Si a passé cinquante ans, vous n’avez pas déjà songé à planifier votre retraite, vous ne pouvez pas vous accorder un jour de plus sans y remédier. Les plus ou moins dix années qui vous séparent de la retraite pourront vous paraître longues, mais les vingt ans qui suivent pourraient sembler encore plus longues en l’absence de revenus suffisants.

À contrario, une dizaine d’années se révèle tout juste acceptable pour exécuter un plan d’investissement retraite.

Sur les vingt années «standard» de retraite, et grâce aux progrès de la médecine, plus de quatorze sont vécues en bonne forme et permettent de voyager, de travailler différemment, de faire du bénévolat, de s’occuper des petits enfants ou de réaliser tout ce que vous repoussez aux calanques grecques depuis des années.

Les calculs de l’espérance de vie présentent un fait amusant : l’âge espéré diffère selon qu’il est mesuré à la naissance ou à l’âge de la retraite. En effet, l’Office fédéral de la statistique nous dit venir sur terre suisse avec 83,65 années devant nous (moyenne homme/femme en 2021), mais si vous atteignez 65 ans, votre horizon passe à presque 86 ans entraînant un «sursis» de 2 ans. Et si vous dépassez les 80 ans, vous aurez de grandes chances de franchir la barre des 90 ans. Autrement dit, plus nous vivons vieux, plus nous vivons vieux…

Lacunes du système et lacunes personnelles

Afin de maintenir votre train de vie, votre revenu de retraite devrait idéalement se situer aux environs de 80% de votre salaire actuel. En effet, la retraite offre 100% de temps libre que vous pourriez comparer aux 37% des 5 semaines de congés payés et des week-ends !

Alors s’il paraît évident qu’une partie des décaissements liés au travail disparaîtront (une voiture devenue inutile, les repas du travail, etc.), des nouvelles activités tels que les voyages par exemple pourront vite les remplacer. Gardons également à l’esprit que des frais de santé supplémentaires et non remboursés par les assurances maladie pourront s’ajouter aux autres dépenses.

Que donnent l’AVS et la caisse de pension?

Le système de retraite suisse des deux premiers piliers assure en moyenne 60% du dernier salaire.

Si votre rémunération ne dépasse pas les 90’000.- francs par année et que vous ne souffriez d’aucune lacune AVS ou LPP, c’est à peu près à ces 60% que vous pouvez vous attendre soit, 4’500.- par mois avant impôts.

Dans le cas où vous montreriez des lacunes de cotisations, vous pouvez prévoir moins de rente.

Enfin, plusieurs études récentes montrent que les 60% de revenu attendus devraient baisser à l’avenir. Et ce malgré la votation de 2022 sur l’AVS et la réforme à venir sur le deuxième pilier.

Quelles pistes pour augmenter son niveau de vie à la retraite?

Chaque situation diffère. Il convient de chercher une solution sur mesure, adaptée à votre style de vie et aux possibilités de votre patrimoine. Plusieurs personnes peuvent vous assister pour y voir plus clair. Je pense notamment au notaire et au planificateur financier.

La première étape consiste à réfléchir et à esquisser ce à quoi pourrait ressembler votre retraite. Pas besoin de concevoir des plans sur la comète, même si rien n’empêche de rêver! Vous pourriez par exemple vous demander si vous conserverez la maison familiale, si vous aiderez vos enfants à devenir propriétaires grâce à des dons ou si vous voyagerez un peu, beaucoup, à la folie… Ce sont des questions utiles.

À ce stade, vous pourriez en profiter pour régler votre succession en protégeant votre conjoint notamment.

La deuxième phase est de définir avec assez de précision le montant de la retraite auquel vous allez pouvoir prétendre.

Dans un troisième temps, vous devrez évidemment épargner. Mettre de côté 20% de votre revenu n’apparaît pas comme exagéré. Cela est d’autant plus vrai si seul le deuxième pilier compose votre fortune. Déterminez votre épargne mensuelle à l’aide d’un budget réaliste.

