Si vous prenez votre retraite dans quelques années, vous vous trouvez au bon endroit! À l’aune de ce changement de vie, il n’est pas toujours évident de savoir quoi faire et par où commencer. Budget, AVS, 2e pilier, dette immobilière, 3e pilier, inflation, succession… Afin de vous préparer sereinement, je vous propose ici une réflexion qui peut vous servir de base pour appréhender au mieux cette période.

Ma principale suggestion est vous faire accompagner par un gestionnaire de fortune ou un conseiller financier afin de planifier correctement les prochaines années. Il vous aidera à définir vos besoins financiers et pourra établir un plan d’investissement.

Si vous prévoyez de retirer tout ou partie de votre 2e pilier, et que l’aspect de gestion d’actifs est nouveau pour vous, n’attendez pas pour rencontrer un gestionnaire de fortune.

Revenu vs Capital

Jusqu’à aujourd’hui vous ne pouviez dépenser plus que ce que vous gagniez. À partir de demain, ce sera toujours le cas… mais si vous optez pour le capital de votre 2e pilier, l’approche différera. Vous allez en effet recevoir une vie d’épargne sur votre compte faisant peut-être naître chez vous la tentation de piocher plus que de raison les premières années de retraite. Que vous planifiiez de retirer 300’000.- francs, 500’000.- francs, un million de francs ou plus, votre risque principal est de mal appréhender l’utilisation de cette épargne et de vous retrouver avec l’unique AVS en seulement quelques années.

Ce capital doit vous servir de nombreuses années! Si l’on s’en tient aux statistiques, l’espérance de vie «à la naissance» atteint 85 ans pour les femmes et 81 ans pour les hommes. Partant, le calcul est simple: une femme ou un homme qui prend sa retraite «légale» à 65 ans devra au minimum planifier la consommation de son capital sur respectivement 20 et 16 ans.

Petite subtilité, nous parlons de l’espérance de vie «à la naissance», mais réjouissez-vous, car dans les faits, plus l’on vieillit, plus on vit vieux. En bref, l’espérance de vie s’étend avec l’âge. Les femmes qui atteignent l’âge de 65 ans ont toutes les chances d’atteindre les 87 ans tandis que les hommes présentent une espérance supérieure à 84 ans. Rallongeant d’autant le besoin de financement de la retraite.

Ajoutez à cela une retraite anticipée, à 60 ans par exemple, et votre capital devra vous servir presque 30 ans…

Mener une réflexion et établir un budget

En premier lieu, vous devriez engager une réflexion sur vos souhaits. Vous n’êtes pas contraint de tout définir à l’avance ! Vous trouvez ici une liste non exhaustive de questions qu’il peut être utile de se poser:

  • Quel lieu de vie et quel style de vie cherchez-vous?
  • Si vous êtes propriétaire et que vous désirez le rester, vous devriez calculer le niveau de dette hypothécaire que vous pourrez conserver.
  • Si vous êtes locataire ou que vous souhaitez le devenir, anticipez les coûts d’une location. Il peut être pertinent de vendre votre logement, de placer cet argent et d’en utiliser les fruits pour payer votre loyer. Ce capital sera simplement ajouté à votre patrimoine existant.
  • Vais-je rejoindre une association, ou continuer de travailler à taux réduit?
  • Quels voyages vais-je enfin pouvoir réaliser?
  • Est-ce que je peux aider mes enfants ou petits-enfants par des donations?
  • Puis-je me permettre de retirer le capital de mon 2e pilier?
  • Comment structurer ma fortune afin d’obtenir des revenus réguliers et sûrs?

vous de maintenir votre train de vie actuel… vous pourrez décider plus tard.

La seconde étape revient à établir un budget. Ne vous en faites pas une montagne. Par expérience, j’observe que mes clients conservent à peu de choses près le train de vie précédent. Les revenus de retraite sont généralement inférieurs de 20% aux revenus du travail précédent et peuvent même atteindre -30%, -40% ou moins.

Cela dépend de l’épargne que vous avez constituée durant votre vie de travail et de la qualité de votre 2e pilier. Remarquez toutefois que les charges sociales disparaissent et que la facture d’impôts baisse même si ce n’est pas autant que l’on peut espérer…

Par simplicité, vous pouvez vous baser sur votre train de vie actuel. En établissant votre budget, vous pourrez plus facilement identifier et cibler vos priorités. Vous en trouvez un exemple ici.

Encore une fois, faites-vous accompagner par un professionnel qui pourra vous aider à y voir plus clair.

