Si l’on se concentre sur les indices, il ne s’est rien passé hier. Si l’on observe les commentaires de la veille – surtout sur des régions comme la France – on sent une nette déception parce qu’on est monté « seulement » de 0.26%. C’est vrai, maintenant que nous sommes habitués à l’argent facile depuis le début de l’année, on n’aime pas trop quand ça ne monte pas assez vite. Non, parce qu’on s’est presque habitué à des hausses de 10% par mois, va falloir tenir le rythme. Pour le reste, c’est assez simple : les chiffres économiques laissent penser que l’on peut ENCORE éviter la récession, mais les publications trimestrielles font peur. Alors, stop ou encore ???
L’Audio du 25 janvier 2023
Le Pivot
En effectuant mon parcours de lecture du matin, je me suis rendu compte que nous étions très attachés au mot « pivot ». Mais pas uniquement par rapport à la FED. Aussi par rapport au fait que la trajectoire de la hausse que nous vivons depuis le début de l’année pourrait être interrompue prochainement ou pas, qu’elle pourrait pivoter bientôt et rendre les choses un peu moins « faciles ». Alors oui, la hausse et la confiance de ces derniers temps est principalement due au fait que l’on pense tous que l’on est plus proche de la fin du cycle de hausse des taux que de son début et que chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus du PIVOTAGE de la FED. Cependant, là tout de suite, on est en train de se demander si la séance d’hier n’était pas non plus une séance de PIVOT. On l’aime bien ce mot : PIVOT…
Hier les chiffres du PMI’s qui ont été publié un peu partout dans le monde montraient que l’économie tenait le coup. Ça n’était pas franchement l’euphorie et on n’a repéré personne qui dansait tout nu sur la table en s’arrosant de champagne tellement les PMI’s étaient bons. Mais ils n’étaient pas trop mauvais. En tous les cas, ils étaient suffisamment bons pour laisser planer l’espoir de ne pas tomber brutalement en récession juste au moment où l’on passait commande de la Mercedes C63 AMG avec les gains du trading de début d’année. En revanche, c’est les chiffres du trimestre qui posaient quand même pas mal de problèmes.
Les trimestriels : à boire et à manger – mais c’est pas du trois étoiles Michelin
Ce que l’on peut retenir des chiffres des publications trimestrielles, c’est que ça n’est pas forcément catastrophique – bien que cela soit principalement dû au fait que tout le monde a baissé ses attentes au raz des pâquerettes et que, du coup, c’est quand même vachement compliqué de décevoir. Cependant, la moindre alerte, la moindre surprise négative sera lourdement sanctionnée. Un peu comme quand tu dépasses la limite autorisée de vitesse en Suisse, le moindre kilomètre/heure au-dessus peut te faire basculer de bon citoyen honnête à tueur en série recherché par toutes les polices parce que tu as roulé à 35 km/h à la place de 30.
Et bien pour les trimestriels, c’est pareil en ce moment. Chez 3M on a annoncé des perspectives assez « noires » – et même si personne n’a envie de sauter au plafond en se projetant dans le futur et que ça devrait surprendre personne qu’une société fasse des prévisions très très prudentes, le titre s’est fait déglinguer de 6% et en plus ils ont raté les attentes déjà révisées à la baisse par les analystes. GE a publié de mauvais chiffres selon la critique, mais s’en sort pas mal. C’était aussi ok chez Verizon et chez Johnson & Johnson.
Après la clôture, nous avons encore eu Texas Instruments qui a montré des chiffres faibles qu’ils ont collé sur le fait que la demande était faible en termes de semi-conducteurs, mais finalement les experts en finance ont estimé que ça n’était pas une surprise et que cet état de fait était déjà largement dans les prix. Texas terminait inchangé after close. Et puis, il y avait Microsoft…
La saison des grosses Berthas à commencé
Hier soir on pouvait dire que la saison des trimestriels avait vraiment commencé lorsque que Microsoft est arrivé avec ses chiffres. On ne va pas se mentir, après ce que s’est pris le titre dans les dents depuis l’automne dernier, on peut se dire que les chiffres étaient pas mal et qu’ils ne s’en sortaient pas trop mal. Encore une fois. Ça n’était clairement pas Byzance et on a connu des publications plus sexy dans la boîte fondée par Bill Gates, mais on pouvait s’estimer content que ça ne soit pas pire. Dans un premier temps, le titre est même monté comme une fusée pour saluer ces relativement bons chiffres, surtout au niveau du Cloud, puisque les analystes estimaient que le secteur qui fait peur parce qu’il pourrait voir sa croissance ralentir – chose que l’on avait déjà vu le trimestre dernier – étaient « décents ».
