Les décisions étonnamment unanimes prises par les dirigeants européens concernant le soutien ukrainien et les sanctions russes ont ravivé l'idée d'une Europe plus intégrée. L'Union européenne envisage d’émettre de nouvelles obligations ¨conjointes¨ pour soutenir l'augmentation des dépenses de défense et d'énergie. Cela cimenterait le processus d'intégration économique de l'UE qui s'était déjà accéléré pendant la pandémie avec le lancement des premières obligations conjointes.
Le plan NextGenerationEU offre une chance unique
Ce mécanisme présente un faible risque car il est soutenu par le budget de l’UE et les états membres. Le financement maximal que la Commission peut demander aux États membres a été relevé de 0,6% du revenu national brut (RNB). Cette augmentation temporaire s’appliquera jusqu’à l’échéance de la dernière obligation du NGEU en 2058. Elle vient s’ajouter à son plafond permanent de ressources propres de 1,4% du RNB. La Commission prévoit également d’introduire de nouvelles ressources, comme une contribution basée sur les déchets plastiques non recyclés, la récupération d’une partie des revenus du système d’échange de quotas d’émission de CO2, le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières et une taxe numérique.
Une référence paneuropéenne sûre et liquide sera la prochaine étape
Les obligations NGEU sont une pierre angulaire de la politique commune européenne
Les benchmarks actuels sont l’Allemagne et la France. Les deux ont de solides notations et une courbe très liquide. Cependant, ils sont vulnérables aux chocs idiosyncratiques.
Le NGEU est encore une structure récente et ne compte que 71 milliards d’euros d’obligations émises en 2021. Les choses vont changer. L’UE doit émettre pour 800 milliards d’ici 2026, ce qui en fera l’un des plus grands émetteurs de dette publique de la zone euro.
Le plan de financement du NGEU se distingue des autres programmes souverains européens par sa forte proportion d’obligations vertes. L’UE vise à augmenter l’émission de ces obligations jusqu’à 30% (240 milliards) pour devenir le plus grand émetteur d’obligations vertes au monde.
La 1ère émission d’obligations vertes du NGEU en octobre 2021 avait atteint une taille record de 14 milliards pour une demande de 135 milliards. Un actif européen liquide, vert et sûr permettrait de satisfaire la demande en décarbonation des investisseurs alors que seulement 1,3% des obligations souveraines en euros sont vertes.
Les obligations NGEU peuvent devenir le nouveau benchmark de top qualité
Cependant pour être attractive, la dette NGEU doit offrir une grande liquidité. La Commission européenne vise à développer une courbe complète en utilisant les mêmes méthodes que les principaux émetteurs souverains comme un calendrier d’émission régulier, par adjudications et syndications, et par l’intermédiaire de «primary dealers». Elle utilisera une large gamme de maturités allant de 3 à 30 ans. L’étape ultime serait le développement d’un marché de futures
Avec une notation AAA et un label vert, la dette NGEU a tout pour réussir
Un succès commercial est un prérequis à la mutualisation de la dette