Lundi dernier nous avions entamé la semaine en se disant qu’entre le PIB et le PCE, il y a bien des chances que tout allait changer et que nous allions rentrer à la maison vendredi soir avec une date très précise sur la prochaine baisse des taux et des éclaircissements certains sur le positionnement de la FED pour les six prochains mois. Alors vous, je ne sais pas, mais moi je n’en sais pas plus qu’avant et j’ai l’impression que les banquiers centraux qui ont donné leurs avis, ont clairement démontré qu’ils volaient à vue et qu’il suffisait de pas grand-chose pour leur faire tourner la veste, mais que ce « pas grand-chose » n’était pas encore arrivé.

L’Audio du 1er juillet 2024

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La semaine va être spectaculaire (ou pas)

Ça tombe bien parce que vu ce que l’on attend cette semaine, on a l’impression que là encore : tout peut arriver et que, si ça se trouve, on va rentrer à la maison avec ENFIN des réponses claires. Je vous préviens qu’il ne va pas falloir non plus fonder tous vos espoirs là-dessus, parce que fondamentalement, ça fait quand même un bon moment que l’on nous balade avec ces histoires de baisses des taux et que, pour l’instant, on n’a toujours rien vu venir (même si récemment, on avait quand même un peu l’impression que l’on était plus proche d’une baisse que d’une hausse).

Donc, après une semaine basée sur l’état de santé de l’économie et du consommateur, le tout saupoudré d’une dose de PCE qui nous a démontré que l’inflation était (semble-t-il) enfin en train de reprendre sa course en direction des 2% – bien que cela reste tout de même très au conditionnel, puisqu’il ne faut pas non plus oublier que les chiffres de l’inflation sont ceux du mois de mai et qu’au mois de mai, l’essence et le pétrole n’étaient pas vraiment au niveau qui est le leur en ce lundi matin. Mais peu importe, je disais donc qu’après une semaine concentrée sur la macro et l’inflation, cette semaine nous allons nous concentrer sur l’emploi ! Oui, le nombre de Jobs créés, le nombre de postes disponibles pour être repourvus et le nombre de demandes d’indemnités chômage demandées ces 7 derniers jours. En se basant là-dessus, certains d’entre-nous s’attendent à trouver des réponses qui leur permettront de se projeter dans la tête de Powell afin de savoir quand est-ce qu’il baissera les taux et combien de fois.

On peut rêver

Bonne chance. Pour ceux qui imaginent que les chiffres de vendredi vont nous donner définitivement la réponse que nous attendons, je tiens à préciser que généralement les chiffres des Non Farm Payrolls qui sont publiés le premier vendredi de chaque mois sont souvent bidouillés, magouillés et mal calculés et que l’on sait dorénavant TOUS, que dès le mois prochain, ils seront revus à la baisse ou à la hausse, c’est selon comment ça nous arrangera. Mais enfin, peu importe, ce lundi matin nous avons encore les yeux collés et on veut quand même croire que nous aurons des réponses.

Quoi qu’il en soit, la problématique de l’emploi peut aussi démontrer que l’économie se dégrade rapidement et qu’en constatant cet état de fait, la FED va se précipiter pour baisser les taux avant que l’économie ne tombe en récession. C’est un plan qui est évoqué de plus en plus, puisqu’il faut reconnaître que si les Démocrates veulent encore avoir la moindre chance de conserver la Maison Blanche, il va falloir éviter de voir l’économie s’effondrer dans les 8 semaines à venir. Il y a également un truc qu’il va falloir surveiller, c’est le fait que sur la fin du semestre, on a assisté à pas mal de « ventes sur force » sur certaines valeurs technologiques liées à l’IA – et si cela venait à se confirmer ces prochains jours, ça risque de poser problème, sans compter qu’à la fin de la semaine, on a aussi constaté une augmentation des volumes des achats de puts de protection sur le S&P500. Alors oui, la semaine peut nous apporter des réponses, mais elle peut aussi nous réserver de mauvaises surprises à la baisse.

RN

Du côté de la France, on continue notre feuilleton politique. Vous l’avez tous vu, le RN a encore une fois scoré de manière conséquente lors du premier tour des législatives à Macron. Pas assez pour obtenir une majorité claire au parlement, mais suffisamment pour foutre une merde monstre dans le paysage politique français. Hier la gauche, comme la droite de Macron étaient en mode « PANIQUE », de peur que Bardella puisse sécuriser les sièges qui lui manquent pour avoir une majorité totale à l’Assemblée Nationale. On a tout entendu hier soir, mais ce qu’il faut surtout retenir c’est les appels à faire BARRAGE À L’EXTRÊME DROITE. Encore une fois, ceux qui suivent la politique française doivent se souvenir d’avoir déjà entendu ce genre de discours.

Comme à chaque élection dans l’Hexagone, au second tour, la France ne va plus voter pour un parti, pour un projet ou même pour une philosophie, elle va voter CONTRE un parti. Il n’y a plus une seule réflexion sur ce qui doit être fait pour permettre de faire fonctionner le pays, tout le monde appelle à bloquer Bardella et on verra ensuite comment gouverner un bateau ivre avec des mecs comme Mélenchon et Attal qui vont devoir trouver un moyen de gouverner ensemble. Pour ce qui est de la réaction des marchés, on verra ça tout à l’heure, mais une chose est certaine, c’est que le CAC40 n’a pas droit à l’erreur, si l’indice prend le risque d’aller se balader sous les 7’400 points, il va falloir s’accrocher et au lieu de faire des appels au désistement et de trouver soudainement l’extrême gauche hyper-séduisante, il va aussi falloir penser à rassurer les investisseurs et les sociétés cotées au CAC40 qui elles, font tourner encore la France – contrairement aux politiques qui ne servent plus à grand-chose tellement ils sont pathétiques… On nous donnera la réponse dans quelques heures.

