En 2023, les actions suisses avaient massivement sous-performé les actions européennes et américaines, de respectivement 13% et 18%.

Un événement plutôt rare. Les investisseurs s’étaient réfugiés sur le franc suisse, mais pas sur les actions suisses, préférant le caractère Croissance des actions internationales, en particulier Les 7 Magnifiques. La force du franc suisse, +7% en 2023, avait pénalisée la bourse, ainsi que la corrélation aux taux d’intérêt américains, les PER élevés et la faiblesse de l’économie allemande. Nestlé et Roche avaient enregistré de mauvaises performances boursières avec respectivement –7%, –25% pour l’action au porteur Roche et –13% pour le bon de jouissance Roche. Les actions suisses ont continué de sous-performer sur les 2 premiers mois 2024. L’indice SLI s’est mieux comporté grâce au plafonnement des Big 3 à 9% chacun. Après un haut à 0.925 contre l’EUR début janvier, le franc suisse a reculé jusqu’à 0.96. Le franc suisse a cassé un support contre l’EUR. Une poursuite de la baisse serait favorable aux actions suisses. De nombreuses sociétés suisses se plaignent du renchérissement du franc suisse.

2024.03.08.CHFEUR

La Banque nationale suisse a vendu plus de 280 milliards de francs de devises depuis début 2023 pour soutenir la monnaie et lutter contre l’inflation. Cependant, les arguments en faveur de la poursuite de cette politique se sont dissipés avec une inflation à son niveau le plus faible en 2 ans. Le président de la BNS, Jordan, a déclaré que même si l’inflation ne dépasserait pas l’objectif de la banque centrale – entre 0 et 2% – il la voyait toujours se rapprocher du plafond de la fourchette. Il y a un mois, les économistes s’attendaient à ce que la BNS entame une baisse des taux en septembre. À 1,7%, l’inflation globale est inférieure à la prévision de 1,8% de la BNS pour le T1. Une baisse des taux en mars est désormais plus probable, mais nous ne pouvons pas être sûrs pour le moment que l’inflation ne repartira pas à la hausse. Nous restons d’avis qu’aucune grande banque centrale n’agira avant la réunion de la BRI d’avril. Thomas Jordan quittera ses fonctions en septembre après plus d’une décennie à la présidence. Son successeur n’est pas encore désigné. Mais étant donné la pratique passée, le vice-président Martin Schlegel est un candidat probable. Cette incertitude est un risque supplémentaire sur le franc suisse. Les facteurs favorisant un CHF plus faible se multiplient. La récente cassure des moyennes mobiles à 200 jours sur l’EURCHF et l’USDCHF sont des signaux techniques clés. Nous devenons négatifs sur le CHF.

Si un recul du franc suisse serait bon pour les actions suisses, les valorisations ne plaident pas en leur faveur. La bourse suisse n’est pas bon marché à 18x les profits 2024. Elle a une prime de 40% par rapport à l’Euro Stoxx. La moyenne de long terme de la prime suisse sur les actions européennes se situe à 30%. Le SPI Extra a un PER 2024 de 20x contre 15x pour l’indice allemand des mid-caps, soit une prime de 30% contre une moyenne historique à 10%. Une telle prime se justifie lorsque la croissance économique mondiale est forte et non-disruptive, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Aujourd’hui, les bourses mondiales sont engagées dans un puissant bull market, favorisant les mégacaps de croissance (technologie) et les grandes entreprises industrielles dans l’électrification et la défense. Il n’y a donc pas de raison que les actions suisses surperforment fortement le reste du monde. Le secteur pharma est sous pression avec le patent cliff – nombreuses échéances de brevets jusqu’en 2028 – et l’impact de l’Inflation Reduction Act aux Etats-Unis sur les prix des 10 plus importants médicaments. Nestlé a publié des chiffres décevants avec une croissance organique soutenue par une hausse des prix, mais en recul en volume. Les valeurs industrielles sont affectées par la hausse du franc et une faible croissance économique en Allemagne et en Chine.

 

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