Depuis 3 ans, l’indice des actions mexicaines S&P/BMV IPC (Mexbol) a surperformé le S&P 500 tant en monnaie locale qu’en dollar. Pour un pays émergent, il est important de bien analyser sa devise, une part importante de la performance boursière en USD ou en EUR. Le peso mexicain s’est apprécié contre le USD depuis 2022, car la banque centrale mexicaine avait relevé son taux directeur relativement tôt.
Aujourd’hui, le plateau sur le taux de référence et les anticipations d’une baisse sont moins soutenants pour la devise, sans que nous anticipions un recul marqué. Le marché anticipe un retour du taux de référence en-dessous de 10% (11.25 aujourd’hui) au 1er semestre 2024 et un cours USDMXN à 18 (17 aujourd’hui). Depuis début 2022, le peso mexicain a été la devise émergente la plus forte contre le USD. Le peso est sensible à l’évolution des cours du pétrole, le Mexique étant un (petit) pays producteur de pétrole avec 2 millions de barils/jour, soit 2% de la production mondiale.
Le Mexique profite du USMCA, United States-Mexico-Canada Agreement, des conflits commerciaux entre les US et la Chine et du onshoring/nearshoring américain, c’est-à-dire le rapatriement américain des lignes de production et des chaînes d’approvisionnement aux Etats-Unis et/ou dans les pays limitrophes, soit le Mexique et le Canada. Les Etats-Unis bénéficient des grands plans de réindustrialisation de Joe Biden, le Infrastructure and Jobs Act, le Chips Act et le Inflation Reduction Act, intégrant d’importantes subventions et crédits d’impôts. Le Mexique semble l’un des pays émergents les mieux placés dans cette nouvelle «Guerre froide», avec l’Inde et la Vietnam.
Les investissements directs étrangers ont bondi de 40% en 2023. La dépendance américaine aux importations mexicaines a augmenté depuis 2017, en particulier dans l’automobile, les PC, l’électronique et les équipements électriques.
Toutefois, il y a des risques sur le Mexique avec un président de gauche Andrès Manuel Lopez Obrador (AMLO) qui veut accroître le rôle de l’Etat dans l’économie, des entreprises mexicaines peu enclines à emprunter pour accélérer leur croissance, une importante compétition globale venant d’autres pays émergents pour remplacer la Chine et des problèmes structurels domestiques comme une infrastructure déficiente, des coupures de production d’électricité récurrentes, la rareté de l’eau ou un espace limité pour le développement industriel.
Un monde déglobalisé économiquement et géopolitiquement ne permet plus de jouer les bourses émergentes comme un bloc. On doit adopter une approche bottom-up. Le Mexique, l’Inde et le Vietnam semblent les mieux positionnés.