Avant toute chose et avant de recommencer à disséquer le monde merveilleux de la finance pour la 18ème année consécutive, je vais débuter cette chronique en vous souhaitant à tous une EXCELLENTE ANNÉE 2024, qu’elle vous apporte joie et bonheur à vous et vos familles. Je ne sais pas comment ça va se passer au niveau des bourses mondiales et si le Bitcoin ira à 100'000$ cette année ou pas, mais il n’y a pas que la finance dans la vie, il y a surtout la vie et après, il y a la finance. Donc : « Bonne année 2024 ! ». Bon, maintenant que ça, c’est fait, on va pouvoir passer aux premiers doutes qui nous assaillent dès les premiers jours de l’année 2024 en question.

L’Audio du 4 janvier 2024

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C’est la chenille qui redémarre

Alors vous je ne sais pas, mais moi je n’ai pratiquement pas ouvert mon PC depuis la veille de Noël. Mais pour le peu que j’ai pu voir ; les marchés ont terminé l’année en fanfare alors que tout le monde aiguisait ses targets pour l’année que pratiquement tout le monde ne voyait que la hausse et que ceux qui voyaient la baisse devait probablement être atteints d’une quelconque maladie mentale liée à un excès de négativisme. Nous avons donc bouclé l’année 2023 à des sommets que nous n’aurions même pas osé imaginer il y a un an jour pour jour. D’ailleurs, si l’on tire le bilan des prévisions 2023 qui avaient été entérinées en janvier dernier ; la première analyse que l’on pourra en tirer, c’est que l’on s’est largement et unanimement gouré sur l’objectif final.

Il y a peut-être juste Tom Lee qui a été juste, mais comme Tom Lee, c’est la version Ultra-Bullish de Roubini, ça compte pas. À force d’être ultra-bullish, il allait forcément finir par avoir raison. Toujours est-il qu’il y a un an jour pour jour, nous avions fait des prévisions pas terribles pour une année qui aura finalement été exceptionnelle. Enfin, surtout si vous aviez un ou plusieurs des « Magnificent Seven » dans votre portefeuille et que vous aviez acheté du Bitcoin le premier janvier à 16’500$. Du coup, comme nous nous sommes magistralement trompés dans nos objectifs de 2023, y aurait-il la moindre raison de craindre quoi que ce soit, lorsque l’on voit que tout le monde est bullish dès le premier de l’an 2024 et que la plupart des analystes sont optimistes à cause de la MULTIPLE BAISSE des taux qui va arriver ces prochains mois, on pourrait dire qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter – bien au contraire – à moins que les analystes se soient un peu emballés fin 2023 et qu’ils aient embarqué tout le monde avec eux. C’est d’ailleurs un peu le doute qui nous assaille en cette première semaine de 2024… Surtout depuis les Minutes du FOMC Meeting laissent entendre que ça ne sera pas si simple. Un peu comme ils l’avaient dit après le FOMC Meeting de décembre, mais comme on ne les avait pas écouté, c’était pas grave.

La voix de son maître

Hier nous sommes donc revenus à la réalité. En décembre, la FED avait laissé entendre qu’elle « pensait que le cycle de hausse des taux était PROBABLEMENT terminé et qu’il était PEU probable que les taux montent encore ». Nous avions donc traduit la phrase en disant : « LE CYCLE DE HAUSSE EST FINI ET LES TAUX NE MONTERONT PLUS JAMAIS ». En gros, on a juste oublié le « probablement » et le « peu probable ».

Lors du Meeting de la FED de décembre, ils avaient dit qu’aucune récession ne devrait se produire en 2024. Le marché avait entendu : il n’y aura pas de RÉCESSION et nous allons avoir un Soft-Landing et l’argent poussera sur les arbres, le plein emploi arrive et tout le monde sera millionnaire en 2024. On avait juste oublié le temps utilisé dans les mots de la FED en décembre : LE CONDITIONNEL.

