Nous sommes le 19 décembre. Le week-end prochain, il y a le gros mec en rouge sponsorisé par Coca-Cola qui va rentrer dans nos cheminées pour apporter les cadeaux et ensuite, ça sera pratiquement 2023. On vient de vivre la dernière semaine de l’année qui pouvait encore potentiellement être intéressante et depuis mercredi dernier, nous sommes en train de digérer, tout en sortant déjà les prévisions de l’an prochain. Le Christmas Rally a été rangé aux oubliettes et 2022 semble faire partie de ces années « où ça ne fonctionne pas ». En résumé, il ne reste plus qu’à se plonger dans les prévisions de 2023 pour trouver une justification pour aller au bureau.

L’Audio du 19 décembre 2022

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On se fait un résumé ?

Ce matin les futures sont en hausse de 0.05%. Le pétrole semble remonter parce que la Chine devrait se rouvrir – ça ne fait que 812 fois que l’on utilise l’argument – argument qui est généralement suivi par « OH Mais attention à la résurgence du COVID en Chine qui pourrait mettre à terre l’économie ». On se pose des questions sur la solidité des boîtes de cryptos comme Binance, surtout depuis que des auditeurs sont en train de cesser toute collaboration avec eux. Mais au-delà de cela, les experts en finance sont à 100 à l’heure et tentent de se mettre au point pour l’année prochaine.

Mais avant de parler de l’année prochaine, nous devons essayer une fois pour toute de savoir s’il faut trouver « hyper-chouette » le fait que l’inflation soit en train de céder du terrain grâce à la FED qui fait vraiment un boulot formidable. Ou si l’on droit trouver angoissant que la FED veuille continuer à monter les taux et, plus que ça continuer à NE PAS LES BAISSER avant fin 2023. En tous les cas, depuis que Powell a montré son inflexibilité la semaine dernière et qu’il a laissé entendre que la FED ne pivotera pas de sitôt, on sent comme un doute poindre dans la tête des investisseurs.

Récession en question

Une chose semble de plus en plus ancrée dans l’esprit de mes congénères (et du mien), c’est qu’il est quand même vachement compliqué de se projeter en 2023 en imaginant un instant que l’on va échapper à la récession en faisant des incantations aux Dieux de la finance. Pour le moment, la conviction que nous allons assister à une récession semble de plus en plus élevée et c’est simplement la gravité de la récession que nous devons encore évaluer. Est-ce que ce sera une récession éclair à la mode COVID ou alors est-ce que ce sera long et douloureux comme dans les années 30 où plus personne ne se souvient vraiment comment c’était.

Une chose est certaine, lorsque l’on prend le temps de lire les réflexions du week-end, on a un scénario qui est en train de se dessiner. La première chose qu’il faut retenir, c’est que le consensus à l’air de vouloir croire que la récession ne durera pas des années. Je dirais même plus, le consensus des stratégistes semble vouloir croire à une année 2023 positive en termes de performance. Sauf que…

Pas tout de suite

Sauf que la performance risque ne pas venir tout de suite. Globalement, et sans vouloir faire des statistiques très précises, il semblerait que Wall Street parierait sur un premier semestre tout pourri avec un rebond à partir du printemps ou de l’été et puis une fin d’année en fanfare avec certains qui envisagent même que la FED n’aura pas d’autre choix que de baisser les taux bien avant la fin de l’année 2023. Et ce, malgré que la FED en question ait dit le contraire il n’y pas plus de cinq jours.

Mais peu importe, si l’on fait de la finance et que l’on ne peut même plus raconter n’importe quoi histoire de voir si ça va marcher, à quoi bon faire de la finance. En tous les cas, une fois que ce premier semestre sera derrière nous, ça devrait rigoler et on parle même d’une performance nette de 10% en 2023 selon certains stratèges. En gros résumé et pour faire simple :

On va commencer l’année en enfer, il faudra ensuite trouver les points bas pour racheter et il n’y aura plus qu’à attendre le 31 décembre 2023 pour encaisser les gains et prendre notre retraite.

C’est presque trop facile comme scénario et je trouve que ça n’est même plus drôle. Enfin, toujours est-il que ce marché semble épuisé pour cette année (à moins que ça soit juste moi) et qu’il n’y a franchement plus grand-chose à en tirer. Il n’y aura plus de FED cette année, plus de rapport sur l’inflation, puisque ce n’est pas le PPI Allemand qui va nous changer la vie et à priori toute les rumeurs qui proviennent de la Chine – positives ou négatives – n’ont plus grande influence sur les marchés ou même sur le pétrole. Nous sommes à 5 jours d’un long week-end de Noël à venir et les intervenants n’ont plus vraiment d’imagination pour ces derniers jours – c’est en tous les cas l’impression que ça donne.

