S’il y a un truc dont on a entendu parler 8284 fois ces dernières semaines, c’est le concept de l’achat au son du canon. Les anciens disaient que quand une guerre éclatait dans le monde, dès que le marché baissait dans la panique des premières explosions, il fallait vendre les bijoux de la grand-mère pour aller acheter le marché et attendre que ça se calme pour vendre. En gros ; attendre le son du clairon. Il est probable que l’on soit en train de vivre la naissance du plus gros bull market de l’histoire, parce que si l’on se base sur ce qui se passe en Crimée depuis plusieurs années, Poutine n’est pas près de venir jouer du clairon. Du pipeau non plus, d’ailleurs.

L’Audio du 25 février 2022

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Jour 1, épisode 1

Hier matin les Russes sont donc rentrés en Ukraine et visiblement, ce n’est pas pour faire du shopping hors-taxes. La guerre a donc commencé et comme on s’est soudainement rendu compte que l’Ukraine était à 2250 kilomètres de Bevaix, dans le canton de Neuchâtel et que si les chars de Poutine prenaient la route ce soir, d’ici la fin du week-end, ils pourraient être en train de manger une fondue au bord du Lac. Pour autant que leur préoccupation soit bien de venir manger une fondue.

À partir de là, la panique a commencé en Europe et l’affaire aura été classé en quelques minutes. On a peur, c’est la première fois que l’on a une guerre en Europe depuis que les Américains ont botté le cul aux Nazis en 45 et on trouvait ça nettement plus facile à supporter quand ces guerres se passent dans des pays très très loin où y a du sable et du pétrole, que quand c’est juste à côté. Du coup on arrive assez facilement à imaginer que si Poutine se prend des désirs de devenir Gengis Kahn, il n’aurait qu’à se baisser pour s’emparer de la Pologne, de recréer la Tchécoslovaquie et de finir la semaine en reconstruisant le mur de Berlin avec des morceaux de la Tour Eiffel qu’il aurait été chercher au passage pour consolider l’ouvrage. Sachant que nous avons une capacité d’imagination assez folle, les indices européens se sont fait massacrer sans vergogne, d’autant que l’on attendait une intervention musclée de Joe Bidet hier soir. Les plus angoissés imaginaient même qu’il pourrait envoyer les Navy Seals à Moscou pour kidnapper Poutine directement au Kremlin déclenchant immédiatement une guerre nucléaire en guise de représailles.

Et puis en fait non.

Des sanctions qui n’impressionnent que la Maison Blanche

En fait, les sanctions que l’Europe, l’OTAN et les USA ont décidé de prendre… – mais pas la Suisse, non parce que la Suisse préfère condamner ferment, mais ne pas prendre de sanctions, parce que d’abord c’est mauvais pour le business du Crédit Suisse (oui, elle est facile celle-là, mais OBLIGATOIRE) et puis ensuite parce qu’on préfèrerait quand même que les F-35 que l’on a commandé arrivent avant de se fâcher avec Poutine. F-35 qui serait probablement collés au sol en moins de 12 minutes par les flottes de Sukhoi 35, mais il semblait qu’Ignacio Cassis tentait un coup de bluff magistral pour faire douter Poutine…

Pendant que la Suisse levait la main droite en l’agitant TRÈS fort et en faisant les gros yeux, Biden a lâché les chiens en interdisant l’accès au FOREX à plusieurs banques russes et en décidant d’embêter les Oligarches Russes un peu partout dans le monde en leur interdisant les accès aux hôtels de luxe et en maintenant leurs yachts à quai dans le port de Monaco. Par contre, il a décidé de ne pas interdire l’accès au système SWIFT aux banques russes, parce qu’il ne veut pas être trop « brutal » et se faire tancer par AMNESTY international pour violence envers l’envahisseur. Mais en revanche, il n’exclut pas de le faire un jour. Pendant ce temps, Emmanuel Macron-Kennedy a décidé de rediriger sa campagne pro-vaccin en direction de la Russie et dorénavant, il n’essayera plus d’emmerder les non-vaxx français, ni même d’emmerder l’ensemble du peuple français, il ne se contentera plus que d’emmerder Poutine. Certains rapports font d’ailleurs état du fait que Poutine était en pleurs rien qu’à entendre cette nouvelle.

Le fait que les sanctions n’étaient pas trop dures face à la Russie qui est finalement assez sympa – surtout sur la base du fait qu’ils pourraient tout de même couper le gaz à tout moment – a permis au marché américain de nous offrir un des 9 rebonds les plus magistraux de l’histoire du Nasdaq.

