Nouvelle journée de baisse un peu partout dans le monde. Journée de baisse qui aura été basée sur la digestion de ce qui a été dit à Jackson Hole et le fait qu’il fallait que l’on s’approprie ce nouveau monde dans lequel nous sommes. Nouveau monde qui nous aura appris que Powell n’est plus très arrangeant et qu’il a d’autres priorités que de satisfaire nos égaux de super-traders ultras confiants. Une autre priorité qui s’appelle l’inflation. Comme disait un stratège bien connu hier : « lorsque le patron de la FED mentionne 45 fois le mot « inflation » en 8 minutes, tu sais que quelque chose a changé ». Oui dorénavant, il va falloir resserrer les boulons et patienter pour voir la FED pivoter.

L’Audio du 30 août 2022

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Temps mort

Avant que l’on ait un peu plus de gras à se mettre sous la dent avec les chiffres du CPI en Europe aujourd’hui et demain, nous avons donc passé notre journée à revenir sur le sujet de Powell à Jackson Hole. On a quand même un peu l’impression que ses mots représentaient un peu la fin de la récréation. Le professeur qui nous a laissé jouer cinq minutes de plus dans la cour, il a été bien sympa. Mais là on arrête de rigoler, on reprend nos bouquins d’économie et on commence à comprendre qu’il faut faire les choses les unes après les autres. Et pour ce qui est de la récession, on verra plus tard.

Alors oui, plein d’experts en finance, dont ceux de BlackRock pensent que la FED va trop loin et qu’ils mettent à risque l’économie et la toute puissance économique des États-Unis. Il y a aussi plein de politiciens qui ont peur que Powell mette le pays en récession et que ça leur retombe dessus après, alors dans le doute, ils commencent à tirer à boulet rouges sur le patron de la FED. Le problème avec tous ces gens qui donnent leurs avis, c’est qu’à la fin ; t’as beau pas être d’accord avec ce que fait Powell, sauf que le patron, c’est lui et pas toi. Il va donc falloir que l’on apprenne à composer avec ce nouvel état de fait et repenser nos portefeuilles, se calmer momentanément sur la croissance, privilégier les défensives – gros classique des marchés du « j’y vais mais j’ai peur » – et puis il va aussi falloir commencer à penser à certaines positions importantes dans tous les portefeuilles aux USA : « qu’est-ce que l’on fait de nos Amazon, de nos Meta, de nos Apple, de nos Google et de nos Microsoft ?? » – Qu’allons-nous faire de cette extrême concentration sur ces titres qui sont les rois du monde depuis des années ? La question commence à tourner dans certains médias américains. Faut-il réduire en attendant la fin de la tempête ou alors on mourra avec s’il faut ?

Les GAFAM font-il encore partie des titres de croissance ou pas ? On s’interroge et en plus de savoir à quel moment la FED va recommencer à être gentille avec nous, ça nous donne d’autres sujets de conversation.

Un lundi pour décuver

Nous avons donc passé un lundi à écouter les experts, à digérer la nouvelle de vendredi et à se dire que la prochaine fois on ne recommencera plus. Comme après chaque gueule de bois. Alors que l’on sait pertinemment que l’on recommencera, mais ça c’est une autre histoire. Mais en plus d’avoir fait notre introspection vis-à-vis de nos relations ambivalentes avec la FED, nous avons aussi dû commencer à nous préparer pour la suite des évènements. Non parce les quatre jours qui restent dans la semaine ne seront pas des vacances. Il y aura quand même d’autres sujet à aborder en plus de celui du fait que Powell, il est pas gentil.

