Lorsque l’on fait le bilan de la semaine dernière, on est en droit de se demander où est-ce que l’on va réellement. Il y a de plus en plus de preuves comme quoi l’économie est en train de ralentir plus que de raison, les chiffres de l’emploi démontrent que le chômage est en hausse est que les deux derniers mois étaient complètement faux, mais pendant ce temps, les indices battent des records et laissent à penser que ça n’est pas encore terminé. Les trois piliers de la finance sont en train de partir en vrille, mais heureusement, le seul qui tient – celui de la micro – va pouvoir prouver que tout va bien dans les semaines qui viennent.

L’Audio du 8 juillet 2024

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L’emploi en mode « foutage de gueule »

Si l’on se concentre uniquement sur la performance des marchés, il n’y a pas de question à se poser : TOUT VA BIEN, TOUT VA EXTRÊMEMENT BIEN. Les indices américains ont terminé la semaine au plus haut de tous les temps et 5 Magnificent Seven sur 7 finissaient la semaine au plus haut également. Quand on sait que les 10 plus grosses capitalisations boursières américaines représentent 37% du S&P500, on n’a pas besoin de se demander d’où vient la performance. Vendredi dernier, les places boursières américaines ont démontré que rien ne pouvait les arrêter, peu importe les chiffres qui sont publiés. Peu importe qu’ils soient bons ou mauvais, on trouve toujours le moyen de passer au travers en cherchant LA BONNE NOUVELLE qui nous permettra de baisser les taux en septembre et de justifier la hausse de plus d 25% que nous venons de vivre depuis le premier novembre. Reste à voir COMMENT le marché va réagir lorsque les taux vont vraiment commencer à baisser, est-ce que ce sera « dans les prix » ? Ou est-ce que l’on va continuer à monter parce que c’est ce que font les marchés quand les taux baissent ?

Pour être franc, j’en n’ai aucune idée. Ce dont je suis absolument certain c’est que ce marché a perdu toute rationalité et que n’importe quelle nouvelle macro-économique a la capacité d’être interprétée dans le bon sens. Le sens qui nous arrange, au moment où ça nous arrange. Tenez, prenez les chiffres de l’emploi de vendredi dernier. Nous avions fait nos devoirs, nous avions soigneusement utilisé le boulier de grand-papa et le marché attendait quelque chose comme 191’000 créations d’emplois pour le mois de juin et c’est sorti (encore une fois) plus fort que les attentes à 206’000. Pas vraiment l’idéal que l’on attendait pour forcer Jerome Powell à baisser les taux. Mais ça n’était pas grave ; il suffisait de décrypter l’ensemble des informations pour pouvoir justifier la hausse des marchés PARCE QUE LES TAUX allaient baisser.

Des chiffres en mode « bullshit »

Et les justifications pour expliquer que les chiffres de vendredi étaient merdiques et allaient pousser CLAIREMENT la FED à avoir une politique « plus accommodante » pour nous, pauvres investisseurs, ne manquaient pas. On peut commencer par le fait que le chômage était attendu à 4% et qu’il est sorti à 4.1%. Ensuite on avait le décryptage du salaire moyen qui démontrait que les gens avaient des salaires inférieurs à ce qu’ils étaient le mois dernier. Et puis il y avait la démonstration par A+B que ces chiffres mensuels était à peu près aussi crédible que le discours des témoins de Jéovah qui viennent vous vendre des bibles sur le pas de la porte.

En effet, si l’on tient compte des deux mois qui précédaient ces publications qui concernaient le mois de juin, à savoir : les chiffres du mois de mai et du mois d’avril. Ils ont été révisés à la baisse de 111’000. Ce qui revient à dire que les mecs qui calculent et qui publient ces chiffres de NFP’s tous les premiers vendredis de chaque mois, sont tout simplement incapables d’additionner deux chiffres sans faire une erreur de calcul. Aujourd’hui, nous avons donc la preuve indéniable que ces publications mensuelles sont à peu près aussi valables pour prendre une décision que de lire dans le marc de café ou de le jouer aux osselets. Mais c’est pas grave, parce que ça démontre que même si les chiffres du mois de juin sont plus forts que les attentes, l’économie va quand même super-mal et que Powell n’aura pas d’autres choix que de baisser les taux en septembre. Ce qui est quand même super-bon pour les marchés qui vont pouvoir continuer à monter tout l’été et nous rejouer la fable de la cigale et la fourmi.

