Deuxième jour de la semaine boursière et toujours rien. Rien de passionnant, puisque tout le monde attend ce soir. Les Minutes du dernier FOMC Meeting d’abord, puis les chiffres de Nvidia. Une fois que l’on aura pris connaissance de ces deux informations, nous pourrons à nouveau tirer des plans sur la hausse des marchés – histoire de voir si on peut aller à 6'000 encore cette année, ou si nous devons d’abord passer par les 4'200 – objectif confirmé par JP Morgan. Mais nous pourrons aussi nous exciter sur le nombre de baisses de taux à venir, puisque l’on change d’avis sur le sujet à peu près toutes les 5 minutes. Mais en attendant tout ça : qu’est-ce qu’on s’emmerde !

L’Audio du 22 mai 2024

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Paroles, paroles, paroles…

Si l’on regarde les performances de la journée, on notera que l’Europe termine MODESTEMENT en baisse, alors que les USA terminent MODESTEMENT en hausse. Il faut dire que nous n’avons pas été submergés par un tsunami de grandes nouvelles qui auraient pu nous refaire la journée. La principale activité aura donc été d’écouter religieusement les gens de la FED qui parlaient hier. Et il y avait du monde qui parlait. Et ils n’étaient pas tous « hypermotivés » pour baisser les taux. C’était même tout le contraire. Si l’on doit faire la liste des déclarations, on pourrait retenir que :

– Le Vice-Président de la FED, Michael Barr estime que : « Les chiffres de l’inflation au premier trimestre de cette année ont été décevants et ne m’ont pas donné la confiance que j’espérais y trouver pour soutenir un assouplissement de la politique monétaire. » – on peut clairement dire que là tout de suite, il ne va pas voter pour une première baisse des taux en juin.

– Ensuite, il y a Christopher Waller, un des membres de la FED qui est considéré comme « des plus influents », qui estimait que les progrès fait par l’inflation étaient plutôt médiocres et peu encourageants. Il estime même que si l’inflation était un élève en âge d’être scolarisé, il lui aurait collé un C+ comme note. Il estime aussi qu’il faudrait « PLUSIEURS MOIS DE BONS chiffres économiques avant de commencer à agir ». Là aussi, on n’a pas l’impression que Waller soit pressé de baisser les taux au vu de l’état actuel de l’économie et puis je ne suis pas certain que le marché ait la patience d’attendre plusieurs mois pour enfin avoir des certitudes.

– Quant à Mary Daly, qui est la patronne de la FED de San Francisco, elle déclare tout simplement qu’elle n’est pas convaincue que l’inflation se rapproche de la cible des 2% désirés. Autant dire que les « speakers » de la journée n’étaient pas dans le camp des colombes et ne donnaient pas l’impression de vouloir rassurer le marché.

Mais c’était sans compter notre passion pour l’optimisme, puisque malgré ces commentaires que l’on aurait pu qualifier de HAWKISHS, les indices ont terminé en hausse et les sondages laissent toujours entrevoir une baisse des taux en septembre à plus de 65% de probabilités. Bon, on sait que les prévisions sur les baisses de taux ne valent pas tripette cette année – puisque nous avons la fâcheuse habitude de tourner la veste tous les 15 jours sur le sujet et de continuer à marteler nos convictions ensuite, comme si notre « track-record » était impeccable sur le sujet. Pourtant on est mauvais, on est mauvais… il faut aussi savoir l’assumer et le reconnaître. Enfin, il faudrait l’assumer et le reconnaître. Ce que nous ne faisons pas, puisque l’on persiste à changer d’avis en pensant que « CETTE FOIS C’EST LA BONNE ». Bref, hier les banquiers centraux étaient prudents et pas pressés de baisser les taux. Mais les marchés s’en tamponnaient le coquillard comme de leur première chemise. La seule chose qui nous obsède, c’est les Minutes de la FED et les chiffres de Nvidia.

La FED c’est du passé

En ce qui concerne les Minutes, on ne sait pas trop à quoi s’attendre, mais disons que peu importe ce qui s’est dit derrière les portes closes de la Réserve Fédérale entre le 30 avril et le 1er mai. Il faut surtout retenir que DEPUIS ce meeting, il y a eu une AVALANCHE de chiffres qui avaient de quoi faire réécrire plusieurs fois lesdites minutes si l’on avait eu l’information auparavant. Ce que je veux exprimer ce matin, c’est que le marché attend des informations qui proviennent du passé et qui sont probablement obsolètes puisque depuis il y a eu des NON FARM PAYROLLS plus faibles que les attentes et qui montrent un ralentissement de l’emploi, des ventes de détails qui ralentissent et un PPI plus fort que prévu et le PPI du mois dernier qui a été revu à la baisse et un CPI moins fort que le mois précédent pour la première fois depuis début 2024.

En résumé : peu importe ce que les banquiers centraux pensaient dans la nuit du 30 avril au 1er mai, avec ce qui nous est tombé sur la tronche depuis, il est peu probable qu’ils penseraient la même chose aujourd’hui. Mais je ne veux gâcher le plaisir de personne en disant que les Minutes d’aujourd’hui ne sont que du pipeau qui n’ont pratiquement plus aucun lien avec la situation actuelle – le marché a TELLEMENT envie de les décortiquer avec passion et d’en tirer des conclusions qui ne servent à rien. Laissons-le donc s’exciter sur la chose.

Pile ou face

Au-delà des Minute, l’autre centre d’intérêt qui a le pouvoir de changer le monde et de faire remonter la volatilité, c’est la publication des chiffres du premier trimestre selon Nvidia. Alors là on ne va pas se mentir, la quasi-totalité du marché s’attend à des chiffres meilleurs que les attentes, la question est juste de savoir : « MEILLEURS DE COMBIEN ??? ». Là tout de suite, Nvidia aura fort à faire pour satisfaire les attentes monumentales du marché. L’action du Roi de l’IA a explosé de 91% depuis le 1er janvier, de 200% sur les 12 derniers mois et de 500% depuis l’avènement de Chat GPT en novembre 2022. Il y a une éternité.