Et puis on a découvert un problème : LA GUIDANCE. Je vous le dis tout de suite : il n’y aurait pas eu de guidance hier soir, le titre serait en hausse de quelque chose comme 7% pour l’ouverture de tout à l’heure. Sauf qu’il y a un idiot quelque part qui s’est dit : « tiens, si on l’essayait de faire de prévisions de comment tel ou tel secteur se comportera durant les trois prochains mois ? ça pourrait être amusant de faire des paris sur des trucs que l’on ne maîtrise pas vraiment ! un peu comme si on pariait sur des mecs à cheval et qui tournent en rond pour savoir qui va gagner… »… Et dans la foulée de l’idée de l’idiot en question, hier soir, Microsoft a déclaré que le business du Cloud n’était pas complètement foutu, mais qu’ils avaient besoin de 12 mois pour le remettre sur pied et relancer la machine. En gros : un message de prudence avec ralentissement de la croissance du Cloud pour les mois à venir. Du coup, les investisseurs se demandent si l’hyper-croissance du Cloud est définitivement terminée que ça va devenir un secteur chiant comme la vente de corn flakes ou la vente de tablettes de chocolat ou si ça n’est que temporaire et qu’une fois que Microsoft aura fait jouer sa magie, tout repartira comme avant. Comme on n’est pas fan du concept du « doute », la belle performance de Microsoft after close a été remise à zéro. Le titre se traitait en baisse de 1% after close. On aurait pu rêver mieux pour la première publication d’un des membres des GAFAM’s…
Le doute ?
Il n’y avait pas besoin d’être devin pour se dire que dès aujourd’hui, tout le monde va scruter les chiffres d’Amazon qui sont inévitablement AUSSI victimes du Cloud. Mais ça n’est pas que ça. Le coup d’arrêt de la séance d’hier, alors que les indices avaient cassé les tendances baissières, montrait bien que l’on a besoin « d’un peu plus » pour trouver la niak et la volonté d’aller plus haut en utilisant la vente des bijoux de grand-mère pour investir en bourse. Si l’on regarde le niveau des investissements qui ont été fait en ce début d’année 2023, on est probablement dans un des plus gros mois « d’inflows » depuis 12 mois. Tout le monde a jeté ses armes dans la bataille et qu’est-ce qu’il va nous rester pour février ???
Hier soir, si l’on prenait le temps de lire entre les lignes, on avait le sentiment que les gens se regardaient en bulls de faïence, histoire de voir si son voisin avait encore du pognon à investir ou alors est-ce qu’il avait déjà fait ALL-IN ce mois. Parce que si le ALL-IN est déjà fait, que restera-t-il comme munitions pour faire péter le marché à la hausse ? C’est la grande question que l’on peut se poser maintenant. Si Microsoft ne peut pas lancer la fête au village, si Amazon a des chiffres et des guidances prudentes et si Apple a eu une mauvaise année sur les ventes d’iPhone, il va nous rester quoi ? Meta ??? Me faites pas rire. Sans compter que l’on a encore Tesla, IBM, Boeing, Lam Research, ASML, Abbott et At&T qui vont publier aujourd’hui, sans parler d’Intel demain.
Non, nous sommes dans une zone délicate. Autant c’est une super nouvelle de voir que nous avons cassé la tendance baissière, autant on se motive à fond sur le thème du pivot de la FED. Tout le monde a sauté dans le train parce que l’on s’attend ENFIN à des déclarations encourageantes de la part de Powell la semaine prochaine. Nous avons nourri ce rallye sur des espoirs de « Pivot de la FED ». Si Powell nous balance une nouvelle volée de baffes dans la figure en expliquant mercredi prochain que le PIVOT, on pouvait se l’accrocher derrière les oreilles – UNE FOIS DE PLUS – et que dans la foulée, les NFP soient forts et que le CPI ne baisse plus aussi linéairement qu’attendu, j’ai comme l’impression que l’on va bien comprendre le concept de la chute libre sans parachute. Alors soit – ça fait pas mal de « SI » et de conditionnel, mais en même temps, que serait la finance sans le « SI » et le conditionnel ????