La Chine dans le dur

Ce matin en Asie, les PMI’s Chinois sont sortis en-dessous des attentes et la Corée du Nord s’amuse encore à tirer des missiles pour s’entraîner. Malgré tout, après une ouverture en baisse, la plupart des indices de la région sont repassés dans le vert, mais de façon plus qu’homéopathique. Le Nikkei est en hausse de 0.21%, le Hang Seng progresse de 0.01% et la Chine avance de 0.31% – ça devient vraiment de plus en plus difficile d’interpréter un chiffre économique, je suis à deux doigts d’engager une Intelligence Artificielle pour le faire. Du côté du pétrole le WTI frise à nouveau les 82$ et l’or est à 2335$. Le Bitcoin semble vouloir repartir à la hausse et se traite à 63’500$ – s’il parvient à remonter à 64’000$, on va reparler de cassure à la hausse de son biseau descendant – ce qui techniquement, pourrait lui ouvrir la porte de nouveaux records d’altitude.

Dans les nouvelles du jour, on parle principalement politique. Le monde entier a un avis sur ce qui se passe en France et il y a même des rumeurs comme quoi la BCE pourrait intervenir sur les marchés obligataires en cas de panique sur l’OAT. Toujours du côté politique, mais cette fois Outre-Atlantique, Joe Biden a confirmé son intention de NE PAS SE RETIRER de la course à la Maison Blanche, parce que là c’est bon, il n’est plus sénile et n’est plus victime de démence. Il a mangé équilibré ce week-end et ça va beaucoup mieux. Il a même reçu le soutien d’Obama qui a encensé le Président pour rassurer le peuple. Clinton s’y est mis aussi. D’ailleurs, on ne peut pas dire que ça se passe super-bien, parce que 72% des Américains pensent que Biden sera incapable de mener son second mandat à son terme.

Suite

En tous les cas, les excuses pour justifier l’état de Joe Biden sont tellement pathétiques, que l’on peut vraiment se demander qui a encore envie d’y croire. Autrement, pour revenir au monde merveilleux de l’investissement, on se souvient qu’une des banques d’affaires la plus prudente sur les marchés, c’était JP Morgan. Je dis c’était, parce que ce week-end il y a BCA Research qui a annoncé que leur nouvel objectif sur le S&P500 était à 3’750. Le stratège de BCA estime que le pays se dirige à tout vitesse en direction de la récession et que la correction pourrait être de 30% assez rapidement.

Pendant ce temps, Boeing est toujours dans une merde noire avec un procès qui leur pend au nez pour le crash des deux 737 max pour lesquels ils n’auraient pas indemnisés les familles correctement. Le marché semble pourtant s’en moquer comme de l’an 40. Et puis, pour faire diversion dans les médias, Boeing a également annoncé son intention de racheter Spirit Aerosystems – un de leurs fournisseurs – Spirit valait 3.83 milliards vendredi soir et ce matin, ça pourrait valoir 500 millions de plus. Et puis, on notera que les États-Unis ont fait l’objet de critiques assez violentes de la part du FMI. Dans son évaluation annuelle, le FMI a salué les « performances remarquables » de la première économie mondiale et s’attend à ce que la croissance se poursuive. Mais par contre, selon eux, certains problèmes deviennent trop graves pour être ignorés : Le déficit budgétaire est trop important, ce qui crée une trajectoire ascendante soutenue pour le ratio dette publique/PIB (sans blague ???) et puis, on reparle des faillites bancaires, puisque le FMI pense que le secteur présente d’importants risques de détérioration. Sans oublier que les projections prévoient une dette de 57’000 milliards d’ici dix ans. En résumé, le FMI pense qu’il est temps que les USA arrêtent de faire n’importe quoi et commencent à penser à écoper avant que le navire soit vraiment en train de couler. Pas sûr que les USA en aient quelque chose à faire – de l’avis du FMI – mais ça fait un de plus qui pense qu’à force de faire n’importe quoi, les USA vont devenir n’importe qui…

Côté chiffres

Pour ce qui est des chiffres de la journée, nous aurons pas mal de PMI’s en Europe, entre autres en France, en Allemagne et en Espagne. L’Allemagne annoncera ses chiffres de l’inflation (CPI) et puis ensuite nous aurons le Construction Spending aux USA, ainsi que l’ISM Manufacturier.

Il faudra aussi retenir que cette semaine, en plus d’énormément de chiffres qui concernent l’emploi, nous aurons également Powell et Lagarde qui vont parler et les Minutes du FOMC Meeting mercredi soir, sans oublier que jeudi les marchés US seront fermés pour cause de fête Nationale. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.25% et les USA semblent confiant alors que l’Europe est toujours dans l’instabilité et que ça va encore durer un peu.

Passez une excellente journée, un très bon début de semaine, un début de trimestre et de semestre fantastique, en ce qui me concerne, je vous retrouve demain, comme d’habitude !

Soyez forts !

Thomas Veillet
Investir.ch

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