Là tout de suite, voici ce que le bien-nommé CONSENSUS attend :

Chiffre d’affaires : 24,69 milliards de dollars
Bénéfice par action : $5.34
EBITDA, autrement dit : « bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement » : 16,74 milliards de dollars

Mais au-delà de ce que Nvidia va sortir comme chiffres, il faudra aussi tenir compte de la conférence de presse post-publication qui aura le pouvoir de transformer l’avenir des marchés. En effet, on a le sentiment que quoi qu’il arrive ça va bouger fort. Selon certains sites, les intervenants s’attendent à un mouvement de plus ou moins 8% dans un sens comme dans l’autre. Il ne nous reste donc plus qu’à attacher nos ceintures et on y verra plus clair jeudi matin. Hier soir, Nvidia a terminé sa séance à 953.86$, soit au plus haut de tous les temps. Pourvu que ça dure. Ou pas.

Regarder devant

Ce matin en Asie, on fait comme le reste du monde : on attend les Minutes et Nvidia. Tokyo est en baisse de 0.5%, pendant que Hong Kong et la Chine ne font strictement rien. On a vraiment l’impression qu’on est posé sur un banc et que tant qu’on n’a pas plus d’informations, on ne bougera pas. Ni dans un sens, ni dans l’autre. Du côté des matières premières, l’or est à 2418$ et le pétrole se traite à 78.08$. À propos du baril, il faudra retenir aussi que Biden vient d’annoncer la libération d’un million de barils de la réserve stratégique avec pour but avoué de faire baisser le prix de l’essence avant l’été. Ce million de barils était la réserve prévue en cas de catastrophe naturelle, pas une réserve pour soutenir l’effort électoral du grabataire de la Maison Blanche. Grabataire qui est d’ailleurs persuadé qu’il était Vice-Président pendant la période du COVID. Le gars est complètement sénile et ça ne choque même plus personne. Mais là n’est pas le sujet : La Maison Blanche veut faire baisser le prix de l’essence pour l’été et gratter des votes pour l’automne.

Côté cryptos, le Bitcoin est juste sous les 70’000$ et l’Ether attend son ETF autour des 3’800$. On notera encore que pendant qu’il ne se passe rien sur les marchés, les grands gourous essaient de placer leurs pions. Hier nous avons Jeffrey Gundlach qui a répété que LA RÉCESSION arrive ! Elle arrive quelque part dans les 18 prochains mois, mais elle arrive. Il y a aussi le stratège de Citi qui pense que l’économie se prépare un Hard Landing de derrière les fagots et que la FED devrait baisser les taux 4 fois d’ici la fin de l’année. Ben, va falloir se magner parce qu’il ne reste plus que 5 meetings de la FED avant la fin de l’année et qu’apparemment, on peut déjà oublier le Meeting de juin pour baisser les taux. À moins que le PCE de la semaine prochaine nous implose à la figure. Hier il y avait aussi Kolanovic, le stratège de JP Morgan et le seul stratège de Wall Street avec un target sous les 5’100. L’homme de main de Dimon pense toujours que le S&P va à 4200 et il l’a encore répété hier : les actions ne sont pas un investissement rentable actuellement, c’est trop cher et ça DOIT baisser. Personne ne l’écoute, mais il reste droit dans ses bottes et fermement convaincu.

Ici et ailleurs

Pour le reste des nouvelles, on retiendra que le patron d’Unicredit en Italie est d’accord avec Macron (ça fait au moins une personne en plus de Gabriel Attal), il estime qu’il faut plus de deal dans le secteur bancaire. C’est une bonne idée, il faut regrouper les grosses banques pour en faire une très très grosse et comme ça, le jour où elle fait une très grosse connerie – ce qui arrivera inévitablement – parce que Greed is Good – ça coûtera très très cher à l’Europe entière pour sauver les miches de ladite « Très Grosse Banque ». Autrement, il y a Eisman du Big Short qui pense qu’Apple est le meilleur moyen de jouer l’explosion de l’Intelligence Artificielle, on ne le sait juste pas encore. Il y a aussi JP Morgan qui recommande d’acheter Structure Therapeutics pour jouer la thématique des médicaments qui font perdre du poids. Selon eux, c’est le prochain Novo Nordisk. Et puis comme Poutine s’ennuyait ce week-end, il a décidé de mettre en place des tests d’armes nucléaires tactiques à courte portée à la frontière de l’Ukraine. Et tout le monde s’en fout parce que ce soir y a Nvidia qui publie.

Pour le reste et mis à part les Minutes et Nvidia, il y aura aussi les ventes de maisons existantes, un meeting de la BCE qui n’est pas destiné à prendre des décisions, mais juste à boire des cafés et faire parler Madame Lagarde. Pour ne pas être en reste de discours de banquiers centraux, il y aura aussi Bostic et Mester de la FED qui parleront. Pour le moment, on joue toujours à un, deux, trois, soleil et les futures ne font strictement rien. En ce qui me concerne, il me reste à vous souhaiter une très belle journée, à priori d’ici le mois d’août nous devrions pouvoir enchainer trois jours sans pluie, mais c’est pas encore très sûr…

Que la force soit avec vous et à demain pour parler (ENCORE ) de Nvidia.

Thomas Veillet
Investir.ch

“Intrinsic value is the present value of the stream of cash that’s going to be generated by any financial asset between now and doomsday. And that’s easy to say and impossible to figure.” Warren Buffett