Le nouveau test du moment est en train d’effacer à peu près toutes les convictions des 62 derniers jours de 2023. Oui VOUS AVEZ BIEN COMPRIS, les jours qui viennent seront inscrits sous le signe de la SAISON DES RÉSULTATS du Q4 2023. Dans les jours qui viennent nous allons probablement savoir si les anticipations que nous avons faites depuis le 30 octobre sont les bonnes ou si nous allons devoir composer avec le fait que nous nous sommes peut-être un poil emballés sur les deux derniers mois de l’année dernière.

L’Audio du 8 janvier 2024

Télécharger le podcast

Incroyable

Je dois vous avouer… Non, en fait vous savez tous que je fais ce métier de chroniqueur boursier depuis près de 20 ans (bon, en fait ça va faire 18 ans en février, mais vous avouerez que « 20 ans » ça fait quand même bien plus classe). Toujours est-il que même après 18 ans, je suis toujours scotché de lire les médias financiers et me rendre compte qu’entre les publications du 29 décembre et celle d’hier soir, on a l’impression qu’entre-deux, il s’est passé ENVIRON 243 mois et qu’il y a eu 12 Présidents et 14 guerres. Mais que nenni. Il y a 10 jours nous étions au bord de l’orgasme boursier et plus personne ne pensait que les bourses allaient re-baisser un jour.

Et puis 2024 est arrivé et tout a changé. Tout a changé parce que les convictions d’hier sont devenues les doutes de demain. La première chose qu’il faudra retenir de cette semaine qui commence, c’est L’évolution du S&P 500 au cours des cinq premiers jours de l’année boursière qui constitue souvent un bon indicateur de son comportement pendant le reste de l’année. En tous les cas selon les données historiques (ce qui est à peu près aussi fiable que les prévisions météo de dans 243 mois !). Cependant – si par le plus grand des hasards cela devait être le cas – ça n’augurerait rien de bon pour 2024.

WHAAAAAAT, RIEN DE BON POUR 2024 ALORS QUE TOUT LE MONDE NOUS PRÉDIT LA HAUSSE DISCONTINUE PENDANT LES 13 PROCHAINS MOIS ET DEMI ??? MAIS COMMENT CELA SE FAIT-IL ??? NOUS AURAIT-ON MENTI !!!

Menteur, menteur !!!

Historiquement, l’indice de référence des actions américaines à grande capitalisation, LE S&P500, a vu ses performances au cours des cinq premiers jours de bourse et sur l’ensemble de l’année être corrélées dans la même direction 69 % du temps. Ok. Pour parler français, ça veut dire que si le marché monte sur les 5 premières séances de l’année ; l’année sera en hausse. En REVANCHE si c’est l’inverse, on est mal. On est très mal. Parce que cela voudrait dire qu’il y a 69% de chances que le marché baisse durant les 357 jours qu’il nous reste avant de faire péter le champagne pour fêter la nouvelle année.

Mais calme il faut rester. Oui, il faut rester calme parce que les prévisions statistiques sont à peu près aussi fiables que les compétences techniques que je peux avoir sur une piste de danse. Autant vous dire que si vous décidez de parier votre année sur ce que je viens de vous dire, changez de métier et allez faire pousser des chèvres en Ardèche. Ça ne vous rapportera pas forcément plus, mais au mois, ça sera du concret. C’est quand même vachement sympa… une chèvre. Même si dans certaines cultures elles sont l’image du diable. L’avantage, c’est que dans la finance, le diable – c’est l’ours brun. Le Bear, l’animal qui a l’air plutôt sympa au premier abord, mais qui – en fait – n’attend que l’occasion de vous planter ses crocs dans le dos – ou ailleurs, sachant qu’au vu du poids et de la taille de l’animal, peu importe l’endroit où il vous mord.

Toujours est-il que…

Toujours est-il que… cette année, l’indice S&P 500 est en passe d’enregistrer une baisse de 1,8 % au cours de ses quatre premiers jours de cotation. La dernière fois que l’indice a reculé de 1 % ou plus au cours de ses cinq premiers jours de cotation de l’année, en 2022, il a perdu 19,44 % sur l’ensemble de l’année.

Voilà, voilà, sur ces bonnes paroles, ça donne plutôt envie de s’ouvrir les veines avec un couteau à beurre. Pourtant… Oui, pourtant si vous preniez le temps de monter dans une De Lorean qui vous projetterait dans le futur, vous vous souviendriez qu’il n’y a pas si longtemps que cela, tout le monde avait mis sa grand-mère à vendre sur EBay, histoire de faire du pognon pour acheter des calls NVIDIA strike 45’000$ échéance le troisième vendredi du mois de janvier.

Mais que s’est-il passé dans l’espace-temps entre le 29 décembre 2023 et aujourd’hui, à la limite hier… ????

La macro qui fait vomir !!!

Il ne nous reste plus qu’une solution : se raccrocher à la macro. Alors oui, c’est bien de se raccrocher à des chiffres qui ne veulent rien dire et qui sont régulièrement modifiés dans les 22 jours qui suivent ? Ben, on s’est tout simplement rendu compte que ça n’allait pas forcément être aussi simple que cela. Tout d’abord les chiffres de l’emploi de la semaine dernière – et à plus forte raison, les chiffres des NFP de vendredi – laissaient à penser que ça n’est pas encore gagné. Pas encore gagné parce que si j’osais, je vous rappellerais que la FED et ses membres ont laissé penser qu’ILS NE BAISSERAIENT PAS les taux tant que l’inflation ne serait pas revenue sous les 2%… et que ça n’est pas avec des NFP de cette force que ça va se produire. Ou alors j’ai rien compris. Ce qui n’est pas exclu non plus.

