABSOLUMENT AUCUN risque de récession et que c’était une ÉVIDENCE que l’économie se dirigeait vers un SOFT-LANDING des plus majestueux. Soft landing qui aura lieu juste la veille du jour auquel est agendé la canonisation de Saint Jerome Powell.

On nous les a changés

Je vous jure on nous les a changés. C’est pas les mêmes gars qui donnent leur avis sur les marchés que ceux qui donnaient leur avis la semaine dernière. Enfin, on ne va pas polémiquer, mais une chose est certaine, on est beaucoup plus efficaces lorsque l’on revient d’un jour de congé et nous avons la capacité de ne plus faire cas des mauvaises nouvelles tout en s’auto-rassurant sur la suite. Tout ça pour vous dire que si j’en crois les opinions de ce matin, la baisse de la semaine dernière était une SURRÉACTION et qu’hier matin c’était une vraie opportunité de racheter à bon compte. Si vendredi soir il y avait un vrai goût de panique dans la clôture de Wall Street, avec la réflexion du week-end, ça n’était plus la même chose.

Loin de moi la prétention d’avoir toutes les réponses, mais j’ai le sentiment que l’ensemble des participants au marché ne sont pas d’accord entre eux au sujet de la situation actuelle et en fonction du vent, on change de positionnement ou alors on préfère regarder le marché en se croisant les bras. Soyons francs : personne ne sait où va l’économie américaine. Si vous me donnez deux heures, je peux passer une heure à vous expliquer pourquoi le S&P500 va aller à 6’000 points cette année et vous aurez de la peine à démonter mes arguments. Et l’heure suivante, je change de casquette et je vous démontre par A+B que l’économie va droit dans le mur et que l’on fait tout pour se cacher la vérité sur ce qui va mal. Et là aussi, vous aurez de la peine à démonter mes arguments. En gros, là tout de suite, les investisseurs sont désorientés et il faut donc s’attendre à une plus grande volatilité ces prochains temps. Le temps qu’on y voie plus clair au sujet de l’économie. Même si c’est pas gagné.

Bref, hier on est monté

Hier nous sommes donc montés parce que les chiffres de l’emploi, ben c’est pas si grave. Que les chiffres du CPI de mercredi pourraient bien être tout faibles et rachitiques, ce qui pourrait éventuellement peut-être pousser la FED à baisser les taux de 0.5% pour booster l’économie un peu plus fort, maintenant qu’il n’y a plus de craintes sur l’inflation. VOUS VOYEZ c’est exactement ça dont je parle. La semaine dernière, on nous vendait le fait que « SI LA FED baissait les taux de 0.5% c’était parce qu’elle était en panique et qu’elle voulait à tout prix éviter la récession ». Et cette semaine, si la FED baisse les taux de 0.5% le 19 septembre, c’est parce que l’inflation est tellement faible que Saint Powell pourrait en profiter pour donner un coup de pouce un peu plus fort à l’économie. Mais attention, l’économie va très bien et elle n’a pas besoin de coup de pouce, mais on n’a jamais trop de soutien dans le monde de l’économie.

Bref, la semaine a bien commencé, on a racheté les losers de la semaine dernière et on attend le CPI de mercredi parce que le CPI de mercredi, lui, cette fois c’est sûr, il a le pouvoir de tout changer. On pensait la même chose des chiffres de l’emploi de vendredi, mais le CPI c’est pas pareil, lui il peut VRAIMENT tout changer. Hier l’Europe a repris un pourcent et les USA aussi, reste à voir si ça peut continuer encore aujourd’hui. Cela dépendra fortement du narratif que l’on va choisir pour la journée, mais une chose est sûre, ça aurait étébien plus simple si on avait la journée de mardi pour réfléchir avant de recommencer à prendre des décisions d’investissement mercredi matin. Je vous le dis, ouvrir un jour sur deux c’est la solution optimale, je suis certain qu’on entendrait moins de conneries.