Plus que deux semaines

Toutes les banques centrales ont parlé – il ne restera plus que les Japonais, mais ça n’est pas eux qui vont changer la donne et je crois que l’on peut dire gentiment que c’est plié pour l’année. Vendredi on s’est dit « encore une fois » que la quadruple échéance pouvait changer la face du marché. Mais encore une fois, il ne s’est rien passé de concret. Rien qui aurait pu changer la face du monde et du fait, qu’à 12 jours de 2023, on n’a plus trop envie de se battre sur le floor pour grapiller quelques dollars. Tout en gardant à l’esprit que l’investisseur moyen à la capacité inouïe de s’inventer des prétextes en moins de 12 secondes. Des prétextes qui pourraient déclencher une explosion haussière ou une correction massive, même si là tout de suite on a juste l’impression que l’envie n’y est plus.

Nous allons donc nous contenter d’observer ce qui se passe ces prochains jours, histoire de voir si nous avons encore la capacité de s’exciter, sinon ça sera la descente en pente douce en direction de Noël, puis Nouvel An et on prendra le temps de repartir avec une page blanche les premiers jours de janvier. Ce matin c’est déjà l’angoisse en Asie puisque le Japon et la Chine baissent tous les deux parce que, je cite : « les intervenants ont peur de la récession ». Il n’est donc pas exclu que demain, ça remonte parce que, je cite : « les intervenants sont contents de voir que l’inflation est de plus en plus sous contrôle ». Oui j’avoue que l’on ne va pas loin avec des réflexions de ce genre, mais il faut tout de même noter que c’est pas moi qui ait commencé. Pendant que l’Asie est en baisse, le pétrole est à 75.33$, l’or est à 1803$ et le Bitcoin repasse sous les 17’000$ à l’instant.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que de plus en plus de monde commence à prendre paris sur le secteur des semi-conducteurs, on parle de plus en plus de soft-landing sur le secteur et il ne faudra pas forcément attendre une confirmation pour mettre les pieds dedans. On reprend toujours les mêmes et on recommence, Nvidia revient régulièrement en tête de gondole, mais étant donné la diversification et la complexité du milieu, acheter le SMH qui réplique le SOX semble être une bonne alternative aussi. Pendant que l’on retrouve de l’optimisme sur les semi’s, on entend aussi beaucoup, mais alors beaucoup parler d’Elon Musk qui était présent au Qatar pour voir la finale de la coupe du monde.

Le patron de Tesla et de Twitter en a profité pour balancer un tweet qui demandait à ses followers s’il devait quitter le poste de CEO de Twitter. Si le sondage se conclut par une majorité de oui, le pape de la voiture électrique devrait quitter son poste. Les actionnaires de Tesla sont – paraît-il – en train de fabriquer des faux comptes Twitter pour voter pour son départ. De plus en plus de monde estime que faire joujou avec Twitter péjore la performance de Tesla. Ce qui n’est de loin pas faux quand on voit la tronche du chart. Le titre est en baisse de 63% depuis les plus haut d’il y a 13 mois et vendredi on a encore fini au fond du bac. Autrement on parle du COVID en Chine et de l’explosion à venir – avec des prévisions d’un million de morts en 2023.

Graphique de Tesla – Source : Tradingview.com

Ce qui est assez fou c’est que c’est un COVID qui ne voyage pas, puisque le reste du monde n’est plus du tout inquiet qu’il puisse y avoir des débordements ailleurs sur la planète. En tous les cas, à voir les tripotages effectués par le Président Français hier soir sur les joueurs de l’Équipe de France, on voit clairement qu’il n’y a aucun danger de ce côté de la muraille de Chine. Et puis, dans les petites news dont on ne se préoccupe pas trop, on notera que le marché de l’immobilier en Allemagne semble prêt à nous faire une séance de saut en chute libre, mais pour l’instant on se dit que tout va bien se passer et aux USA une statistiquesvient de sortir pour signaler que le nombre de voitures qui ont été reprises par la banque suite à des traites non-payées est en forte hausse. En résumé, il y a deux ans la FED a mis les taux à zéro et tout le monde a acheté une nouvelle caisse au nom de la solidarité anti-covid et puis maintenant que les taux sont remontés au nom de la solidarité anti-inflation, ben rouler en vélo c’est bien aussi.

Coté chiffres

Comme vous le voyez, ce matin nous sommes partagés entre récession, inflation, espoir sur les semi-conducteurs et on fait mumuse avec des sondages pour savoir si Musk doit rester ou partir. Les futures ne font rien, l’Asie est en baisse parce qu’ils parlent récession et contamination au COVID en Chine et pour le reste, ça parle football.

Pour les chiffres du jour, nous aurons l’IFO en Allemagne et le niveau des salaires en Europe. En ce qui concerne le reste, le compte à rebours est enclenché : aujourd’hui on va craindre la récession, demain on brassera de l’air. Mercredi on parlera du COVID en Chine, jeudi on se rendra compte qu’il manque un cadeau de Noël et vendredi on ira vite faire les courses pour éviter de se faire massacrer dans la cohue de samedi. Et puis mardi prochain on se rendra compte que dans 4 jours, c’est fini pour 2022. Et ça ne manquera à personne.

Passez un très bon début de semaine et ceux qui ont une recette de bûche Noël facile à faire, n’hésitez pas à me la faire suivre. Excellente lundi et à demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

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