Cette première journée du semestre aura été un peu brouillon. On revient de week-end, on attaque la seconde partie de 2024 et on peine un peu à trouver où sont nos priorités : baisse des taux, chiffres macro-économiques liés à l’emploi, banquiers centraux qui vont parler, politiciens qui sont tous en mode « free-style » des deux côtés de l’Atlantique, une nouvelle révolution sur Tesla qui arrive ou encore le fait que les attentes des trimestriels soient un peu hautes. Mais peu importe, cela ne reste que de la spéculation et puis après tout, le seul chiffre concret qui est sorti médiocre, mais le Nasdaq est quand même au plus haut de tous les temps pour le premier jour du reste de l’année.

L’Audio du 2 juillet 2024

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ISM pas terrible

Avant de creuser un peu plus loin et de retenir que pour le premier jour du deuxième semestre de 2024, l’ensemble des indices principaux étaient en hausse, que le S&P500 prenait 0.27%, que le Nasdaq Composite était en hausse de 0.83%. Qu’il finissait la séance à un nouveau plus haut historique – le 21ème de l’année, sauf erreur. Que le rendement du 10 ans US tapait les 4.45% en cassant la moyenne mobile des 50 jours à la hausse. Mais il fallait tout de même retenir que l’ISM Manufacturier américain est sorti en-dessous des attentes à 48.5 contre 49.2 attendus et 48.7 le mois précédent. C’est d’ailleurs le troisième mois consécutif où le chiffre est sous les 50, indiquant – si l’on avait encore un doute – que l’économie était en train d’en prendre pour son grade.

C’est d’ailleurs sûrement pour ça que les indices terminaient en hausse, puisque l’on a bien compris – et cela depuis des semaines – que toute mauvaise nouvelle pour l’économie, l’emploi, ou la reproduction des chameaux au Moyen Orient serait considéré comme une EXCELLENTE NOUVELLE parce que cela va FORCÉMENT pousser la FED à baisser les taux une fois pour toute !!! Donc tout va bien tant que ça va mal. Le marché continue d’être dans le même mood ; à savoir que plus les nouvelles nous montrent que ça ne va pas, plus on achète parce que l’on parie sur la baisse des taux qui se précise. On notera qu’à l’heure actuelle, les marchés « parient » sur une baisse en novembre et moi, en ce qui me concerne, plus on monte sur le principe d’une « baisse des taux à venir », plus je deviens convaincu qu’on va s’en prendre une (de claque) le jour où les taux vont baisser pour DE VRAI !

La tech solide

En tous les cas, durant la séance d’hier nous avons eu droit à un remake de la première partie de l’année, puisque c’est les Magnificent Seven qui ont pris le contrôle de la hausse. Apple était en hausse de 2.9%, Microsoft de 2.19% et terminait au plus haut de tous les temps. On a connu Nvidia plus en forme, mais le roi de l’IA était quand même en hausse de 0.62%, pendant que Google grattait 0.58%. Amazon et Meta progressaient respectivement de 2.04% et 0.08% et la STAR incontestée de la journée était Tesla qui explosait de 6.05%.

Le fabricant de voitures électrique était en folie pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que l’on s’autorise à penser qu’aujourd’hui la société va publier ses ventes pour le semestre et que comme tout le monde a révisé ses attentes à la baisse, ça pourrait bien être moins pire que prévu et aussi parce que ces deux derniers jours, nous avons plusieurs analystes (et pas des moindres, puisque Dan Ives en fait partie) qui sont venus s’emballer sur Tesla estimant que si la première partie de l’année aura été celle de Nvidia, la seconde sera celle de Tesla. On s’attend (BIEN SÛR) a des chiffres pourris pour le trimestre, les ventes sont en chute libre et les Tesla d’occasion ne valent plus rien sur le marché, mais les analystes ont déjà les yeux rivés sur le mois d’août, puisque Musk devrait présenter son ROBOTAXI qui va nous changer la vie. Ça fait 5 ans qu’il nous balade avec ça, mais apparemment, cette fois c’est sûr, ça va arriver et ça sera la même révolution que quand Steve Jobs a présenté le premier iPhone – à cet instant nous ne savions pas que l’on passerait 30% de plus de notre temps aux toilettes juste pour pouvoir « scroller down » un peu plus longtemps. Eh ben les ROBOTAXIS ça sera pareil. Sauf qu’on ne pourra pas les prendre avec nous aux toilettes. Bref, hier soir les Magnificent Seven ont fait leur Magnificent job d’emmener le Nasdaq Composite au plus haut de tous les temps.

La politique au centre du game

En ce lundi premier juillet, la politique était au centre des préoccupations. Tout d’abord on continue de parler de Joe Biden qui continue de faire n’importe quoi – pour ceux qui ne voient pas de quoi je parle, tapez « Joe Biden Elton John » sur Youtube et en regardant la vidéo jusqu’au bout, vous verrez qu’encore une fois, le Président Américain est à côté de la plaque et rien qu’à l’idée de savoir que ce gars a accès aux codes nucléaires, ça fait froid dans le dos. Les appels demandant à Biden de laisser tomber la course à la réélection sont de plus en plus nombreux, mais se heurtent aussi à la question de « qui pour le remplacer ». La logique voudrait que ça soit Kamala Harris, mais tout le monde sait qu’elle est nulle et que si on la remplace par le gouverneur de Californie, on se met à dos l’électorat noir et celui des femmes. L’équation est donc insolvable, il ne reste plus qu’à trouver le bon mélange chimique pour faire fonctionner POTUS encore 4 ans à coups d’injections. Au passage, Biden a dit ce week-end qu’il ne savait faire qu’une chose : « dire la vérité ». Durant le débat de jeudi dernier, il a déclaré que la dette américaine avait explosé durant le mandat de Donald Trump et la gestion de Biden était meilleure. C’est vrai. Sauf que durant son mandat, Trump a fait monter la dette de 6’500 milliards et qu’à l’heure actuelle, alors que Biden a encore 5 mois devant lui, il en est à 7’900 milliards d’augmentation de la dette et à la vitesse où il tape dans la caisse, le trou va se creuser encore.

