Le secteur de l’Energie revient. La hausse des taux d’intérêt, la hausse des prix du pétrole et la stabilisation/hausse des prix des métaux industriels ont favorisé en juillet les secteurs Value/cycliques au détriment des secteurs Croissance/défensifs.
Depuis début juillet, le secteur de l’énergie a été une des meilleures performances sectorielles avec +6%, comparé au +0.7% du MSCI Monde. Depuis le 27 juin, début du rallye, le cours du Brent a progressé de 20%. La stratégie de l’OPEP+ de réduction de la production fonctionne. L’Arabie saoudite a annoncé il y a une semaine une réduction individuelle de sa production de 1 million de barils/jour en août et septembre. En octobre 2022, l’OPEP+ annonçait une réduction de 2 millions b/j et en avril 2023 une réduction supplémentaire de 1.15 million b/j. L’objectif de l’Arabie saoudite est une stabilisation du baril de Brent à $90; et s’il va plus haut, tant mieux, pour les producteurs. Depuis une année, l’OPEP+ réduit sa production (dans la réalité c’est peut-être différent), alors que le mois de juillet serait un mois record en termes de consommation avec un niveau de plus de 102 millions de b/j. L’extrême chaleur dans l’hémisphère Nord a favorisé l’achat massif de pétrole et de gaz pour la production d’électricité, alors la production d’électricité hydroélectrique souffre.
On aurait donc un déficit de pétrole au 2ème semestre 2023, à moins que les Etats-Unis et la Chine ne tombent en récession. D’autres facteurs favorables à la hausse des prix du brut sont présent: 1) les réserves commerciales hebdomadaires de pétrole aux Etats-Unis ont chuté bien au-delà des prévisions en raison de robustes exportations et d’une activité de raffinage soutenue, 2) à l’approche de l’hiver, les Occidentaux commencent à remplir leurs cuves et une bataille mondiale pour le GNL est engagée. Les Etats-Unis montent en puissance dans le GNL. La Chine devrait arrêter de détourner ses commandes de GNL vers l’Europe. L’Europe devient très dépendante du GNL depuis l’arrêt des importations de gaz russe par gazoducs, rendant la situation tendue en termes de flux (complexité de la logistique). Cette semaine, le prix du gaz naturel en Europe a progressé de 40% en raison d’une possible grève dans un important terminal australien d’exportation de GNL, et 3) le débordement de la guerre d’Ukraine en Mer Noire pourrait affecter le transport du pétrole russe; 20% des exportations russes de pétrole passent par la mer Noire et le port de Novorossisk avec l’arrivée d’un important oléoduc. Les prix du pétrole et du gaz devraient donc poursuivre leur hausse, contrairement à la saisonnalité historique des prix (voir graphique).
Mais un Super El Niño pour l’hiver 2023-2024 (il y en a eu 3 ces 40 dernières années, 1982-1983, 1997-1998 et 2015-2016 qui a été l’hiver le plus chaud depuis 1864) pourrait empêcher les prix de l’énergie de remonter. En Europe, l’hiver 2022/2023 a été un des plus doux jamais enregistrés avec de très faibles précipitations. L’hiver 2023 se classe donc au quinzième rang des hivers les plus chauds depuis 1900. A New York, il n’avait pas neigé avant le 30 janvier pour la première fois depuis plus de 150 ans.
Sans surprise, les compagnies pétrolières ont vu leurs profits fortement chuter au 2T23. C’est un effet de base par rapport aux résultats exceptionnels de 2022. Les profits restent malgré tout supérieurs aux trimestres avant 2022. Les compagnies pétrolières maintiennent leurs dividendes, ou les augmentent, et leurs programmes de rachats d’actions. Ces prochaines semaines, les actions des compagnies pétrolières devraient continuer à surperformer le marché grâce à une orientation positive des prix de l’énergie. Dans une phase de consolidation des bourses, le caractère défensif des valeurs pétrolières avantage le secteur. Nous avons une préférence pour les sociétés gazières avec Cheniere Energy et Equinor. Devon Energy est intéressante pour une phase de rattrapage. Nous achetons Shell, Exxon Mobil ou l’iShares Global Energy ETF.