La VIX à 38

Entre les montagnes de cash qui avaient été accumulées ces derniers mois, entre le fait que les sanctions anti-russes étaient plutôt cool et le fait que l’indice de la volatilité atteignait des niveaux classiques de signal d’achat ; les traders n’ont pas hésité une seconde et ont dégainé leurs tickets d’achat. En l’espace de quelques heures l’indice technologique qui avait entamé la séance en zone de Bear Market a tourné la veste et est passé de moins 3.5% à plus 3.34% – nous sommes donc passés de « on va tous mourir, Poutine est le nouvel Hitler et il va envahir l’Alsace et la Lorraine ce week-end » à « C’est cool, Biden n’a pas bloqué le système SWIFT, on peut vendre les bijoux de la grand-Mère ET la grand-mère pour acheter le marché au son du canon ». Ce matin les futures sont en baisse de 0.5% en entendant des explosions à Kiev et on se demande si on va attendre le son du clairon pour tout vendre.

La question que tout le monde se pose, c’est de savoir si Poutine est juste là pour reprendre l’Ukraine et agrandir son terrain de jeu ou s’il va continuer tant qu’on ne lui dit rien et s’arrêter sur les plages d’Ibiza quand le baril sera à 200$ et que ça coûtera trop cher de faire le plein de ses navires de guerre pour les envoyer débarquer sur les plages de Floride avec l’armée cubaine à ses côtés. Il semble plutôt évident que personne n’a la réponse et que la volatilité que nous avons expérimentée hier devrait s’installer durablement dans les marchés, tant que le Président Russe fait la sourde oreilles aux doléances des politiciens étrangers et aux pilotes de formule un qui veulent déjà boycotter le Grand Prix de Russie (enfin, surtout Sebastian Vettel).

C comme Ce matin

Ce matin l’Asie est en hausse sauf Hong Kong qui rebaisse de 0.35%. La Chine a réagi très calmement à l’invasion russe, en précisant presqu’il ne fallait pas jeter la pierre à Poutine et qu’envahir un pays, ça n’arrive pas qu’aux autres. On dirait presque qu’ils préparent le terrain pour quand ils décideront que Taïwan ça ferait quand bien de l’avoir au patrimoine immobilier de la Chine. C’est en tous les cas ce que tout le monde regarde comme « prochain challenge pour Biden ».

Pendant ce temps, le pétrole a profité qu’on avait le dos tourné pour aller taper les 100$ et revenir à 95$ parce que tout le monde jouait le rebond et l’or se redégonflait en direction des 1914-1918, après avoir tapé les 1939-1945 hier. Le Bitcoin remonte également puisqu’après avoir été au bord du gouffre hier, la crypto-star est sur le chemin de la rédemption en hausse de 10%, sachant qu’il n’a plus qu’à monter de 962’000$ pour atteindre le target de Madame Cathie Wood.

Nouvelles du jour

Pour ce qui est des nouvelles du jour, on retiendra les appels à l’achat qui viennent des États-Unis, plusieurs stratèges sont de sorties pour recommander de serrer les fesses, d’utiliser son cash pour acheter et attendre patiemment le rallye d’été. Ils n’ont, en revanche, pas précisé de quel été on parle. On espère vraiment que ce sera celui de 2022. La star de l’investissement technologique, Dan Ives, recommande l’achat des mega-caps technologiques et du secteur de la cyber-sécurité. On retiendra aussi qu’Emmanuel Macron-Kennedy a appelé le Kremlin hier pour EXIGER la fin de l’offensive de Moscou.

Il paraîtrait qu’il a eu plusieurs fois le répondeur de Poutine mais qu’à la fin il ait pu laisser un message. Le Kremlin a déclaré que l’échange entre le répondeur et Macron avait été franc, mais le répondeur a gagné en concluant : j’en n’ai rien à foutre. Pour le reste, tout tourne autour de la Russie et de l’Ukraine et un peu autour de la FED, parce que la FED pourrait revoir sa politique en fonction de ce qui est en train de se passer. Ça n’est pas la FED qui a annoncé quoi que ce soit, c’est les experts qui spéculent. Mais que l’on se rassure, Christine Lagarde va parler tout à l’heure et on pourrait y voir plus clair. C’est pas sûr, mais on pourrait. Quoi qu’il en soit, si vous survolez la presse financière de ce matin, bonne chance pour trouver un autre sujet à aborder que la guerre en Ukraine. Même à l’époque du COVID, on n’arrivait pas à un tel monopole.

Chiffres du jour

On notera encore qu’en plus de Madame Lagarde, il y aura aussi le GDP en Allemagne et on scrutera intensément le compte Twitter de Macron pour savoir s’il prend le Charles De Gaulle pour monter à Moscou ou si Biden décide de nouvelles sanctions contre Poutine, comme interdire Nikita Mazepin de conduire une formule un cette saison, peu importe quoi mais rien qui donne envie à Vlad de couper le gaz.

Les futures sont toujours en baisse et on se pose toujours autant de questions. Je vous souhaite un bon week-end, un très bon vendredi et on se retrouve lundi pour se poser encore plus de questions sans avoir pour autant la moindre réponse.

À lundi !

Thomas Veillet

Investir.ch

« Leadership is the art of getting someone else to do something you want done because he wants to do it. » – Dwight D. Eisenhower