Les NFP’s ont donc été publiées bien au-dessus des attentes – ce qui démontrait ENCORE UNE FOIS que l’emploi allait peut-être un peu trop bien encore, pour que la FED baisse les taux dans la précipitation. 216’000 jobs contre 170’000 attendus et un salaire horaire qui augmente – pas trop « colombe non plus ». Bon alors après, heureusement, par la suite on a eu les chiffres de l’ISM à 50,6 en décembre contre 52,7 en novembre. Ce qui a limité la déception sur les indices de vendredi dernier. Bon. Ok. Limité la déception mais ça n’a pas non plus levé le doute. Bien au contraire. Je ne suis pas loin de penser que le doute EST parmi nous pour les prochains jours.

L’avenir à court – très court – terme et les jours à venir

On ne va pas se mentir, ça n’est pas parce que nous sommes en 2024 que notre mémoire s’est rallongée et que nous ne sommes plus en mode « poisson rouge ». 2024 est la même année que la précédente. Nous allons changer d’avis comme de chemise ou comme de cocktail préféré. Rien n’a changé nous sommes encore une fois en train de nous demander ce qui va se passer ces prochains temps et si le plan qui devait se dérouler sans accroc selon Hannibal Smith allait vraiment se dérouler comme ça. Surtout depuis que Hutch, de Starsky et Hutch a quitté ce monde. Oui, ça ne veut rien dire, mais il fallait quand même rendre hommage à un personnage mythique de mon enfance.

Quoi qu’il en soit, alors que nous avions terminé l’année dans une euphorie proche de celle d’une soirée à Ibiza, il faut retenir que les premiers jours de l’année 2024 nous ont mis dans une position un peu moins confortable qu’auparavant. Ce week-end, alors que je lisais la presse dominicale en sirotant un litre de tequila pour réchauffer l’ambiance, je me suis rendu compte que les BULLS de l’an dernier avaient gentiment tourné la veste – à moins qu’ils soient restés à Courchevel – mais quoi qu’il en soit, on retiendra tout de même que les gars de Jean-Pierre Morgan parient toujours sur un ralentissement économique. Ce week-end on avait même des angoisses concernant la dette US – oui parce que les stratèges de JP se sont quand même rendus compte qu’à 34’000 milliards de dette pour le gouvernement Biden ça n’était pas top et que ça pourrait largement et facilement finir contre le mur.. ou dans le mur à très grande vitesse. Il faudra également retenir que l’on commence à dire que les taux ne baisseront pas en mars, mais plutôt en mai.. (pour l’instant) et que, certains experts – du côté plantigrade de la force commencent à se dire que plus ça prendra de temps pour baisser, plus ça fera mal d’attendre.

Autrement, on retiendra qu’en 2023, les shorts ont perdu 200 milliards de dollars, que certains pensent que Nvidia a un potentiel de hausse de 42% cette année. Il faudra se souvenir aussi que les autorités US ont cloué au sol les 737 max de Boeing, parce qu’il paraît que perdre des portes de sortie de secours en plein vol, c’est pas trop tendance pour chauffer les passagers à partir en vacances. Ça faisait longtemps que Boeing ne nous avait pas fait une merde, on peut se demander si le fait qu’il n’y ait pas vraiment de concurrence mis à part Airbus ne soit pas un problème pour eux !!! Il faudra aussi noter que le gouvernement US prépare un procès ANTI-TRUST contre Apple. Après 814 downgrade depuis le début de l’année, Apple continue de se prendre des coups en plein face, je viens de revoir le premier Rocky et j’ai l’impression de revoir le film quand je regarde la haine dirigée soudainement sur la firme Cupertino. Pour le reste, nous sommes lundi et il est temps de commencer la semaine et espérer que l’on ne se concentre pas trop sur la macro en attendant les chiffres des publications trimestrielles. Mais je vous en reparlerai. Toujours est-il que la nouvelle inquiétude de l’année, c’est de se dire que PEUT-ÊTRE que les chiffres du trimestre ont été peu surévalués. Ça plus les taux qui ne baissent pas assez vite, ça promet d’être drôle !!!

Chiffres du jour

Pour ce qui sont des chiffres de la journée, nous aurons les factory orders en Allemagne, juste avant la grève des tracteurs qui est censée paralyser le pays. Il y aura aussi le CPI le plus chiant de la planète : le CPI suisse. Ensuite on regardera le taux de chômage en Europe, puis ça sera le tour de Bostic de la FED de nous donner son sentiment intime et ses rêves les plus fous au sujet des taux et de l’inflation.

Voilà, pour le moment les futures sont où ils ont envie d’être – pour ce que ça nous apporte – et nous sommes lundi, le premier vrai lundi de l’année avec une vraie semaine boursière qui va nous changer la vie. Non. Je déconne. Passez un excellent lundi et un très bon début de semaine. Moi je vous retrouve demain en pleine forme. En forme de quoi, je ne sais pas, mais en pleine forme !!!

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

“Keep your face to the sunshine and you cannot see a shadow.” —Helen Keller