Notre vue positive sur les actions pour la fin d’année est fragilisée par la géopolitique et la hausse des taux d’intérêt. Le 10 ans US s’approche des 5%; il influence défavorablement l’évolution des bourses et accroît les anticipations d’une récession en 2024 aux Etats-Unis.

Une guerre Israël-Hamas limitée à la bande de Gaza pourrait «satisfaire» les marchés financiers, mais un élargissement est un risque croissant. La présence de 2 porte-avions américains en Méditerranée méridionale pour dissuader l’Iran d’affronter Israël n’est pas franchement rassurante. Pour le moment, un prix du baril de Brent à $92 ne donne pas le message d’une escalade. A part l’Iran, les autres gouvernements du Moyen et Proche-Orient regardent la situation avec un certain détachement; personne ne veut entrer dans un processus de guerre qui leur échapperait. L’Egypte ne veut pas accueillir les réfugiés de Gaza.

Cependant, tout n’est pas négatif, du moins d’un point de vue technique. Les indicateurs de sentiment des investisseurs sont en zone Peur (plutôt positif pour les actions dans une approche contrarian) et les indicateurs de momentum sont dans des zones neutres à survendues. Même si de nombreux indices ont cassé des supports, le marché se focalise sur le S&P 500, l’indice de référence pour anticiper l’évolution des bourses globales, qui a tenu bon sur son support des 4’200. Même s’il est difficile de le croire dans cet environnement toxique, le S&P 500 garde toutes ses chances pour un rebond de fin d’année. Le 10 ans US, le facteur déterminant aujourd’hui, est difficile à appréhender, car il se trouve dans une zone surachetée avec retracement potentiel à 4.3%, mais sa prochaine résistance se situe à 5.3%.

2023.10.20.S&P500

Le marché a besoin d’un message clair de la Fed. Une pause dans la hausse des Fed Funds s’est, à l’exception de 2000 avec l’implosion de la bulle internet, toujours accompagnée d’un rallye du S&P 500, de 8% en moyenne, depuis 1970.

L’OPEP et l’Agence internationale de l’énergie sont dans une guerre des mots sur le pic de la demande. L’AIE annonce le début de la fin des énergies fossiles avec un pic de la demande en 2030, alors que dans son dernier rapport, l’OPEP prévoit une hausse de la demande de pétrole jusqu’en 2045 à 116 millions de barils/jour (100 millions b/j en 2022) nécessitant $14’000 milliards ($610 milliards par an) d’investissement pour répondre à la demande qui viendra essentiellement de Chine, d’Inde, d’autres pays asiatiques, d’Afrique et du Moyen-Orient. Cela fait 20 ans qu’on parle de pic de la production et plus récemment de pic de la demande, mais la demande augmente chaque année et il y a largement assez de pétrole et de gaz. A l’approche de la conférence sur le changement climatique, la COP 28, à Dubai du 30 novembre au 12 décembre, présidée par le ministre de l’Energie des Emirats arabes unis le Sultan Ahmed Al Jaber, les positions se tendent.

Le début de saison des résultats commence bien aux Etats-Unis avec des résultats globaux supérieurs aux attentes, poussant les sociétés d’analyse, Factset et Lipper Alpha, à réviser à la hausse la progression des profits pour le 3ème trimestre de -0.3% à +0.4% pour le premier et à +2.2% pour le second. La contribution des 7 Magnifiques (Apple, Microsoft, Alphabet, Meta, Nvidia, Amazon, Tesla) sera importante: la hausse est attendue à +36% comparée aux +2.2% pour le global. Sans les 7 Magnifiques, les profits du S&P 500 reculeraient de 2.3%. Les résultats confirment la fin du Supercycle du Luxe et les difficultés des fabricants d’équipements industriels rencontrées en Europe et en Chine. Microsoft a réussi à acquérir Activision pour $75 milliards, après plus d’une année de combat contre les autorités anti-monopole. L’opération de Microsoft était considérée comme un baromètre sur l’environnement réglementaire global. Ce succès ouvre la porte pour d’autres grands groupes à entrer dans les jeux vidéo avec des cibles comme Take-Two Interactive Software et Electronic Arts. A court terme, nous surpondérons les valeurs pétrolières comme protection à une escalade militaire au Moyen-Orient, mais nous restons prudents à moyen terme à cause d’une destruction de la demande que cela pourrait engendrer. Le secteur de la défense reste attractif, mais les investisseurs européens sont otages des contraintes ESG.

 

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