L’Asie

Du côté du Japon, comme d’habitude quand les Ricains rebondissent, ils suivent le mouvement et le Nikkei reprend 0.35%, pendant que Hong Kong est en hausse de 0.28%. En revanche, du côté de la Chine on est en baisse de 0.5% et ils restent à la traîne de leurs homologues régionaux après l’adoption d’un projet de loi visant à imposer de nouvelles restrictions à plusieurs sociétés chinoises de biotechnologie de la part des autorités US. On sent vraiment que les relations entre la Chine et les USA sont au beau-fixe, on se demande jusqu’où les Chinois sont prêt à aller avant de péter les plombs, combien de fois les politicards américains vont pouvoir leur marcher dessus avant qu’ils réagissent…

Pour le reste, le pétrole est à 68.64$, l’or est à 2530$ et le Bitcoin remonte un peu à 56’750$. Et puis que l’on se rassure, en cas de victoire de Trump, selon un analyste, le Bitcoin devrait aller à 90’000 avant la fin de l’année. C’est les soldes. Avant c’était 100’000. Autrement, vous avez sûrement senti qu’il y avait quelque chose de nouveau qui flottait dans l’air comme si quelque chose avait changé dans l’équilibre de la planète. Oui, l’iPhone 16 est sorti et ceci est une révolution. J’ai bien tout regardé, il y a nouvel appareil photo qui fait des plus belles photos. Idéal pour faire plein de selfies et les mettre sur Instagram. La version pro max a un plus grand écran et des bordures moins visibles et les prix n’ont pas vraiment augmentés. En l’échange d’un rein, vous aurez sans problème le Pro-Max. Par contre on notera que tout le monde parle de l’Apple Intelligence, puisque c’est le premier smartphone avec de l’IA embarquée qui arrive chez Apple. Sauf que ça ne marche pas encore et que ça sera opérationnel dans quelques mois, alors autant être prêt. Ou alors il faut attendre le 17.

Mais encore

Les analystes sont assez chauds sur le cycle de renouvellement de l’iPhone et cela même s’il n’y a rien d’extraordinaire dans le nouvel opus d’Apple. On notera qu’Apple a aussi sorti des nouveau Airpods qui ont plein de fonctions fabuleuses et il y aussi une nouvelle Apple Watch. Dan Ives a même augmenté son price target à 300$ pour fêter ça. On a aussi salué l’entrée de Palantir et de Dell dans le S&P. Dell avançait de 4% et Palantir de 14. Autrement, Boeing a trouvé un accord avec les syndicats, la grève n’aura pas lieu. On notera encore que les exportations chinoises annoncées ce matin étaient de 8.7% et étaient au-dessus des attentes. Pour une fois que la Chine nous sort un truc au-dessus des attentes, il fallait quand même le signaler.

Il y a aussi Huawei qui va sortir un smartphone qui se déplie en trois parties et qui a déjà 2.7 millions de pré-commandes. Je ne vois pas l’intérêt d’avoir un truc qui se déplie en trois morceaux après on aura besoin d’un mode d’emploi pour le replier comme les cartes géographiques de l’époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Et puis Oracle a publié des chiffres meilleurs que les attentes hier soir. Il y a un carton tout particulier dans le domaine du Cloud et le titre prenait 8.5% hier soir after close.

Les chiffres

Côté chiffres du jour, il y aura le CPI en Allemagne et ça nous permettra de nous chauffer sur le sujet de la décision de la BCE ce jeudi et autrement il y aura le « vice chairman pour la supervision du board des gouverneurs de la fed, Michael Barr qui va parler. Heureusement que les cartes de visites n’existent plus, sinon il lui en faudrait deux pour faire rentrer son titre dessus. Bref, comme il supervise toute la FED mais qu’il n’est « que » vice-chairman, ça doit sûrement s’annuler, mais il va parler quand même.

Les futures sont en baisse de 0.15% et si on avait fermé la bourse ce matin, on aurait eu le temps de réfléchir. Mais c’est ouvert. Alors on ne va pas réfléchir et on se voit demain pour faire le point et surtout le point du débat entre Trump et Harris qui aura lieu ce soir. Histoire de compter le nombre de coups bas…

Passez une belle journée et à demain.

Thomas Veillet
Investir.ch

“I’ve always loved to play games, and face it: investing is one big game. You need to be decisive, open-minded, flexible and competitive.” Stanley Druckenmiller