Le début d’un rattrapage boursier? Probablement oui.

Depuis début mai, les indices suisses surperforment les indices européens. Le recul du CHF est une explication, avec la baisse surprise du taux de référence par la BNS en mars. Mais la principale raison est la surperformance globale des secteurs Santé et Consommation de base, après deux années de sous-performance par rapport aux secteurs cycliques. Dans ce contexte, Nestlé et Roche devraient afficher des performances boursières plus solides. Le segment des petites et moyennes capitalisations boursières est en retard et il ne montre pas pour le moment des velléités de reprise.

2024.06.07.Performance relative SPI vs Euro Stoxx

En avril, les exportations horlogères suisses ont bondi de 4.5% à CHF 2,2 milliards. Une surprise. Les exportations vers les US ont progressé de 11.6%à CHF 338.7 millions, vers la Chine de 8.7%, vers Hong Kong 7.9% et vers le Japon de 8%. Les montres en acier reculent de 2%, alors que les autres métaux (hors métaux précieux) bondissent de 23.7% et les montres en plastique de 16.2%. Le segment avec des prix supérieurs à CHF 3’000 s’est bien comporté, un segment protégé de l’inflation. Le parcours boursier de Richemont est haussier avec une probabilité d’accélération vers les CHF170. Swatch reste toujours déprécié et le cours de son action n’a pas profité de la hausse surprise des exportations horlogères.

L’industrie européenne évalue le risque chinois, qui concerne, entre autres, ABB et Accelleron, avec la réduction volontaire des capacités de production en Chine, le déstockage, la faible hausse des prix domestiques et la baisse du yuan. L’automation, la robotique et l’électrification sont concernées. ABB a une exposition importante dans l’industrie automobile chinoise. Pour le moment, les Etats-Unis représentent le meilleur environnement pour les sociétés européennes. Avec la réindustrialisation des pays occidentaux, les investissements dans l’automation industrielle sont importants, et l’IA est venu s’insérer dans ces projets. L’IA va permettre aux robots et à l’automation d’effectuer de nouvelles tâches plus complexes et réduire la cyclicité des profits des équipementiers.

L’économie suisse a, contre toute attente, maintenu sa dynamique au T1 en ce qui concerne les services et la consommation privée, tandis que les inquiétudes concernant les difficultés sur les exportations persistent. Le PIB a augmenté de 0,3% par rapport au trimestre précédent. C’est plus fort que l’estimation initiale du gouvernement de 0,2 %. Alors que les exportations pèsent sur l’industrie suisse, le faible taux de chômage soutient la consommation, notamment dans les services. Les exportations devraient également bénéficier du taux de change. Le CHF est en baisse depuis le début de l’année et la politique monétaire de la BNS pourrait encore peser sur la devise, même si le CHF a récemment rebondi suite aux commentaires moins accommodants du président de la BNS, Jordan, qui a souligné que le plus grand risque d’une hausse de l’inflation provenait d’un CHF plus faible.

L’inflation globale en Suisse a atteint 1,4% en avril contre 1% en mars. Ce chiffre était supérieur aux attentes du consensus de 1,1%. Le chiffre de base a également augmenté à 1,2%. Les plus grandes surprises haussières sont venues des prix des produits alimentaires et des biens de base. Néanmoins, les contributions des biens de base sont restées négatives, et elles continueront de peser à la fois sur le résultat global et sur le chiffre de base. Plus important encore, l’inflation dans les services est restée inchangée à 2%, soutenue par de légères pressions à la hausse provenant des prix des voyages. C’est une grande différence avec les autres économies développées.

La Suisse a émis pour 20,6 milliards de CHF d’obligations cette année. Le volume des émissions a diminué de 31% par rapport à la même période l’an dernier. Le mois de mai a néanmoins été relativement dynamique avec plus de CHF 9 milliards d’émissions, dont 8,5 milliards d’émetteurs suisses. Comme tous les marchés obligataires développés, le marché suisse a connu un mois de mai agité. Bien qu’il ait été plus résilient que le marché américain ou européen, les taux longs ont bondi de 20pbs au cours du mois. À 0,95%, le taux suisse à 10 ans retrouve ses niveaux de mi-février, les plus hauts de l’année. C’est à nouveau attrayant.

Cette année, les fonds immobiliers affichent une performance de plus de 5,0% avec un agio de 18%, proche de sa moyenne de long terme. Les fonds immobiliers semblent avoir retrouvé leur stabilité. Les fonds immobiliers indirects bénéficient de l’évolution positive des loyers et de la stabilité économique en Suisse. La baisse des taux de la BNS a encore amélioré les perspectives. De plus, la faible activité de construction entraîne un manque d’offre qui a un effet stabilisateur sur les prix et les loyers. La pénurie de logements sur le marché locatif a entraîné une hausse des loyers de 4,7% en 2023 et une baisse du taux de vacance à 1,15% en 2023. Cette tendance se poursuivra en 2024. Les dernières augmentations de capital montrent que la demande est de retour. Au total, 6 augmentations de capital ont eu lieu cette année pour un total de CHF 430 millions. D’autres se préparent. L’allocation des fonds de pension est retombée à 23 % en mai 2024, soit un recul de 5 points de pourcentage depuis son pic du T3 2022. L’arbitrage s’est fait au profit de l’obligataire avec le retour de taux nominaux positifs et une réduction du risque de liquidité. Les immeubles commerciaux ont des taux de vacance élevés. Les perspectives restent difficiles en raison de tendances structurelles (évolutions du marché du travail, achats en ligne, incertitudes économiques et besoins futurs). Cette dichotomie se reflète également dans les agios. Sur les fonds immobiliers résidentiels, l’agio s’élève à 27%, tandis que les fonds immobiliers commerciaux affichent un agio de seulement 6%.

 

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