L’Asie
Du côté du Far East, la Chine et Hong Kong sont toujours en train de faire la fête pour la nouvelle année et le Japon continue de monter, mais un peu moins. Le Nikkei est en hausse de 0.5%. Le pétrole est autour des 80.3$ après quelques séances de hausse. Mais depuis hier des vendeurs sont réapparus parce que – je cite – les investisseurs sont inquiets face aux risques de récessions. Bon. C’est pas très grave, puisqu’en général les investisseurs ont peur des risques de récession seulement jusqu’à que l’on sente que l’inflation est sous contrôle et que la FED est au bord de pivoter. Ça se produit toutes les 24 heures. Alors patience.
Du côté de l’or, on est à 1929$ et comme il n’y a pas eu de commentaires de la part des grands de la finance qui sont venus prévenir que le Bitcoin allait à zéro et que c’était de la daube, le Bitcoin est toujours pas très loin des 23’000$, mais pas encore à 250’000$ comme annoncé en début d’année par une autre star de la finance. Par contre, si l’on veut parler de gourou de la finance qui pense qu’il est temps de tout vendre parce que l’on va tous mourir, hier il y a eu Jeremy Grantham de GMO à Boston qui est venu dire que la fête était finie et que la hausse de début d’année ça s’arrêtait là. Il pense que le S&P500 sera à 3200 à la fin de l’année et que si l’on casse les 3200 à la baisse, il pourrait y avoir une accélération de 10% supplémentaire. Ce qui mènerait à une baisse totale de 50% depuis janvier 2022 et après c’est BULL MARKET…
Les nouvelles
C’est avec ces nouvelles motivantes et encourageantes de la part de Grantham que l’on commence le chapitre des nouvelles du jour. Pour ce mercredi, nous commencerons avec le chapitre de la guerre puisque les Allemands vont envoyer des Leopard aux Ukrainiens, que les Américains devraient faire de même avec des Abrams et que les Français se tâtent encore parce qu’ils n’ont pas encore trouvé un Leclerc qui fonctionne correctement. Et puis le charmant Président Zelensky qui n’est jamais à court d’idée a demandé à son pote Manu d’interdire les athlètes russes aux JO de 2024. J’ai connu des enfants capricieux de 5 ans qui était moins exigeant que ce gars. Accessoirement, les experts estiment qu’en livrant des tanks aux Ukrainiens, le risque de guerre nucléaire augmente encore un peu. Ça doit être pour ça que les futures sont en baisse de 0.4% ce matin.
Dans un autre sujet, on notera qu’Hindenburgh Research – société spécialisée dans la recherche de boîtes pourries qui mentent aux actionnaires – a déclaré que le groupe indien Adani – dont le patron est dans le top 5 des hommes les plus riches du monde, serait une énorme fraude et que les investisseurs devraient se dépêcher de sortir de là. Le groupe Adani n’a pas répondu, mais il est tout de même très rare qu’Hindenburgh se goure. Ce matin en Inde, les différentes entités du groupe Adani baissent entre 2.5% et 6%. Et puis, Tesla va investir 3.6 milliards dans une usine au Nevada pour les batteries et les camions. Il y aussi le département de la Justice aux USA qui s’attaque à Google pour les forcer à faire un spin-off de sa division publicité, sans oublier Kolanovic, le stratège de JP Morgan qui est très très négatif sur les actions là tout de suite et pense que nous sommes au bord du gouffre, mais que nous allons faire un grand pas en avant…
Chiffres du jour
Pour ce qui est des chiffres trimestriels, on va s’accrocher à Tesla ce soir, ça sera clairement le plus fun et puis, du côté macro nous aurons le PPI en Angleterre, le ZEW en Suisse, l’IFO en Allemagne, les membres de la BCE qui se rencontrent mais pas pour prendre de décisions – juste pour nous faire plein de discours « hawkish » après. Et puis aux USA, il y aura les chiffres des hypothèques, le Redbook et les inventaires pétroliers.
Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.47% et on verra demain si reversal il y a ou si le marché dit : ENCORE PLUS HAUT !!! Passez une excellente journée et à demain ! Enfin, si vous en avez envie.
Thomas Veillet
Investir.ch
« The only impossible journey is the one you never begin. » -Tony Robbins