Ça n’est jamais facile d’écrire le lendemain d’un jour férié aux USA – parce qu’il n’y a pas grand-chose à dire. C’est toujours étonnant de voir que rien ne se passe en Europe ou ailleurs, les jours où Wall Street n’est pas là. Néanmoins les bourses européennes étaient ouvertes et on a pu retourner dans nos vieux travers et revenir sur l’instabilité en Europe et prendre le temps de saluer le fait que la FINMA a définitivement estimé qu’il n’y avait pas de risque de position dominante pour l’UBS après le « rachat » du Crédit Suisse.

L’Audio du 20 juin 2024

Télécharger le podcast

L’UBS ne domine rien

Commençons d’abord avec la Suisse. Une fois n’est pas coutume. La FINMA a donc rendu son verdict : l’UBS est une banque comme les autres et il n’y a pas de risque de mettre la pression sur la concurrence parce que finalement, elle n’est pas si grosse que ça. On va dire que ça peut être discutable vu de l’extérieur, parce qu’il me semble quand même qu’il n’y a pas trop d’autre banques qui sont en position de faire de l’ombre à l’UBS. D’ailleurs la Finma conclut que : « la fusion d’UBS avec Crédit Suisse ne menacera en rien la concurrence dans aucun segment du marché, même si UBS a pu renforcer sa position dans certains segments ».

On est contents de savoir qu’ils sont quand même plus forts qu’avant à certains endroits, mais contents également de voir qu’il n’y a pas de danger. Bon, après on va être très franc, la FINMA, la BNS et le Conseil Fédéral sont les gros instigateurs de la soi-disant « fusion » des deux banques. Donc on imagine assez mal que la FINMA auto-juge sa décision de « laisser-faire » de l’époque comme étant mauvaise. On va donc partir du fait que tout va bien, que tout a été parfaitement géré par des autorités ultra-compétentes (comme d’habitude) et que comme nous vivons dans un monde parfait, il n’y a pas de soucis à se faire. Merci donc à la FINMA pour un travail (encore une fois), impeccable et brillant par-dessus tout. On peut donc passer à autre chose.

La crise de la dissolution

En Europe on continue de se balader entre turbulences politiques et calculs économiques fumeux sur le prochain budget de la France. Chaque jour qui passe apporte son lot de nouveauté dans le monde merveilleux de l’Union Européenne. Hier, en pleine campagne électorale française où Macron s’est remis à faire les marchés pour se fâcher avec les défenseurs des droits LGBTQ++ au carré, Bruxelles a donc décidé d’épingler Paris pour « déficit excessif ». Avec un déficit attendu à 4,4% du PIB en 2024 après 5,5% en 2023, la sanction de Bruxelles est tout sauf une surprise. En soit, ça n’est pas une catastrophe, puisque cela reste des alarmes techniques de la part de Bruxelles, mais il faut bien comprendre que cette procédure veut aussi dire que le Gouvernement qui verra le jour le 7 juillet va se retrouver dans une situation impossible, puisque l’Union Européenne veut que la France réduise les dépenses de façon drastique et que les programmes de la gauche et de la droite sont plutôt placés sous le signe de la « dépense excessive ». Quant au programme des clowns de Macron, il n’est pas moins dispendieux, mais comme il semble que clair que plus personne ne veut d’eux, la question ne se pose pas.

Cependant, le Roi Macron dans toute sa splendeur et dans tout sa supériorité intellectuelle que lui confère son statut de psychopathe, a dû apprécier le timing de Bruxelles qui vient de lui planter un couteau dans le dos en pleine campagne électorale. Quand tu as des amis comme ça, pas besoin d’ennemis. Et puis les conséquences de cette instabilité politique se sont également étendues un peu plus loin encore, puisque la société Golden Goose qui fabriquent de baskets usées à 800 euros la paire, a décidé de retirer son IPO qui devait se faire en fin de semaine à Milan. La société estime que mettre ses actions sur le marché alors que l’Europe est secouée par une crise politique majeure, serait contre-productif pour les actionnaires de l’entreprise. Comme quoi, la montée de l’extrême-droite a des conséquences qui vont bien plus loin que ce que l’on peut imaginer. Le CAC a donc terminé en baisse de 0.77% – et est à nouveau sous les 7’600 points. Le DAX reculait de 0.35% et Milan était en baisse de 0.29%, Golden Goose ou pas.

En Asie et à Londres

Ce matin l’Asie est modérément dans le rouge. On sentait qu’à l’approche de la décision de la Banque d’Angleterre, les marchés locaux n’avaient pas non-plus envie de prendre des risques considérables. Tokyo et Hong Kong reculaient de 0.5% main dans la main et la Chine abandonnait 0.27% pendant que l’Inde recule de 0.08%. Donc, en l’absence des Américains, on reparle un peu plus intensément de l’Angleterre. Hier les chiffres de l’inflation britannique sont revenus aux niveaux optimaux décidés par les banques centrales, puisque les 2% étaient atteints ! Un rêve que Powell n’oserait même pas faire.

Si l’on reprend cette nouvelle on pourrait en être tout émoustillé, puisque du coup, logiquement, comme la Bank of England se réunit aujourd’hui, on pourrait se dire qu’elle va pouvoir sereinement baisser les taux. MAIS QUE NENNI ! Parce qu’en fait, en Angleterre, même si l’inflation globale est importante, il faut aussi se souvenir que l’inflation de SERVICES est encore plus prépondérante. Et celle-ci est sortie à 5.7% – autant dire : loin des objectifs. Résultat : la BoE devrait ne rien faire sur les taux et signifier qu’elle n’a pas de velléités haussières, mais qu’il est encore trop tôt pour couper dans le gras. On notera au passage que la BNS va également parler ce matin. Hier matin je l’avais déjà mentionné, mais je me suis gouré d’un jour – foutu jour férié américain – désolé.

Pour le reste

Donc la BNS devrait baisser les taux ce matin. Ou pas. Et pendant ce temps, le pétrole est à 80.50$, l’or est au même niveau qu’hier, tout comme le Bitcoin. Autrement la consommation d’énergie fossile – pour ne pas dire « de pétrole » a été au plus haut de l’histoire en 2023. Comme quoi on a fait pas mal de progrès – Poutine est en train de faire son tour d’Asie pour récupérer des copains. Il est donc l’ami de la Corée du Nord et là il fait ami-ami avec le Vietnam, pendant que les Américains hurlent au scandale. Et puis, on notera aussi que la première tempête tropicale de la « Hurricane Season » vient d’être nommée Alberto et se trouve pas loin du Mexique. Ça va sûrement aider le prix du baril.

Côté chiffres nous aurons – au-delà des discours des banques centrale anglaise et suisse – le PPI en Allemagne, les permis de construire aux USA, ainsi que les Jobless Claims et le Philly FED. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.2%. En fait, on attend simplement que l’Intelligence artificielle prenne le relai pour nous emmener un peu plus haut. On signalera qu’il y aura l’échéance des options demain et que ça risque d’être spectaculaire au vu de certains mouvements ces dernières semaines. Bon, en même temps, on dit ça à chaque échéance et il ne se passe jamais rien, mais au moins je vous l’aurais dit !

Passez une très belle journée et on se revoit demain pour boucler la semaine !

Thomas Veillet
Investir.ch

“There is always something to worry about. Avoid weekend thinking and ignoring the latest dire predictions of the newscasters. Sell a stock because the company’s fundamentals deteriorate, not because the sky is falling.” Peter Lynch