Et quand je parle de sujet à aborder, je ne parle pas du Muppet Show qu’ils sont de nouveau en train de nous faire sur les titres Ultra-Spéculatifs. Hier Bed, Bath and Beyond a encore pris 25%, parce que, je cite : « les investisseurs se préparait à la journée de mise au point stratégique qui aura lieu aujourd’hui 30 août ». Alors je ne sais pas ce qu’ils attendent comme update stratégique, mais pour avoir pris 25% hier soir, il est probable que Bed, Bath and Beyond devraient annoncer :

1) Un vaccin contre le COVID qui fonctionne (lui)
2) Un vaccin contre la variole du singe
3) Un vaccin contre la nouvelle pandémie que l’OMS va nous inventer dans trois semaines
4) Une nouvelle voiture électrique qui roule sans pilote et qui a une autonomie de 1’000 kilomètres, avec la climatisation en marche, les essuie-glaces et le chauffage en marche (le même type de voiture que Musk nous promet depuis des années)
5) Et une fusée qui va sur la lune, mais qui fonctionne, elle
6) Et pour terminer le fait que la société a gagné un milliard au Powerball et n’a plus besoin d’investisseurs extérieurs.

Sinon, je ne vois pas trop la raison qui pousserait le titre à monter de 25%. Ou alors il y a de la spéculation. Je ne sais pas. Ces nouvelles importantes mises à part, il y a tout de même un sujet que l’on se doit d’aborder, c’est le CPI en Allemagne qui va sortir tout à l’heure. Un chiffre de l’inflation qui ne devrait pas être plus bas que le mois dernier, surtout lorsque l’on sait que l’Allemagne vient d’annoncer qu’elle a rempli ses réserves de gaz pour l’hiver et qu’elle n’a pas lésiné à la dépense. On peut donc s’imaginer que ça va se ressentir dans les chiffres de ce matin. Et si les chiffres sont super-forts, inutile de dire que l’on va INÉVITABLEMENT commencer à parler de ce que va faire la Banque à Christine la semaine prochaine.

L’Europe dans le sillage des USA, mais en pire

Oui, parce que depuis que les USA ont commencé à monter les taux, l’Europe n’a rien fait d’autre que revenir à zéro et serrer les fesses en espérant un miracle. Et même Macron le Messie qui ne fait pas d’erreur et qui a plein d’amis chez McKinsey n’a pas réussi à inverser la tendance. Le Vieux Continent semble quand même se diriger dans une merde noire à l’aube de l’automne et comme les sanctions misent en place contre la Russie sont en train de se retourner contre eux, on ne sait pas trop comment ça va se passer ces prochains temps. Mais pour être franc, je suis plus inquiet pour l’Europe que pour les USA. Les USA s’en sortent tout le temps, la preuve, ils sont venus en Europe entretenir la guerre entre la Russie et l’Ukraine et le grabataire est reparti avec Air Force One en laissant les Européens se débrouiller.

Depuis l’Europe claque plus de pognon pour acheter des armes à Zelensky que pour elle-même et se noie au milieu des sanctions antirusses et on n’entend plus les Américains. Sans oublier que 40% des terres agricoles ukrainiennes sont dirigées par des capitaux américains. Ce qui n’a rien à voir.

Tout ça pour dire qu’entre le CPI allemand ce matin et le CPI de Macron demain – le CPI post-fin-de-l’abondance – on risque de reparler du fait que l’Europe n’est pas vraiment sur le toit du monde économiquement parlant. Et puis, ce soir aux USA, il y aura le Redbook et la confiance du consommateur. Sans parler des chiffres de l’immobilier. Si la confiance du consommateur sera intéressante à observer – sachant que l’Américain moyen ne lit que les pages sportives – je me réjouis également de voir le marché immobilier ralentir encore un peu plus avec les taux hypothécaires qui atteignent des niveaux proches des taux d’usure. Pour l’instant on ne s’inquiète pas de l’immobilier, mais dans l’ambiance actuelle, ça pourrait quand même être le prochain problème… celui qui permettra au S&P500 d’aller faire de « new lows » pour l’année.