L’AVS

Vous pouvez puiser de nombreux articles sur le premier pilier ici. Je noterai simplement que l’AVS démarre à l’âge de la retraite légale soit 65 ans. Vous pouvez demander à votre caisse de compensation une simulation ou à tout le moins un relevé afin de calculer votre droit à la retraite.

Si vous ne souffrez d’aucune année de lacune, vous toucherez un montant mensuel compris entre CHF 1’225.- et 2’450.- sur 12 mois puis 13 fois dès décembre 2026.

Vous pouvez anticiper votre rente d’une ou deux années, ce qui a pour effet de réduire à vie la somme perçue chaque mois de respectivement 6.8% et 13.6%.

En prenant une retraite anticipée à 58 ou 60 ans, vous devrez inévitablement cotiser à l’AVS jusqu’à votre prise de retraite effective. Ce sont vos revenus et le niveau de votre fortune qui définisse le montant de la contribution. Par exemple, une fortune d’un million de francs vous oblige à cotiser environ CHF 2’000.- par année à l’AVS. Comptez cette dépense dans votre budget.

Petit aparté: si vous y avez le droit, pensez à demander vos pensions de l’étranger ! France, Allemagne, Italie, Amérique…

Vos capitaux de 2e et de 3e pilier

Je pars ici du principe que vous retiriez tout ou partie de votre capital de 2e pilier. Attention, cette solution n’est pas permise à tous et encore une fois, je ne saurai que trop vous recommander de vous faire accompagner par un professionnel: c’est sans aucun doute le bon moment pour approcher un conseiller financier qui calculera vos besoins et structurera votre épargne afin de dégager longtemps des revenus sûrs.

Vos capitaux de 2e et de 3e piliers vont rejoindre le reste de votre fortune. Vous appréhenderez plus simplement cette étape si vous gérez déjà tout ou partie de votre patrimoine.

Toutefois, et dans le cas où vous gériez seul vos avoirs: pensez qu’à partir de maintenant vous devrez tirer un rendement régulier de votre portefeuille sur un temps long. La gestion des échéances devient primordiale et une planification minutieuse est de mise. On ne s’improvise pas gestionnaire de fortune. La question de la gestion de ses émotions est aussi à considérer. Warren Buffett nous définit nous-mêmes comme notre propre ennemi: la cupidité, la peur et l’ego sont des travers qui peuvent rapidement nous emmener à prendre de mauvaises décisions en phases de marché difficiles.

En tant que conseiller financier et gestionnaire de fortune, je me réjouis de votre prochain contact. Je pourrais vous aider à y voir plus clair notamment sur les revenus que vous pouvez espérer de votre capital de 2e pilier.

Vous devrez également garder un œil sur la dette immobilière et les échéances de remboursement. Le montant d’hypothèque  «autorisée» par le prêteur est conditionné aux rentes que vous percevrez et à votre patrimoine global. Passé 65 ans, les établissements prêtent généralement deux tiers de la valeur du bien mais ce peut être plus ou moins en fonction de votre situation personnelle.

Il convient également de rester prudent en incluant une marge de sécurité et de manœuvre dans votre budget et dans votre fortune par rapport aux coûts de la dette (hausse des taux d’intérêts) et à de futurs gros travaux…

Inflation et conclusion

En guise de conclusion, j’aimerai aborder la question rarement traitée de l’inflation. Historiquement, du moins depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le renchérissement se monte en moyenne à 2% l’an. Votre planification financière devrait intégrer cette incidence.

Ce chiffre de 2% peut paraître ridicule mais il ne l’est pas. Au début de l’article nous évoquions une retraite de presque 30 ans. Retenez qu’un besoin annuel de CHF 100’000.- au premier jour se transforme en 120’000.- après 10 ans, puis grimpe à 150’000.- la vingtième année. Vous devrez compter quasiment le double (180’000.-) dans 30 ans.

La prudence demeure encore une fois de mise. Vous pouvez planifier ce renchérissement dans vos calculs ou mesurer vos gains nets d’inflation en considérant par exemple 4% de rendement annuel alors que vous atteignez en réalité 6%…

La réflexion reste la même pour la personne qui décide irrationnellement (voir Warren Buffet et la peur) de ne pas placer son argent. En pouvoir d’achat, une rente de 100.- aujourd’hui vaudra 82.- dans 10 ans, 67.- dans 20 ans et 54.- dans 30 ans.

Notez enfin que l’inflation de la décennie 1970 s’élevait en moyenne à 5% l’an et que vous ne devriez pas trop vous fier aux statistiques officielles largement politisées… mais c’est un autre sujet.

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