Maintenant on peut passer à autre chose

Les chiffres de l’emploi ont donc démontré deux choses :

1) L’économie est en train de ralentir peut-être un peu plus que prévu
2) Le « Le Bureau des statistiques du travail » (The Bureau of Labor Statistics en anglais), ne sait pas compter et ça n’est pas super-rassurant parce que c’est aussi eux qui sont en charge de calculer le CPI et le PPI qui vont sortir cette semaine

Mais maintenant que l’on sait qu’ils sont nuls, on va pouvoir tirer des plans sur la comète pour les chiffres de la semaine qui vont être notre « nouvelle préoccupation », ceux du CPI et du PPI. Non, parce que quand on voit que « le ralentissement économique » induit par les chiffres de l’emploi vendredi dernier a donné comme motivation au marché, je n’ose même pas imaginer de combien de pourcent on va monter cette semaine sachant que l’inflation va continuer de ralentir. Je dis ça avec certitude, puisque peu importe le chiffre qui sortira jeudi, je suis certain que nous aurons toujours cette capacité inouïe à trouver ce qu’il y a de « bon » dans le chiffre, afin de pouvoir mettre une arme sur la tempe de Powell et le forcer à baisser les taux comme nous l’avions prévu depuis le 1 novembre de l’année dernière.

Ce matin, un lapin

Du côté de l’Asie, nous avons toujours Hong Kong et la Chine qui souffrent des angoisses concernant la guerre des tarifs douaniers avec l’Europe et le fait que ça pourrait se compliquer dans les mois à venir. Hong Kong est en baisse de 1.34% et la Chine recule de 0.53%, pendant que la Japon continue de battre des records en progressant de 0.27%, sans pour autant sombrer dans l’euphorie. Du côté du pétrole, le brut a parfaitement buté contre sa résistance des 84.50$ et se replie sur les 82.93$ et qui semble être en route pour les moyennes mobiles des 200 et 50 jours qui sont autour des 79.5$ avant de plonger tester le support des 74$. Enfin, c’est l’idée tant qu’Israël n’envahit pas le Liban la nuit prochaine. Du côté de l’or nous sommes à 2392$ et du côté du Bitcoin, nous sommes à 55’400$ après avoir été tester (encore une fois) la zone des 54’000 et des poussières après que Mt Gox ait commencé à rendre l’argent qui était stocké chez eux.

Dans les nouvelles du jour, on ne parle pratiquement que des élections législatives en France. Je ne vais vous faire un rapport complet, parce que tout d’abord ça n’intéresse plus personne puisqu’après avoir fait une crise de nerfs pour virer la Macronie, les Français ont tout de même réussi à RE-voter pour cette équipe de bras-cassés et comme si ça ne suffisait pas, ils ont même réussi à faire revenir Flamby à l’assemblée tout en ouvrant la porte de Matignon à ce débile mental de Mélenchon. Difficile de dire comment le marché va réagir à cette nouvelle assemblée nationale la plus clownesque de ces 30 dernières années, le suspense est insoutenable et j’ai mal au crâne rien qu’à l’idée d’aller surfer sur les pages des médias français. D’ailleurs non, je vais faire mieux, je vais me déconnecter de X, configurer Google pour ne lire que les news qui viennent des USA et partir en vacances hors de l’Europe.

Bon, en même temps, c’est pas mieux parce qu’aux USA, on ne parle que de Biden et de son déambulateur et de Ô combien les Démocrates sont en train de lui préparer une sortie aux petits oignons lors de la convention démocrates du mois d’août. Donc, en résumé : la France est ingouvernable, Biden a une semaine pour convaincre qu’il n’est pas (complétement) sénile, sinon il va devoir se barrer en maison de retraite et le nouveau Premier Ministre Britannique fait ses premières armes à Downing Street. Pour le reste, on va donc se concentrer sur les chiffres de la semaine ET sur les deux témoignages de Powell devant les élus américains. Le premier commencera demain et la cession de rattrapage aura lieu mercredi. À noter que demain, en même temps que Powell parlera, il y aura aussi Yellen qui aura son mot à dire. Normalement, tout le monde s’en fout, mais comme elle, elle croit qu’elle est encore Présidente de la FED, on ne sait jamais ce qu’elle va nous sortir. Et puis, en fin de semaine, on va attaquer la saison des résultats trimestriels et comme d’habitude, c’est les bancaires qui vont essuyer les plâtres. C’est bien, on aura au moins d’autres choses à raconter, parce que là tout de suite, la politique commence à nous fatiguer un peu… Enfin. À ME FATIGUER un peu.

Chiffres du jour

Il n’y aura pas de chiffres économiques ce lundi ou en tous les cas, rien de relevant. Ce qui fait qu’il me reste à vous annoncer que les futures sont en baisse de 0.17% et que les futures sur l’OAT français sont en baisse de 0.2%. Je vous souhaite une excellente journée et on se retrouve demain avec – j’espère – des sujets plus intéressants à traiter que ce matin !

Belle journée à tous et bon début de semaine.

Thomas Veillet

« Je traverse la rue, je vous trouve du travail »

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