Je crois que si je reprends ma chronique d’hier et que je fais un copié/collé à cet endroit ; personne ne verra la différence. Les marchés américains sont en attente d’en savoir plus sur les taux et l’inflation – et a ENFIN réalisé le potentiel de l’annonce d’Apple et l’Europe est en difficulté parce qu’on a peur de la montée de l’extrême-droite et, surtout en France, on a peur de voir Bardella arriver à Matignon et privatiser tout ce qui lui passe sous la main. Ça, plus le fait que 100% de la classe politique française est en train d’expliquer à la population qu’il n’y a qu’eux qui peuvent sauver la France…Et comme on n’aime pas trop l’instabilité, la couleur d’hier, c’était rouge.

L’Audio du 12 juin 2024

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Pas facile de comprendre du premier coup

Mais avant d’aborder le côté européen, on retiendra qu’il aura fallu un peu plus de 24 heures pour bien comprendre le projet d’Apple sur l’IA. Il est vrai que ça n’est jamais simple de comprendre la totalité des tenants et des aboutissants d’un nouveau projet – mais autant lundi nous avions haussé les épaules en disant : « bof, c’est que ça !!!??? » – autant hier, il semblerait que la stratégie d’Apple ait fait son chemin dans nos connexions neuronales, à moins que ça soit l’IA elle-même qui ait pris la décision d’acheter. Peu importe la raison, Apple a explosé de 7% et ça n’était pas arrivé depuis des années. Le titre s’est envolé pour ne s’arrêter qu’à 35 milliards du titre de « plus grosse capitalisation boursière mondiale » détenu par Microsoft depuis quelques mois. Nvidia n’était pas dans la course, puisque l’action est dans le coma depuis son split de lundi.

Les explications pour la hausse d’Apple proviennent principalement du fait que les commentaires qui ont été fait après la présentation de lundi, étaient soudainement bien plus bullishs que ceux qui avaient été fait à chaud à la sortie de la séance. On commence à entrevoir le fait qu’installer OpenAI dans les smartphones de la marque va également pousser à une vague de remplacements de téléphones, que Siri pourrait également bénéficier de l’arrivée de l’IA pour s’améliorer et bouffer des parts de marché à Alexa de chez Amazon et puis, il y avait même un analyste qui estimait que les annonces de lundi étaient l’équivalent de la première présentation de l’iPhone en 2007. Autant vous dire que rien que ce genre d’encouragements suffisaient amplement pour qu’Apple redevienne le chouchou de la quote ne serait-ce que pendant une journée. Et quand Apple prend 7%, les indices n’ont pas d’autre choix que de battre de nouveaux records d’altitude, entraîné par la taille du mastodonte de Cupertino.

Le bordel

Pendant que les USA se regardaient le nombril avec Apple, on attendait aussi patiemment d’en savoir plus sur les visions de la FED. On sait tous que la FED ne fera rien ce soir, mais les marchés espèrent secrètement que Powell va nous glisser quelques indices au sujet de sa vision du futur et de ses ambitions sur la baisse des taux. Pour chauffer la salle, à 14h30, il y aura les chiffres du CPI qui devraient sortir à 3.4% en glissement annuel, c’est en tous les cas ce que les analystes attendent dans leur grande majorité. Et tout chiffre qui ne dépassera pas les 3.4% sera considéré comme encourageant pour ceux qui croient encore à la baisse des taux en 2024. On aura bien sûr oublié que l’on se tripote les neurones avec l’inflation de ces 12 derniers mois et que plus personne ne fait cas du fait que depuis 38 mois, les prix à la consommation sont en hausse de plus de 20% – de toute façon, ça fait mauvais genre pour le bilan des politiques et ça fout la trouille à tout le monde. Alors autant faire comme si on ne le savait pas et comme si on ne le voyait pas. Un peu comme les 63 banques régionales américaines qui sont au bord du gouffre – PIMCO l’a encore rappelé hier, mais TOUT LE MONDE S’EN FOUT, parce que tu comprends : « Apple ils font de l’IA ».

Mais pendant que nous étions occupés à saluer les records américains, l’Europe était en difficulté. La France reperdait 1.33% de plus, l’Allemagne terminait sur des niveaux techniques que l’on a intérêt à ne pas lâcher, l’Italie se vautrait de près de 2% et on commence à se demander si c’est la montée des extrêmes qui provoque ce vent de panique et d’insécurité ou si c’est simplement parce que quand tu vois le nombre de politicards à deux balles qui hurlent dans tous les sens depuis dimanche soir, essayant tous d’expliquer au peuple que c’est EUX qui détiennent la solution pour sauver le pays, ça donne en effet assez envie de tout vendre et de revenir sur le sujet le jour où on aura retrouvé un peu de stabilité mentale dans les cerveaux de certains élus. Et à voir le niveau de connerie de ces derniers, ça risque de prendre un peu de temps. Qu’ils soient de gauche ou de droite.