Pour toutes ces étapes, faire appel à un planificateur financier recèle de nombreux avantages. Outre le fait qu’il pourra calculer précisément vos droits de retraite, il pourra aussi vous aiguiller pour maximiser votre niveau de vie à la retraite tout en augmentant vos gains fiscaux. Cette stratégie sur mesure devra prendre en compte des éléments aussi variés que vos envies, la composition de votre patrimoine, la présence d’une résidence principale, l’âge des enfants ou encore votre état de santé.

Enfin, une fois que vous êtes au fait de l’objectif et du montant que vous pouvez épargner, vous serez à même de structurer vos investissements sur les dix prochaines années.

Priorité au troisième pilier A

Lorsque l’on évoque la prévoyance retraite personnelle, l’une des premières solutions qui nous viennent à l’esprit est le troisième pilier. Simple à mettre en place, il nécessite quand même une réflexion sur la forme qu’il va prendre.

À 50 ans passés, il est souvent trop tard pour conclure une assurance vie. Un compte bancaire semble plus pertinent. Il vous restera à choisir entre une rémunération à 0% et un dépôt plus volatil, mais avec des perspectives de rendements supérieurs.

Un salarié peut injecter jusqu’à 6’883.- par année en troisième pilier (chiffre 2022, 7’056.- en 2023). Ce montant, déductible de votre revenu taxable, pourra vous faire économiser selon votre situation de quelques centaines de francs à plus de 3’000.- d’impôts par année. Ce faisant, vous augmenterez votre épargne disponible.

Racheter son deuxième pilier

Dans les dernières années de votre carrière, vos salaires n’ont jamais été aussi élevés… vos impôts aussi!

Si votre caisse de retraite le permet, vous pourriez racheter un certain volume de capital. Ce montant se déduira également de votre revenu imposable.

Deux règles sont à respecter ici:

La première, et à condition de prévoir un retrait en capital à la retraite, consiste à ne pas racheter votre caisse dans les trois années précédant votre départ en retraite. Dans ce cas, le fisc pourrait vous rattraper avec le motif de «l’évasion fiscale». Rien de bien grave, mais vous serez appelé à rembourser les économies d’impôts obtenues grâces aux trois derniers rachats.

La seconde «règle» réside dans le fait que vous générerez plus de profit en investissant des sommes « faibles » le plus longtemps possible dans votre caisse plutôt que des montants importants en peu d’années. Vous trouvez plus de détail ici.

Retenez également que ces rachats de capital pourraient servir à rembourser une partie de votre dette hypothécaire et que vous serez imposé sur les retraits de capitaux de prévoyance, qu’il s’agisse du 2e ou du 3e pilier. Cet impôt est défini par votre lieu de résidence fiscale ou par la domiciliation de l’institut de prévoyance si vous avez quitté la Suisse.

Vous êtes propriétaire?

Si vous possédez votre résidence principale, finaliser les travaux de modernisation et les grosses rénovations peut être une bonne idée.

En plus d’économiser des impôts, vous pourrez attaquer la retraite sans ce souci de restauration à subir (pensez que vous aurez dix ans de plus…). Une maison saine permettra également de trouver facilement un acquéreur si vous souhaitiez ou si vous deviez vendre.

Dans le même esprit que les rachats de deuxième pilier, vous devriez idéalement étaler les factures des travaux sur plusieurs années afin de maximiser les rabais d’impôt.

Enfin, faites bien attention à ne pas sous-estimer le montant de d’hypothèque que vous pourrez conserver après 65 ans. Vous devrez peut-être en rembourser plus que vous ne l’imaginez et donc constituer plus d’épargne que les recommandations du début de l’article.

En conclusion

Il n’existe pas de recette miracle et une solution sur mesure est à prescrire. Un planificateur financier neutre et indépendant doit pouvoir vous guider dans les différents choix qui s’offrent à vous.

Vous devriez aussi garder un minimum de flexibilité dans votre patrimoine afin de pouvoir adapter votre situation aux nouvelles envies qui pourraient surgir.

 

Raphaël Battu a fondé le site MaRetraite.ch en 2019 afin de fournir des réponses aux questions que ses clients lui ont souvent posées et mettre à profit son expérience et son expertise au service de tous. L’objectif du site est d’expliquer de manière simple les différentes problématiques de la prévoyance en Suisse et d’aider les lecteurs à gagner leur indépendance financière.