L’inflation recule. Normal, elle était essentiellement due aux disruptions Covid et à la crise énergétique.
C’est derrière nous, même si les impacts sur les entreprises, européennes surtout, dureront encore quelques mois. L’économie globale résiste bien. Il n’y aura pas de récession dure, il y a trop d’investissements (infrastructure, transition énergétique, onshoring, défense) qui soutiennent l’économie. Une économie de «guerre». Certes, les inversions des courbes des taux d’intérêt sont un bon indicateur de récession/ralentissement économique à venir, mais les bourses l’ont déjà anticipé en 2022, comme nous l’expliquons depuis 2 mois. Nous ne sommes donc pas opportunistes. Début décembre, nous soulignions le consensus historiquement élevé chez les stratèges d’une forte correction à venir au 1er trimestre 2023, un signal que les bas avaient été touchés. Le bas du bear market a été atteint mi-octobre 2022, et les indices européens et le Dow Jones Industrial sont sortis techniquement du bear market. Nous sommes dans une phase de transition plus volatile, d’un bear market à un bull market.
Ensuite, on peut rajouter quelques statistiques favorables comme la surperformance du S&P 500 dans l’année 3 d’un terme présidentiel ou la forte probabilité (80%) d’un rebond des actions après une année fortement négative (>10%). Il y a aussi la statistique des 5 premiers jours ouvrables d’une année pour le S&P 500: si cette courte période est positive, alors dans 83% du temps, l’année est positive avec une progression moyenne de 14%.
La majorité (elle se réduit) des stratèges s’attendent à un 1er semestre 2023 volatil, voire difficile, dans l’attente des données macroéconomiques, validant ou pas la récession, en tout cas son ampleur, et des signes tangibles d’une pause de la Fed – The Fed Pivot. Pour valider l’entrée dans un bull market, il faudra plus: que la technologie et les Big Tech repartent à la hausse, ce qui ne semble pas le cas dans l’immédiat à la vue des fondamentaux.
En 2022, les segments Value et cyclique ont nettement surperformé le segment Croissance. La hausse des taux d’intérêt et de l’inflation a pénalisé les secteurs/valeurs à hauts PER, mais pas seulement. Les importantes dépenses dans l’infrastructure, la transition énergétique et la guerre d’Ukraine ont soutenu le secteur industriel. Cette tendance devrait se poursuivre au 1er semestre, d’autant plus que les commandes dans le secteur de la défense vont accélérer, un secteur important pour l’industrie et la demande en métaux industriels.
Nous entrons dans la saison des résultats du 4T22. On commencera ce vendredi par les banques US avec JPMorgan Chase, Bank of America, Wells Fargo, Citigroup, Bank of New York Mellon, First Republic Bank et BlackRock.
Selon Factset, les profits US reculeront de 4.1%, ce qui portera la progression des profits en 2022 à +4.7%. Concernant 2023, après un 1er semestre plus difficile, les profits sont attendus en hausse de 4.8%, portés par la consommation discrétionnaire, la finance, l’industrie, et la technologie en 2ème partie d’année. Lipper Alpha estime un recul de 2.2% au 4T22, et -6.7% ex-énergie. Concernant l’Europe, Lipper Alpha anticipe une hausse de 14.4% des profits et de 7.1% ex-énergie.
Industrie. Nous surpondérons ce vaste secteur qui profite de la transition énergétique, des dépenses dans l’infrastructure, du onshoring et de la forte hausse des dépenses militaires. L’annonce de livraisons de blindés légers (AMX, Bradley et Marder) par la France, les Etats-Unis et l’Allemagne à l’Ukraine a fait bondir les cours des actions des sociétés de la défense.
Discrétionnaire. Neutre. La réouverture de la Chine et la fin des restrictions de voyage ont un impact positif sur les valeurs du luxe dont les Chinois sont d’importants clients. La Chine compte entre 25% et 45% des ventes des groupes. Le Suisse Dufry devrait grandement bénéficier de l’ouverture des aéroports. La réouverture de la Chine sera matériellement visible lorsque la géante vague Covid recommencera à redescendre, prévue vers mars-avril selon les modèles épidémiologiques.
Métaux industriels. Surpondérer. La demande est structurelle venant de la transition énergétique et de la hausse des dépenses militaires. La Chine pourrait y contribuer avec des plans de relance lorsque la vague géante Covid redescendra. La Chine doit reconstituer ses stocks à un moment donné.
Energie. La saison n’est pas propice à une hausse des prix de l’énergie. La demande commence à redémarrer au printemps/été, à la fin de l’hiver dans l’hémisphère Nord. Mais on manque de visibilité avec les sanctions occidentales sur le pétrole et le gaz russe. Début décembre, les Occidentaux ont mis en place un système de plafonnement du prix du pétrole russe. En février 2023, la Russie ne vendra plus (on verra bien) de pétrole aux clients qui participent au plafonnement du prix et les Européens commenceront des sanctions sur le diesel et le mazout russe. Les experts craignent une crise du gaz pour l’hiver 23/24 si la Russie stoppe ses exportations de gaz vers l’Europe. Les Etats-Unis vont devoir reconstituer leurs réserves stratégiques qui ont reculé de 43% depuis 2020 à 373 millions de barils.
Technologie. Le secteur devrait continuer de sous-performer. L’effet de base avec la sortie de la pandémie Covid va rester défavorable jusqu’au 2/3T23. L’inflation pèse sur les consommateurs; les ventes de PC, de TV et de smartphones chutent et celles des voitures souffrent de la hausse du prix de l’électricité. La pénurie de semiconducteurs en 2020 et 2021 subit un retour à la réalité conjoncturelle avec un recul des prix. Les équipementiers devraient profiter des investissements américains et européens pour réduire la dépendance à la production asiatique. La guerre des semiconducteurs qui fait rage entre les Etats-Unis et la Chine n’arrange pas les choses, car les producteurs et équipementiers occidentaux, incluant la Corée du Sud et Taïwan, ne peuvent plus vendre à des entreprises chinoises ciblées sur la «liste noire» américaine. Mais un effet de base positif et un plancher dans les ventes des PC et des smartphones quelque part au 2ème trimestre 2023 se traduiront par une forte reprise boursière du secteur de la technologie.
Big Tech. La baisse des cours de leurs actions rend les Big Tech meilleur marché. Meta Platforms a vu sa capitalisation boursière divisée par 4 en 2022. Le Congrès américain veut légiférer plus fortement sur les réseaux sociaux, mais jusqu’à maintenant le législateur, même bipartisan, n’a pas pu faire grand-chose, compte tenu de la puissance financière du lobby des Big Tech.
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