En dehors de l'énergie, ils ne s'en préoccupent quasiment pas.

Les grands médias généralistes regorgent d’articles géopolitiques. Il faut dire que la matière abonde. La Russie n’hésite pas à narguer les pays occidentaux en vendant des armes à la Turquie, à l’Arabie saoudite et à se positionner en Afrique noire (via Wagner au Mali notamment). La Russie et la Chine, plus proches l’une de l’autre que jamais, ne cachent pas leurs visées territoriales régionales. Les deux pays mènent des campagnes actives d’intimidation, voire de déstabilisation. Dans une coordination qui n’est sans doute pas le fruit du hasard, ils montrent leur force au sol en massant des troupes aux frontières (ukrainiennes, indiennes), ils compliquent l’utilisation de certains couloirs aériens/zones maritimes internationales/frontières. Ils s’affirment en termes d’innovation technologique.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que les prix de l’énergie aient grimpé en flèche au cours des derniers mois. La hausse du prix du pétrole a pu être temporairement limitée par la libération – sous la direction des États-Unis – d’une partie des réserves stratégiques mondiales. Joli succès politique – très éphémère – pour Biden qui a réussi à rallier, sur le papier, les Chinois. Il faut dire que, dans ce domaine précis, Chine et États-Unis sont parfaitement alignés. Mais il s’agit d’une ¨goutte d’eau dans l’océan¨ et, de toute façon, ces stocks devront être reconstitués. Au niveau du gaz naturel, la situation est très différente. L’Europe est sous les feux de la rampe.

2021.12.24.Prix gaz naturel
Gaz naturel: l’Europe subit de plein fouet la pression / le rationnement russe

La nouvelle coalition allemande ne souhaite pas résoudre – l’inextricable – problématique du pipeline Nord-Stream 2 avant la fin de l’hiver. Pendant ce temps les prix explosent. Pire, en 2022, l’Allemagne fermera trois de ses six derniers réacteurs nucléaires. Au total, 30 centrales (nucléaire, charbon, pétrole et autres) seront mises hors service. C’est ce qu’on appelle se mettre dans un corner…

Calme des indices géopolitiques de marché

Où en est-on, plus globalement, au niveau des divers indices/indicateurs de risque géopolitique, directement liés aux marchés financiers? Réponse simple, il y a peu de signes d’inquiétude ces derniers temps! Par exemple, la jauge BlackRock est définitivement en territoire beaucoup plus calme maintenant qu’elle ne l’était pendant le mandat de Trump. De même, un autre indicateur développé par des experts universitaires/privés, le GPR, a plutôt reflué ces derniers trimestres.

2021.12.24.Indice GPR

Les analyses plus approfondies de l’équipe GPR sont encore plus intrigantes:

¨Nous constatons que les variations du risque prédisent positivement les rendements boursiers futurs. Les pays qui connaissent la plus forte augmentation de l’incertitude géopolitique surperforment leurs homologues dont la variation est la plus faible, jusqu’à 1% par mois.¨

On connait le cynisme des marchés financiers qui ¨achètent au son du canon¨. Mais là, non seulement ils ne vacillent pas, mais ils montrent de la complaisance avant même qu’un conflit ne se déclenche. Ils sont déjà dans une posture ¨mauvaise nouvelle = bonne nouvelle¨. Étonnant. Est-ce à dire qu’ils sont en fait distraits par la pandémie, la politique américaine et sont donc dans le déni du risque géopolitique? Si oui, alors l’éclatement effectif d’une crise les rendraient – bien – plus vulnérables qu’à l’accoutumée!

 

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