Quand Powell a conclu le FOMC Meeting de décembre, il avait déclaré que l’objectif de la FED était TOUJOURS de voir l’inflation à 2% et qu’il pensait que les taux pourraient rester élevés pour encore un moment. Le marché avait entendu que l’on irait à 2% d’inflation un jour, mais que la FED allait baisser les taux bien avant, afin de soutenir l’économie. Il n’avait tout simplement pas écouté ce que Powell avait dit, trop occupé à monter pour saluer sa propre interprétation de ce que la FED avait annoncé.

Le contact avec la réalité

Le problème dans tout cela, c’est que depuis la publication des Minutes du FOMC Meeting – minutes qui ont relaté strictement les mêmes choses qui avait été dites en décembre, le « marché » est en train de prendre conscience qu’il s’est un peu emballé sur pas grand-chose et que là tout de suite, le fait de se retrouver en 2024 avec des taux qui vont DEVOIR baisser en mars, sinon ça va foutre par terre tout le château de cartes, commence un peu à faire douter certains intervenants.

Si l’on tient compte des trois derniers jours de trading aux USA, on a effacé plus de 600 milliards de capitalisation boursière, les « Magnificent Seven » sont sous pression et la nouvelle mode de 2024, c’est de downgrader Apple, « parce qu’il n’y a plus de croissance et qu’ils sont en train de rater le virage de l’Intelligence Artificielle » et que Mark Zuckerberg a vendu pour 430 millions de dollars d’actions de sa propre boîte – probablement pour payer les travaux de son bunker hawaiien. Donc si l’on essaie de faire simple, depuis le premier janvier, il y a déjà eu deux jours de trading aux USA et un jour en Europe. Nous avons plus ou moins les mêmes infos que l’an dernier mais soudainement – depuis 48 heures – il semblerait que l’interprétation ne soit plus tout à fait la même.

Pas de panique

Alors bien sûr, nous n’allons pas paniquer après deux jours de doutes. Non, parce que les Minutes du FOMC Meeting – si l’on secoue un peu la tête pour égaliser le sable – ça n’est pas non plus LA SURPRISE du siècle. Et puis même si les JOLTS qui ont été publiés hier montraient que le nombre d’emplois disponibles aux USA est en chute libre, ça n’est qu’une bonne nouvelle pour l’inflation qui devrait continuer de ralentir. ET DONC, à terme, permettre à la FED de baisser les taux en mars – comme nous l’avons prévu depuis le début du Bull Market du mois de novembre. NON, parce que ça, y a intérêt que ça marche. Si par le plus grand des hasards, la FED repousse la date de la première baisse des taux à « plus tard » dans l’année, je ne réponds plus de rien.

Non, parce que voyez-vous, alors que la FED prévoit de baisser les taux trois fois cette année, le marché, lui – qui sait mieux que tout le monde – prévoit SIX BAISSES de taux (au minimum). Alors forcément, si on commence à douter, va falloir serrer les fesses parce que ça pourrait bien secouer un poil. On voit d’ailleurs que depuis 2 jours, la volatilité est passée de 12.39 à 14.12%… On n’est pas encore à 85% de volatilité, comme quand Lehman est parti en vrille, mais ça c’est parce qu’on n’a pas encore intégré le fait que l’immobilier commercial est en train de s’effondrer. Mais bon, ne paniquons pas. C’est le début de l’année et nous sommes juste en train d’effectuer les réglages des premiers mois de l’année, tout en se rappelant que lorsque le « Santa Claus Rally » échoue (comme c’est le cas cette année), ça n’est pas forcément de bon augure. Cependant, le mois de janvier est riche en citations qui donnent la tendance est qui sont oubliées dès le mois de mars.

Bref, hier on a baissé, le « Santa Claus Rally » est mort et l’Europe a commencé l’année dans le rouge en attendant que l’Allemagne soit paralysée par les agriculteurs dans une semaine et que Macron vire enfin le « serial 49.3 » qui lui sert de Première Ministre, pour la remplacer avec un sinistre inconnu, presque aussi charismatique que Castex.