Macron, l’homme qui devait tout faire tout seul (et tout défaire)

Du côté de la France c’était tout spécialement épique. On a vraiment l’impression d’être dans un vaudeville où tout le monde serait complètement bourré. Depuis que le Roi de France a tenté d’éviter la décapitation dimanche soir en ordonnant la dissolution de l’Assemblée Nationale, le pays semble avoir plongé dans le chaos le plus total. La plupart des ténors de la politique, qu’ils soient de gauche ou de droite, sont tous en train de se présenter en sauveur du pays et s’érigent en solution ultime contre le Rassemblement National. Des femmes et des hommes qui ont – semble-t-il tous perdus tout sens de la dignité et qui pensent qu’en expliquant sur X ou sur France Inter, qu’ils vont régler tous les problèmes d’ici le 7 juillet. Même la majorité macronienne qui a piétiné l’opinion publique et méprisé le peuple depuis de années, ose revenir et se présenter comme « seule solution contre Bardella » et encouragent tout le monde à se rassembler autour d’eux pour faire barrage – ils seraient prêts à faire voter les animaux de la ferme si cela pouvait leur permettre de conserver leurs postes de Ministre.

Mais je ne suis pas là pour faire une analyse politique, ça prendrait trop de temps, on retiendra tout de même que toute la clique de gauche qui se haïssaient mutuellement il y a trois jours, sont tous en train de redevenir ami, même s’ils veulent tous être Premier Ministre, les Républicains, inexistants depuis que Sarkozy a commencé à collectionner les bracelets électroniques se déchirent entre eux et pensent être LA SEULE SOLUTION d’un côté comme de l’autre. Les clones de Macron passent leur temps à expliquer aux Français qu’ils n’ont rien compris et que le Président ne fait JAMAIS d’erreur et qu’ils sont LES MEILLEURS, même si les urnes leurs ont mis la déculottée de leur vie il y a 72 heures. Et il y a le RN qui a joue à domicile mais qui ne semble pas être non plus très à l’aise à l’idée de devoir gouverner dans 3 semaines et qui ont toutes les peines du monde à voir plus loin que le 30 juin.

Cet état de fait, fait douter les investisseurs qui étaient pourtant tellement convaincus il y a encore un mois. Moody’s exprime ses craintes au sujet de la dette. On parle de nouveau downgrade et le spread entre la dette française et allemande est en train d’exploser. Les banques se font démonter tous les jours, les médias aussi, sans compter tout ce qui récupère du pognon via les péages des autoroutes. On craint les privatisations, même si on imagine assez mal que Bardella puisse privatiser la moitié du CA40 d’ici la rentrée scolaire. Bref, on n’aime pas l’instabilité dans le monde de la finance et la décision qui a été prise par le Roi de France dimanche soir aura eu au moins le mérite de déclencher un merdier sans nom et de montrer le vrai visage de hyènes de certains politiques français. On espère juste que ça ne va pas trop durer, même si techniquement le CAC pourrait allégrement baisser jusqu’à 7500 et le DAX pourrait même aller à 17’145 comme indiqué par le Loup de Zürich hier…

Graphique du DAX – Source : Tradingview.com – Analyse « Le Loup de Zürich »

L’Asie et le CPI

Ce matin l’Asie est dans le rouge en attendant les chiffres. On dirait que la prise de risque n’est pas notre qualité première en ce moment. Le Nikkei est en baisse de 0.6% et Hong Kong recule de 1.38%, la Chine ne fait rien après avoir annoncé un CPI en hausse pour le quatrième mois consécutif. Pour le moment, on va dire que tout le monde attend ce soir et qu’il n’y a pas de raison de prendre plus de risques que cela à quelques heures du CPI et de la FED. On notera d’ailleurs, pour ceux qui sont férus de statistiques, que lorsque le CPI et la FED publient le même jour, en général les marchés montent. Et il faut également retenir que depuis 8 mois, à chaque publication du CPI, les marchés sont systématiquement plus hauts le 48 heures après. En gros, à la moindre faiblesse, il faut acheter. Enfin, en théorie.

Pour le reste, le pétrole est à 78.44$, l’or à 2’330$ et le Bitcoin n’est toujours pas à 100’000$. Autrement, Bruxelles va imposer des tarifs douaniers massifs aux voitures électriques chinoises. Les Allemands n’étaient pas d’accord, mais priorité à l’Europe et puis de toutes façons, qui veut encore acheter une voiture électrique ? et chinoise qui plus est. Mis à part ça, Broadcom va publier ses chiffres trimestriels en plus de la FED et du CPI. La Norvège a découvert le plus gros gisement de métaux rare d’Europe. Tant mieux, on pourra faire des batteries. GameStop a repris 23% hier soir et GM a annoncé un programme de rachat d’actions. Bref, maintenant on attend le CPI, la FED et on peut s’occuper en allant sur X pour voir comment un politicien en panique se comporte.

Passez une excellente journée, n’oubliez pas de vous abonner à la newsletter du site investir.ch et si jamais, dès 13h00, vous pourrez assister au Swissquote Trading Day en direct sur la chaîne Swissquote en français sur YouTube, je serai dedans…

À demain pour plus de décorticage financier et pour plus de trahisons politiques…

Thomas Veillet
Investir.ch

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