On le sait tous, depuis quelques mois, le jeu est de savoir quand est-ce que les taux vont baisser. Un chiffre du CPI ou du PCE à attendre sur la semaine et on est content, on peut se permettre de faire les prévisions les plus folles et comme tout le monde a un avis sur ce qui va sortir et quelles en seront les conséquences, c’est vraiment très ludique. Ça ne sert souvent à rien, parce que l’on change d’avis le lendemain, mais ça a le mérite de nous occuper les journées. La semaine dernière on a parlé de l’inflation dans tous les sens et cette semaine, ça sera donc la semaine de l’emploi et aussi un peu de la BCE, puisque les Européens, EUX, ils vont baisser les taux.

L’Audio du 3 juin 2024

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Début de semaine en mode révision

La semaine qui vient de se terminer aura donc été une semaine durant laquelle nous aurons beaucoup hésité et beaucoup interprété le fait que le PIB américain ralentisse. La question est tout de même de savoir si c’est bien de voir l’économie ralentir parce que Powell il va baisser les taux. Ou si c’est inquiétant, parce que si l’économie ralenti et que Powell ne baisse pas les taux assez vite, on pourrait aussi bien se retrouver en zone de récession. Et pire, si l’économie ralenti et si Powell baisse les taux et que l’économie ne repart pas assez vite, on pourrait aussi se retrouver en stagflation. Mais ça on ne peut pas dire parce que c’est pêché.

Toujours est-il que chacun se demande ce qu’il faut faire des chiffres de la semaine dernière et si cela est suffisamment rassurant pour se dire que ça va bien se passer. Le PCE, qui est sorti vendredi aura rassuré tout le monde sur le fait que l’inflation est presque sous contrôle, puisque les données publiées étaient en ligne avec les attentes et que, du coup, le camp des « Powell il va probablement entamer la baisse des taux en septembre », récoltait quelques voix supplémentaires histoire de bien finir le week-end. Pourtant, lors de l’annonce même des chiffres, le marché s’est enfoncé dans le rouge, pour aller même se poser en-dessous des 5’200 sur le S&P500. Pendant un bref instant, nous avons presque cru que la semaine allait se terminer au plus bas et que ça ne sentirait pas bon ce lundi. C’était sans compter l’arrivée d’un raz-de-marée acheteur sur l’indice qui remonté le marché US en 30 minutes avant la clôture. Un peu comme si un énorme intervenant avait décidé de changer de direction à 30 minutes du week-end.

La semaine à venir

En tous les cas, la semaine dernière nous avons eu notre lot d’interrogations et pour être franc, je n’ai pas l’impression que nous soyons sortis plus intelligents de ces quelques publications. Le doute est toujours bien ancré en nous, mais en même temps, ça n’est vraiment pas simple de faire baisser ce marché. Il faudra tout de même retenir que nous avons assisté à plusieurs discours de banquiers centraux et qu’ils ne sont pas vraiment dans le camp des Dovish’s – la plupart, pour ne pas dire la majorité, sont extrêmement prudents et ne semblent pas à l’aise de voir que l’inflation ne veut pas vraiment ralentir alors que l’économie, elle, semble assez partante pour lâcher du lest et partir en vacances. N’oublions pas tout de même, que Neil Kashkari, patron de la FED Minneapolis, pense même qu’il se pourrait que la FED soit obligée de MONTER les taux, avant toutes choses. On n’aime pas trop le dire, parce que ça fait un peu mal, mais il l’a tout de même exprimé la semaine dernière.

D’ailleurs, la couverture du Barron’s de ce week-end, c’est quand même Jerome Powell en grand avec le titre « POURQUOI IL NE VA PAS BAISSER LES TAUX CETTE ANNÉE ». Alors ça n’est pas parce que le Barron’s estime que la thématique de la baisse des taux est pliée pour cette année que c’est le cas, mais comme ce marché est fait d’influences et d’interprétations, on ne peut tout de même pas négliger l’information. Début janvier, nous étions partis pour une avalanche de baisses durant l’année et plus les mois passent, plus nous sommes dans l’acceptation de n’en voir qu’une ou deux cette année. Alors pour être franc, si l’on devait se retrouver à ZÉRO baisses de taux en 2024, ça n’est pas certain que cela change la face du monde – surtout que les bourses sont au plus haut de tous les temps et que nous sommes parvenus à monter sur des promesses, on pourrait même être capables de continuer à monter sur des ESPOIRS de voir baisser les taux un jour, en espérant simplement que nous allons avoir un soft landing et pas un autre terme économique que l’on ne maîtrise pas du tout.

La BCE en leader

Quoi qu’il en soit, la semaine qui nous attend sera principalement placée sous le signe de l’emploi, puisque nous aurons les « jobs opening » demain, les chiffres de l’ADP mercredi, les Jobless Claims jeudi et l’on terminera la semaine par les Non Farm Payrolls qui sont attendus à 178’000. Nous aurons largement de quoi nous triturer les méninges au sujet de taux et changer d’avis au moins 5 fois sur la date probable de la première baisse selon Powell. Sans pour autant se demander si ces chiffres sont fiables. Mais puisque la baisse des taux est LA chose qui nous préoccupe ces derniers temps, les prochains jours seront passionnants. Passionnants, parce que nous allons attendre jeudi pour assister à la première baisse des taux depuis la nuit des temps.