L’Asie s’enfonce dans le rouge

La plupart des marchés asiatiques sont en baisse ce matin, après un début d’année faible en raison des doutes sur le calendrier des réductions des taux d’intérêt américains et tandis que les marchés chinois ont été mis sous pression par Fitch qui a baissé la note de quatre grands « assets managers » appartenant à l’État. Le Japon est en baisse de 0.6%, tout comme Hong Kong, alors que la Chine recule de 0.9%. Fitch a invoqué la pression croissante exercée sur les quatre sociétés par l’effondrement continu du marché immobilier, ainsi que l’incertitude croissante quant à la capacité du gouvernement à soutenir les finances des gestionnaires d’actifs pour justifier ce downgrade. L’abaissement de la note porte un nouveau coup au sentiment à l’égard de la Chine et survient quelques semaines après que Moody’s a mis en garde contre un abaissement potentiel de la note souveraine de la Chine. Quelle bonne ambiance de début d’année.

Du côté du pétrole, ça se traite autour de 73$, alors que l’on est toujours inquiet des tensions au Moyen Orient et d’un éventuel embrasement qui pourrait se produire. Les Iraniens se mêlent du conflit avec les Houthis, les Américains menacent et Israël continue sa chasse aux patrons du Hamas, peu importe où ils se cachent et peu importe les frontières. Les tensions sont partout et il y a d’ailleurs un stratège qui estimait que le prix du baril était trop faible et que l’on ignorait un peu trop les tensions dans la région. Selon lui, l’objectif est 15% plus haut. L’or est à 2050$ et le Bitcoin va dans tous les sens, la thématique du moment étant principalement axée sur l’ETF Bitcoin. Après avoir cassé les 45’000$, la vedette des cryptos s’est repris une tape sur le nez suite à un rapport de Matrixport qui estime que la SEC allait rejeter l’ETF Bitcoin d’ici la fin du mois. Sur la nouvelle, le BTC a été taper les 41’500$ et semble sur le chemin de la rédemption, puisque ce matin il se traite à nouveau au-dessus des 43’000$. Le mot volatilité et Bitcoin risquent bien d’être associés ces prochaines semaines.

Les nouvelles du jour

Dans le tas des nouvelles qu’il faut connaître, on retiendra que la dette US a dépassé les 34’000 milliards de dollars, mais ça ne fait réagir personne. Tesla n’est plus le plus gros vendeur de voitures électriques, puisque BYD lui est passé devant. Le titre a pratiquement perdu 10% de sa valeur depuis Noël alors que leurs chiffres de ventes étaient meilleurs que les attentes. Steve Eisman du Big Short, estime que les intervenants sont un peu « trop heureux » et qu’il faut s’attendre à quelques vents contraires ces prochains temps. Et puis les tensions dans la Mer Rouge reprennent de plus belle – Maersk ne veut toujours pas naviguer dans la région et le prix des transports maritimes sont en train de prendre l’ascenseur.

Pour ce qui est des chiffres du jour, nous aurons le CPI en France et en Allemagne. Aux USA, il y aura les chiffres de l’emploi ADP qui devraient donner la tendance pour les chiffres de demain – les NON FARM PAYROLLS – et puis il y aura aussi les Jobless Claims, comme tous les jeudis. Quelque chose me dit que l’on va pas mal parler d’emploi ces prochains jours. Et puis ensuite, on pourra commencer à causer des chiffres du quatrième trimestre 2023 – comme ça, ça sera la dernière fois que l’on parle de 2023. Mais ça commencera sérieusement à publier la semaine prochaine – avec les banques qui vont parler de leur exposition à l’immobilier commercial.

En tous les cas, je crois qu’on ne va pas s’ennuyer cette année. Les vacances semblent bien loin derrière nous, tout comme les bonnes résolutions. Passez une excellente journée et une très bonne année. Moi je vous dis : À DEMAIN !

Thomas Veillet
Investir.ch

“I love her, and that’s the beginning and end of everything.” —F. Scott Fitzgerald