Autre pays, autre politique. Hier aura été également l’heure du rebond en France. Ou devrais-je dire : « l’heure de la rédemption ». Après dépouillement des votes de dimanche et après avoir pointé toutes les circonscriptions, le marché en est arrivé à la conclusion que Jordan Bardella n’aurait pas la majorité absolue dimanche prochain. Ce qui devrait rendre le pays ingouvernable, mais qui, du même coup empêcherait l’extrême-droite comme la gauche de mettre en place leur programme destructeur pour l’économie. Surtout celui de la gauche. Si vous avez passé un peu de temps sur « X » hier, vous avez dû pouvoir assister l’ire des comptes de gauche qui hurlaient au scandale parce que le CAC rebondissait suite à la victoire du RN de dimanche. On était au-delà de la colère, c’était de la fureur. Ils se sont tous improvisés experts en finance et se sont empressés de venir donner leur avis et vomir sur le grand-capital. Mais dans la réalité, ce qu’il faudra retenir c’est que le marché « espère » que Bardella n’aura pas la majorité absolue et que la situation sera « moins pire ».

La volatilité du CAC n’est pas terminée

Une chose est sûre, on n’a pas fini de rire sur le marché français. L’indice parisien aura vécu une belle journée en termes de volatilité et ce genre de journée pourrait même se reproduire selon la valse des désistements ou des candidats qui REFUSENT de se désister pour faire « barrage au RN ». Au plus fort de la journée, le CAC était en hausse de 3%, pour ne finir qu’avec une progression de 1% et des poussières. La séance de ce lundi était donc un hommage à Claude François, puisque ça s’en va et ça revient, c’est comme un Front Populaire. Les meilleures performances de la journée sont à mettre au crédit des bancaires qui retrouvaient goût à la vie, tout comme toutes les boîtes qui sont menacées de privatisation en cas de victoire absolue du RN. Ce qui vous laisse imaginer ce qui pourrait se passer lundi prochain si le parti de Marine Le Pen récupère 290 sièges à l’Assemblée Nationale. Je recommande donc la stratégie du « pile ou face ». Pile le RN remporte la valise RTL et le marché se fait déglinguer et face, on se retrouve avec une France ingouvernable avec des alliances macronie-gauche antinomiques pour faire opposition à la droite dure, mais du coup, rien ne change, c’est moins pire et le marché monte.

Ce matin en Asie, c’est relativement calme. Les justifications sont toujours les mêmes : on attend d’en savoir plus sur les taux et en plus, Powell va parler lors d’un évènement organisé par la BCE. Autant vous dire que personne n’a envie de rien faire. Le Japon et Hong Kong sont en hausse de 0.6% et la Chine ne fait rien. Le pétrole s’envole toujours un peu plus et se traite actuellement à 83.54$. Les raisons pour la hausse du baril sont justifiées par les tensions entre Israël, le Liban et le Hamas. Mais aussi parce que la « hurricane season » est en train de démarrer dans le Golfe du Mexique et qu’il y a de moins en moins de forages aux USA – ce qui pourrait mener à une offre moins garnie. Ce qui va sûrement aider du côté inflation. Pour le moment, l’or est toujours paralysé autour des 2335$ et le Bitcoin vaut 63’000$ alors que Tom Lee pense qu’il est au bord de tout casser à la hausse et d’aller à 150’000$ d’ici la fin de l’année et l’arrivée de Trump au pouvoir.

Des chiffres et des attentes

Pour le reste, nous sommes un peu en mode attente. On verra ce que Powell va nous dire, ce que Lagarde va nous dire et ce que l’inflation en Europe va donner. Mais au vu des chiffres de la France vendredi dernier et de l’Allemagne hier, je parierai sur un CPI à 2.4% et un Core CPI à 2.7% – soit 0.1% en-dessous des attentes. Comme prévu dans le programme. Cette après-midi nous allons commencer à nous projeter dans le futur et dans la thématique de la BAISSE DES TAUX à venir, puisque les JOLTS seront de sortie. Chiffre qui nous donnera une idée de l’état de l’emploi aux USA. Et ça ne sera que le premier d’une longue série.

On n’oubliera pas de se souvenir que demain le marché américain ne sera ouvert qu’en demi-cession à l’aube de la fête nationale, les volumes de ces prochains jours devraient donc s’en ressentir fortement. Et puis, je sais bien que ça n’est pas le moment de parler d’inflation puisque le sujet de la semaine c’est l’emploi, mais on notera quand même qu’à l’heure actuelle, même si le Cacao s’est bien pété la gueule, il faudra quand même noter que le prix du poulet est en hausse de 67% depuis le 1er janvier, pendant que le bœuf et le porc sont en hausse de 15%. Finalement le seul truc qui ne monte « pas trop », c’est le bacon qui ne monte que de 7% en 2024. Pendant ce temps, le prix du fast food est monté de 30% en 4 ans. En gros, l’accès à la nourriture devient de plus en plus compliqué aux USA, alors c’est bien ; l’inflation est sous contrôle… Mais le problème pourrait venir d’ailleurs…

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.22% et on attend les chiffres des ventes de Tesla (normalement)… Passez une très belle journée en ce début d’automne et on se revoit demain pour faire le point !

Thomas Veillet
Investir.ch

“There are old traders and there are bold traders, but there are very few old, bold traders.” Ed Seykota