En avril, l’inflation suisse a ralenti de manière inattendue, justifiant la baisse de taux surprise de la banque centrale le mois dernier et suggérant que d’autres pourraient venir. Les prix à la consommation ont progressé de 1% sur un an. Le chiffre le plus bas depuis 2 ans et demi.

Les économistes prévoyaient une progression de 1,3%. Les prix à la production et importés ont encore baissé de -2,1%. Le déclin a été généralisé, les pressions inflationnistes diminuent plus rapidement que prévu en Suisse.

Finalement, superbe gestion de la BNS. Le franc suisse a été la devise des pays développée la plus performante en 2023. En effet, la BNS a utilisé le franc fort comme tampon pour lutter contre une inflation élevée. Mais avec la baisse de l’inflation, la vigueur de la monnaie n’était plus nécessaire. La BNS a donc continuellement ralenti ses transactions sur les changes, offrant moins de soutien au CHF, et a réduit ses taux en mars. Les réserves de change de la Suisse ont atteint 715 milliards de CHF en mars, contre 677 milliards en février. La BNS renoue avec le bénéfice trimestriel. Elle a enregistré un gain de 58,8 milliards de francs au T1, son meilleur début d’année. La grande partie de ses bénéfices provient des avoirs en devises étrangères. Ses avoirs en or ont enregistré une plus-value de 8,9 milliards. Les positions libellées en CHF ont contribué à une perte de 2,4 milliards, principalement parce qu’elle a dû payer des intérêts sur les dépôts des banques commerciales. Le vice-président Schlegel a déclaré que les responsables devaient donner la priorité à la reconstruction du capital plutôt qu’au versement de dividendes. La banque centrale a annulé ses versements annuels au gouvernement suisse et aux cantons pendant 2 années consécutives après qu’une perte record en 2022 ait vidé ses réserves. Un CHF fort a tendance à nuire à ses résultats financiers, tandis que la taille de son bilan devrait continuer à amplifier les profits comme les pertes. La corrélation EURCHF avec le différentiel de taux germano-suisse reste positive. Cela suggère toujours que le franc devrait s’affaiblir en cas de nouvelle baisse de taux de la BNS, mais l’hypothèse selon laquelle la BCE baissera les taux 2 semaines avant la réunion de la BNS pourrait limiter/ralentir les gains de l’EURCHF avant les décisions de juin.

Dans un contexte très volatil, avec des taux longs atteignant de nouveaux sommets annuels dans les pays développés, les taux de la Confédération helvétique sont restés très stables. Alors que les taux à 10 ans européens et américains ont augmenté respectivement de 13bps et 30bps sur le mois, le taux à 10 ans de la Confédération est resté stable autour de 0,70%. Cela montre une fois encore la forte décorrélation avec le reste du monde développé. Non seulement grâce à l’indépendante de la BNS, mais aussi grâce à des finances publiques très solides, au faible niveau d’endettement et à la rareté de l’offre. Compte tenu du ralentissement actuel de l’inflation, les taux réels restent négatifs. Le marché obligataire suisse est de moins en moins attrayant. Les spreads de crédit se négocient toujours avec une prime décente face à la Confédération. Nous maintenons notre position positive sur les spreads de crédit.

Après une sous-performance massive en 2023, les actions suisses continuent de sous-performer les actions européennes. Encore une fois, Nestlé et Roche, deux poids lourds des indices suisses, pèsent sur la performance globale en 2024 avec un recul de 5% de Nestlé et de 10% pour Roche. Novartis limite les dégâts avec une hausse du cours de l’action de 5%, mais avec passablement de volatilité. Le SLI surperforme le SPI et le SMI en raison du plafonnement des poids de Nestlé, Roche et Novartis à 9%. Deux facteurs pourraient favoriser les actions suisses: une amélioration conjoncturelle en Asie et une poursuite de la baisse du franc suisse. Peut-être que le déclic des investisseurs se fera lorsque le CHF aura passé la parité contre l’EUR.

2024.05.03.Performance relative des indices suisses vs Euro Stoxx 50
Performance relative des indices suisses vs Euro Stoxx 50. La sous-performance a débuté mi-2022.

Exportations horlogères suisses. Elles ont chuté de 16.1% en valeur en mars 2024 par rapport à mars 2023 et de 25.4% en unités. La chute est dramatique en Asie: -41.5% en Chine, -44.2% à Hong Kong, -14.8% à Singapour. Les montres en acier et en métaux précieux ont baissé de respectivement 28.2% et 11.6%. La plus forte baisse concerne le segment des CHF 500-3’000 avec -38.2% en valeur et -41.6% en pièces. Le 1er trimestre 2024 se terminent sur un recul de 6.5%. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour Swatch, particulièrement exposée aux marchés asiatiques. Richemont est mieux diversifié géographiquement et plus axé sur les montres de luxe (>CHF 3’000), segment qui a mieux résisté avec un recul de 9.9% en valeur et 15.8% en pièces.

Nos convictions sur les valeurs du SLI sont: ABB, Alcon, Holcim, Kuehne+Nagel, Logitech, Lonza, Novartis, Schindler, Sika, Straumann, Swiss Re, UBS, VAT et Zürich Insurance.

 

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