Baisse qui sera annoncée par Madame Lagarde et qui sera surtout scrutée pour savoir si elle va continuer à baisser en juillet ou si elle va exprimer sa méfiance et appeler à la prudence ces prochains mois. Ces derniers jours, si les membres de la FED américaine étaient prudents et ne se montraient pas pressés de baisser les taux trop vite, les membres de la BCE se sont montrés enthousiastes à l’idée de baisser les taux cette semaine, mais ils ont des doutes pour la suite, parce que les derniers chiffres de l’inflation en Europe, montrent que ça repart gentiment à la hausse. Alors ça ne veut pas dire que le cycle est en train de changer, mais disons que la plupart des membres de la BCE estiment qu’il est urgent d’attendre pour voir si la baisse des taux de ce jeudi ne va pas tout simplement souffler sur les braises d’un feu qui ne demande qu’à repartir – le feu de l’inflation.

C’est lundi

Nous voici donc au début d’une nouvelle semaine qui aura pour thème : « quid des taux et de l’inflation ». J’avoue que le titre n’est pas très original, puisque c’est le thème dans lequel nous sommes depuis la fin du mois d’octobre dernier et que l’on est en train de se demander si nous ne serons pas toujours dedans le 31 octobre 2024. Néanmoins, ce matin l’Asie est au bord de l’AVC tellement l’euphorie de la baisse des taux leur prend la tête et tellement Nvidia leur chauffe le secteur techno. Les indices asiatiques sont fortement en hausse ; le Nikkei avance de 1.14% et le Hang Seng est en hausse de 2.35%. La Chine est en baisse et vit toujours dans son propre monde. Pourtant les chiffres du PMI chinois de ce matin étaient légèrement plus forts que les attentes.

L’enthousiasme asiatique est principalement drivé par le fait que « les taux ils vont baisser en occident » et aussi parce que Nvidia continue de surfer sur la voie du succès en annonçant l’arrivée d’une nouvelle version de ses chips dévolues à l’intelligence artificielle parce que – je cite : la demande est énorme. Tout le monde est donc chaud-bouillant sur la thématique (comme si on ne l’était pas avant) et l’Asie entame la semaine résolument dans le vert. Le pétrole est à 76.94$ et ne sait plus monter depuis que la paix est revenue au Moyen Orient – en tous les cas que ce n’est pas pire depuis vendredi – pourtant l’OPEP a décidé de continuer à réduire sa production l’année prochaine encore, il semblerait que plus personne ne consomme de pétrole depuis quelques jours. L’or est à 2341$ et le Bitcoin à 68’200$, réveillez-moi quand il sera à 100’000$.

Les nouvelles du jour

Pour ce qui est des nouvelles du jour, pour le moment ça se résume à LA nouvelle du jour qui occupe la plupart des médias financiers en ce lundi matin, et ça n’est pas le fait que Bruno Le Maire a sauvé l’économie française à lui tout seul à la force de ses petits bras musclés – sans parler du reste – mais pour ça il faut lire son livre pour adultes. Non, la nouvelle du jour c’est que Roaring Kitty, la pierre angulaire de la folie de Memes Stocks, le gars qui a une tenue vestimentaire inspirée à 50% des Village People et à 50% par Véronique et Davina a annoncé détenir une position en GameStop qui frise les 180 millions de dollars. Selon ce qu’il a publié sur les réseaux, il détient près de 110 millions en actions et 65 millions en calls GameStop strike 20 avec une échéance au 21 juin de cette année. Pour faire simple, il a remis au goût du jour la stratégie du « All In » et si Game Stop se traite au-dessus de 30$ le 21 juin, il sera très riche. Ou plus si affinité.

Inutile de dire que pour fêter ça, GameStop se traite déjà en hausse de près de 20% – plus c’est pas possible parce que le système de trading qui permet traiter en dehors des heures d’ouvertures est limité à des hausses de 20%. L’ouverture devrait se faire autour des 27.58$. La question que l’on peut se poser – ou plutôt LES QUESTIONS que l’on peut se poser sont :

1) Les Memes Stocks sont-ils de retour ENCORE UNE FOIS ???
2) MAIS QUE FOUT LA SEC dans ce genre de moments ???

Et puis nous allons terminer avec le « fun fact du jour » : le 26 juin, META va payer un dividende de 50 cents à ses actionnaires. Le 26 juin, Mark Zuckerberg va encaisser 172 millions de dollars de dividendes. Pas facile d’être milliardaire.

Les chiffres du jour

Côté chiffres, il y aura l’ISM Manufacturing, des PMI’s un peu partout, le construction spending, les ventes de voitures et il y a une conférence à Taïwan durant laquelle le CEO de Nvidia, celui d’AMD et celui de Microsoft devraient parler. On ne sait jamais. Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.3% et on semble repartit pour aller rechercher les plus hauts de tous les temps en attendant que la BCE fasse sont office et que l’emploi nous donne des pistes.

Pour le reste, nous sommes lundi et il paraît que l’on va avoir deux jours de soleil cette semaine. Ça paraît aussi utopique que de voir les taux baisser aux USA ; mais on peut rêver… Autrement, ce soir il y a webinaire chez Swissquote, webinaire durant lequel vous retrouverez Marco Rastaldi et moi-même.. ça commence à 18h. On va parler portfolio management et puis vous pourrez poser toutes les questions qui vous passent par la tête. Les inscriptions sont ici :

Inscription Webinaire 

Et puisque nous en sommes aux annonces, notez également que le 12 juin 2024 se tiendra le Swissquote Trading Day – cette année nous serons à Lausanne et j’aurais le plaisir de vous y accueillir toute la journée – il y a aura des conférences, comme d’habitude, avec plein d’invités qui viendront partager leur expérience. Les inscriptions, c’est ici :

Inscription Swissquote Trading Day

Soyez rassurés, car même si vous ne pouvez pas être sur place, il y aura un live sur YouTube et tout sera enregistré.

Nous sommes lundi et c’est reparti pour un tour. Excellente journée à tous et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Investing is a business where you can look very silly for a long period of time before you are proven right.” Bill Ackman