Depuis que le Congrès américain a validé l’Inflation Reduction Act ($433 milliards) et le Chips Act ($50 milliards) en été 2022, un effort pour déclencher une nouvelle révolution industrielle, les entreprises ont fait des demandes pour des projets manufacturiers pour plus de $200 milliards.
Ces deux programmes incluent des crédits d’impôts, des garanties et des prêts de $400 milliards et concernent principalement les semiconducteurs et la transition énergétique (surtout les véhicules électriques et les batteries). Les investissements prévus pour les semiconducteurs et les énergies vertes sont le double que ceux pour tout 2021 et 20 fois plus qu’en 2019. Depuis le début 2023, plus de $40 milliards de dépenses sont planifiées. Pour le moment, les promesses de création d’emplois se situent à plus de 82’000. Le Alliance for American Manufacturing parle d’un changement transformationnel et générationnel des capacités productives. Et on ne parle pas des dépenses d’infrastructure de $1’100 milliards votées par le Congrès en novembre 2021.
L’objectif est de réduire la dépendance aux chaînes asiatiques de production industrielle, et chinoises en particulier, et à Taïwan concernant les semiconducteurs. Cette nouvelle politique industrielle fâche les Européens et les alliés asiatiques (Japon, Corée du Sud), car elle intègre d’importantes subventions et est hautement protectionniste. Le président français, Emmanuel Macron, a souligné lors de sa visite en Chine que la nouvelle politique américaine pouvait fragmenter les Occidentaux.
Un tiers des engagements de projets industriels est venu de sociétés avec le siège social à l’étranger, principalement du Japon, Corée du Sud et Taïwan, et dans une moindre mesure d’Allemagne. 75 projets d’au moins $100 millions ont été recensés pour produire des semiconducteurs, des véhicules électriques, des batteries et des composants pour les énergies renouvelables. D’autres projets, engagements arriveront dans les prochains mois lorsque la visibilité sur les crédits d’impôts sera meilleure. La magnitude des projets et engagements, ainsi que la vitesse du développement des nouvelles chaînes d’approvisionnement surprennent tous les experts. TSMC va investir $40 milliards en Arizona, le plus grand investissement direct étranger de l’histoire des Etats-Unis. LG Energy a un projet de batteries de $5.5 milliards en Arizona. Cette réindustrialisation implique aussi une concurrence acharnée entre Etats américains pour faire venir les entreprises avec des négociations très secrètes.
La Chine cherche à profiter de cette réindustrialisation américaine, mais le gouvernement doit encore statuer sur la possibilité des entreprises chinoises à participer à la reconstruction de l’outil industriel. Deux projets de $3.5 et $2.4 milliards impliquant deux entreprises chinoises, CATL et Gotion, pour la construction d’usines de batteries pour Ford sont rejetés par les gouverneurs des Etats considérant ces projets comme un complot chinois et un Cheval de Troie.
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