Le scénario d’un rallye de fin d’année s’est affaibli, mais la situation n’est pas désespérée non plus.

La cassure des 4’200 points sur le S&P 500 affaiblit le scénario d’un rallye de fin d’année. Le support suivant se situe à 3’940. Cependant, la situation reste confuse: la plupart des indices sont dans une zone de basculement vers une phase corrective (déclin de 10% et plus), mais ils n’y sont pas encore entrés, sauf pour le S&P 500 Equal Weight, le Nasdaq et le Russell 2000. Sur l’année 2023, les performances restent encore positives sauf pour les petites et moyennes capitalisations boursières et la zone émergente. Dans un monde disruptif où l’ordre international chavire, un positionnement marqué sur les grandes capitalisations boursières est justifié. Mais la situation n’est pas désespérée: statistiquement, un solide premier semestre renforce un rallye en novembre et décembre. Les indices sont en zone survendue et l’on observe un retournement à la hausse, alors qu’un des facteurs déterminants pour l’évolution des bourses, le 10 ans US, se trouve en zone surachetée. Un retour du 10 ans US sur les 4.4% serait une bonne nouvelle pour les actions. Nous n’envisageons pas une entrée en bear market (baisse de 20%): 1) les résultats du 3T sont bons, 2) les signaux de momentum sont proches ou dans des zones survendues et 3) l’indicateur de sentiment des investisseurs est en zone Fear.

2023.11.03.Annual pattern since 1950

Après les résultats des Big Tech, la progression des profits du S&P 500 pour le 3ème trimestre a été revue à la hausse de –0.4% à +2.7% pour Factset et de +2% à +4.3% pour Lipper Alpha, ce qui serait la première hausse de profits depuis 12 mois. Hors énergie, la hausse se situe à +9%. Les surprises positives et leur ampleur sont supérieures à la moyenne historique, venant principalement des secteurs Discrétionnaire, Technologie et Communications. De nombreuses entreprises ont du pricing power et les marges sont stables. Nvidia, qui publiera ses résultats le 21 novembre, sera le plus important contributeur de la croissance des profits avec un impact de 1.4%: au 3T22, Nvidia reportait $0.58 centimes de profits par action et reportera $3.32 au 3T23.

Le marché semble vouloir intégrer une récession aux Etats-Unis en 2024, alors qu’elle n’est pas imminente. Les investisseurs veulent se convaincre que la hausse des taux d’intérêt conduira forcément à une récession, comme ils le pensaient en 2022, mais ils ont eu tort.

Le principal risque à court terme est une escalade militaire au Proche-Orient, mais le marché ne semble pas y croire avec un baril du pétrole qui se stabilise à $90 pour le Brent. A l’approche de la COP 28 à Dubaï, l’Agence internationale de l’énergie revient avec son pic de la demande à l’horizon de 2030. Selon l’AIE, un des facteurs de ce pic sera la Chine avec sa croissance économique moins forte et une restructuration des industries carbonées comme l’acier et le ciment. Les prévisions d’un pic de la demande n’ont pas empêché deux méga-acquisitions en octobre. Après l’achat de Pioneer Natural Resources par ExxonMobil pour $60 milliards, Chevron vient d’acquérir Hess pour $53 milliards. Il se pourrait que cela soit le prélude d’autres méga-acquisitions à venir. Cela permet aussi à Chevron d’acquérir 30% du capital de Stabroek Block (Guyane) qui détient 11 milliards de barils de pétrole. ExxonMobil va grandir dans le bassin permien (Texas, Nouveau-Mexique) et Chevron dans le bassin de Bakken (Dakota du Nord) et en Guyane. Ces acquisitions affaiblissent la prévision d’un pic de la demande en 2030. C’est un processus positif pour les actionnaires avec une hausse des cash flow libres, une amélioration de ROCE (rentabilité sur les capitaux investis), des effets de synergies et des économies d’échelle.

Les analystes et les gérants de fonds restent toujours positifs sur trois thématiques séculaires: les médicaments contre l’obésité, représentant un marché d’au moins $100 milliards, en achetant Novo Nordisk et Eli Lilly, l’Intelligence artificielle et la refonte occidentale de l’infrastructure domestique (production, chaînes d’approvisionnement, transition énergétique).

Les performances boursières de la thématique verte sont mauvaises. La transition énergétique a des difficultés conjoncturelles à court-moyen terme à cause de la hausse des taux d’intérêt rendant les projets éoliens et solaires moins ou pas tout rentables, d’un recul de la demande face à une économie incertaine et d’un manque de moyens financiers des Etats occupés par le pouvoir d’achat de leurs citoyens et préoccupés par la géopolitique (investissements dans la défense). Siemens Energy aurait demandé €15 milliards de garanties à l’Etat allemand. Inquiétant. Les fabricants américains d’onduleurs pour les panneaux solaires, SolarEdge et Enphase, ont lancé un important avertissement sur leurs résultats et annoncé des prochains mois difficiles. Le Danois Orsted et le Suédois Vattenfall abandonnent leurs projets d’éoliens offshore. Le cas du Wyoming montre que les citoyens ne veulent pas financer les énergies renouvelables, en tout cas pas au détriment de leur pouvoir d’achat: les prix de l’électricité sont les plus bas des Etats-Unis grâce à une importante production de charbon, mais le plus grand producteur d’électricité de l’Etat a proposé une hausse des prix de 29% pour financer les énergies renouvelables.

En conclusion, la microéconomie est solide avec une importante révision à la hausse de la progression des profits au 3T23. On se trouve dans une phase corrective, mais nous n’envisageons pas un retour en bear market. Un recul des taux d’intérêt serait positif pour les actions. Nous restons positifs sur les Big Tech, l’énergie et les valeurs industrielles liées au reshoring.

 

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