En Asie

Ce matin en Asie la Chine est en baisse de 1% et le Japon remonte de 1% après la correction d’hier. Il faut dire que les futures sont en hausse et que l’on entend un peu partout que l’on a « intégré » le discours de Powell. Je ne dis pas qu’on l’a COMPRIS. Juste intégré. Du coup, on peut racheter parce que l’on sait qu’à la fin c’est toujours les Bulls qui gagnent et que c’est facile la bourse. Bon sang de bonsoir de mille sabords.

Côté Bitcoin ça remonte au-dessus des 20’000$ et on entend aussi quelques soupirs de soulagement. C’est pas encore cette fois que l’on ira à 14’000$. Petit détour par l’or pour voir qu’il est à 1747$ et que tout le monde s’en fout, en revanche, côté pétrole c’est moins drôle mais on préfère ne pas trop en parler parce que ça fait mal au bide. J’en touche deux mots quand même. Le baril est en-dessus des 96$ et l’Arabie Saoudite qui est notre amie – ne l’oublions pas – est en train de parler de réduire la production. Oui, parce que là, avec ce qui nous attend cet hiver, ça paraît être une bonne stratégie. Une bonne stratégie pour payer le yacht de 78 mètres qui est en train d’être fabriqué en Hollande pour l’été prochain, ça c’est sûr. Donc du coup, je ne suis pas certain que ça soit un bonne nouvelle pour ceux qui comptaient se chauffer avec un générateur équipé d’un moteur V8 cet hiver. Sans compter que quand on lit les rapports matinaux, on nous dit que le baril monte parce qu’il y a « aussi » des tensions en Lybie. Tiens, je ne savais qu’il y avait eu un jour ces 50 dernières années, où il n’y avait PAS EU de tensions en Lybie. Tout ça pour dire que pour compenser la hausse de l’énergie cet hiver, je me demande si ça n’est pas une bonne idée d’acheter des calls sur le pétrole.

Les nouvelles du jour

Côté nouvelles du jour, on nous dit dans le médias que l’inflation ne baissera pas tant que le gouvernement continuera de dépenser comme il dépense. Peu importe le niveau des taux. On nous dit aussi – selon Stephen Roach, économiste – que le pire est à venir et qu’il faudrait un miracle pour que les USA échappent à l’inflation. Elon Musk nous dit qu’il aime le pétrole, qu’il aime le nucléaire et qu’il pense qu’il faut quand même chercher des alternatives. Mais que l’on a besoin du nucléaire et du fossile. D’ailleurs le Japon s’intéresse à nouveau au nucléaire. Les thons de deux tonnes et de 18 mètres après l’histoire de Fukushima n’ont pas suffi. Elon Musk nous dit aussi que SA priorité, c’est d’inonder le marché avec des Tesla sans conducteur. Chose qu’il nous promet pour dans six mois – comme il nous le promet pour dans six mois depuis 5 ans. Mais c’est Elon Musk, alors on ne peut pas dire du mal.

Autrement la fusée Artémis de la NASA, qui doit représenter le retour des Américains sur la lune (ou la première fois sur la lune selon ceux qui n’y croient pas), n’a pas pu décoller à cause d’un défaut sur un moteur. Bon, tu me diras après avoir payé plus de 4 milliards pour bricoler une fusée avoir un moteur qui ne fonctionne pas, c’est rageant. On n’est donc pas encore sur la lune. Et puis, autrement, il y a plusieurs analystes techniques qui craignent le pire sur le S&P500, le niveau à surveiller c’est le niveau des 3’900. Si ça lâche, c’est le Titanic.

C’est visiblement pas pour aujourd’hui puisque les futures sont dans le vert et que Bed,Bath and Beyond devrait faire un update stratégique qui pourrait changer la face du monde. Ensuite, on se concentrera quand même sur le CPI germanique, ça peut être rigolo. Pour le reste, passez une très bonne journée et à demain !!!

Thomas Veillet
Investir.ch

“Kill them with success. Bury them with a smile.”

-Harvey Specter.