La thématique des « excellents » chiffres continue de porter le marché aux USA pendant que l’Europe ressent la peur d’Evergrande et l’angoisse du retour du COVID. Mais ce qu’il faut surtout retenir c’est que les bourses américaines sont clairement préoccupées par leurs nombrils et se foutent pas mal de ce qui se passe ailleurs. Pour le moment on fête le record du S&P500, on salue la forme resplendissante des crypto-monnaies, même si – visiblement – les « flash-crashs », ça n’arrive pas que sur le S&P500.

L’Audio du 22 octobre 2021

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L’Europe, la Chine et le COVID

Avant de passer au stade « champagne et flash-crash », il va falloir faire un tour sur l’Europe. Pour être franc avec vous, je ne sais pas si nous sommes plus angoissés en Europe qu’aux USA ou si nous sommes simplement la porte d’entrée du marché à toutes les emmerdes possibles et imaginables, mais disons que les problèmes qui ont surgit hier en Europe pourraient largement contaminer les USA – si les USA veulent bien prendre le temps de s’intéresser à autre chose qu’à son miroir, son beau miroir qui continue à lui répéter qu’elle est ou qu’ils sont les plus beaux.

Hier en Europe, le « stress » d’Evergrande est revenu planer sur les bourses locales. Fondamentalement, il ne s’est rien passé de nouveau, mais disons que le fait que l’empire immobilier chinois qui semble s’effriter un peu plus chaque jour, continue de peser dans l’esprit des traders de par chez nous. Il faut dire que tout ce que tente Evergrande finit au fond de l’évier ; ils ne parviennent pas à vendre ce qu’ils veulent vendre pour lever des capitaux et solder leurs dettes, à chaque fois qu’ils semblent trouver une solution, cette dernière fini au fond du fossé sur le toit. Et finalement, tout ce qu’ils arrivent à faire ; c’est prolonger leurs délais de remboursements et décaler le paiement de leurs coupons. En gros, ils arrivent à gagner du temps, mais ils vont quand même finir contre le mur à une vitesse que le corps humain ne supportera pas. Alors vous me direz que l’on sait que l’on n’est pas à risque – nous, les Européens. Et eux, les Américains. Mais quand un mastodonte comme ça met la clé sous la porte, on peut être certain qu’il y aura quand même deux-trois banques de la région qui vont en prendre plein les dents…

J’ai même deux-trois idées de noms de banques qui vont se prendre une perte assez sympa.

Et puis surtout, le gros problème dans tout ça, c’est que la faillite d’Evergrande pourrait ralentir massivement l’économie chinoise qui n’est déjà pas très en forme et ça, on va inévitablement le payer en Europe et aux USA aussi…

Le COVID, le retour de l’hiver et le confinement qui nous pend au nez

L’autre truc qui pesait un peu sur le moral européen hier, c’est le retour du COVID en Angleterre. Le nombre de cas est en hausse, les hôpitaux se remplissent selon le gouvernement et ne se remplissent pas selon les complotistes. On nous sort des chiffres « en hausse » dans tous les coins et la dernière fois qu’on nous a fait le coup des chiffres qui repartent à la hausse à la porte de l’hiver, on sait comment ça s’est fini. Mais heureusement, cette fois on a des vaccins à disposition. Des vaccins qui marchent super-bien puisqu’Israël attaque les injections de la quatrième dose et que Pfizer est à fond avec sa troisième dose qui aurait – selon les études sponsorisées par Pfizer – un taux d’efficacité de 96%. Par contre pour ce qui est de la durée de l’efficacité en question on hésite entre trois et quatre mois si l’on en croit la durée fantastique d’efficacité qu’Israël a obtenu avec la troisième dose. Enfin, peu importe la véracité ou l’efficacité, ce que l’on sait c’est qu’on est parti pour se vacciner tous les six mois jusqu’à que l’on trouve un truc qui dure plus longtemps. Pour autant que quelqu’un cherche. Parce que pour le moment, du côté de Pfizer et Moderna, on est plutôt en phase de marketing et d’écoulage de stock… N’oublions pas qu’ils doivent en vendre pour 90 milliards en 2022, sinon la Christmas Party de 2022 ne se fera pas à Hawaii.

Bref, hier en Europe, l’ambiance c’était COVID et ralentissement chinois. Autant dire que l’on a fini la journée avec des cocktails whisky-xanax pour compenser.

Mais aux USA, c’est Alice au pays des merveilles

Par contre, aux USA on s’éclate avec les chiffres du trimestre. Les intervenants n’ont que ça en tête et il semblerait que ça fonctionne. En tous les cas si vous vous répétez 200 fois que les chiffres du trimestre vont être très bons, il paraît que ça vous donne envie d’aller acheter des actions dans tous les sens.

En tous les cas, hier sur les noms que l’on attendait il y avait à boire et à manger, mais il faut retenir que les bons chiffres de Tesla annoncés mercredi soir ont permis au S&P500 et au Nasdaq de terminer la journée plein d’optimisme. Il faut dire que depuis quelques jours, la plupart des sociétés qui publient sortent des bons chiffres et des guidances solides. C’est d’ailleurs souvent la guidance qui pèse. Hier Crocs a sorti des chiffres fantastiques, même si je ne comprends toujours pas pourquoi les gens achètent ça – la guidance et les chiffres étaient bons, le titre cartonnait. En revanche, hier soir SNAP a publié des chiffres corrects mais ont annoncé que le reste de l’année serait difficile, en blâmant les nouvelles conditions de vie privée d’Apple qui leur empêche de faire de la pub comme ils veulent et en se plaignant des ruptures de chaînes d’approvisionnement… bref, c’est pas leur faute, mais le marché n’a pas aimé le ton du communiqué et le titre se prenait 20% dans les dents hier soir. Intel a battu les attentes, mais les marges sont sous pression et ça n’a pas plus aux analystes, même si le management d’Intel estime que tout est sous contrôle et que tout est transitoire.

Il faut dire que la dernière fois que l’on nous a fait le coup de « transitoire » et « sous contrôle », on sait comment ça a fini. Le transitoire s’est transformé en long terme et le sous contrôle, en concert de pipeau.

Mais peu importe et quoi qu’il en soit, les intervenants ne voient que le verre à moitié plein et semblent heureux de la qualité du trimestre et se permettent de pousser les indices au plus haut de tous les temps, c’était le cas du S&P500 qui montait pour sa septième journée consécutive et qui affiche un nouveau record. Chose qui n’était plus arrivée depuis le 6 septembre. Autant pour le krach du mois d’octobre. Encore 9 jours à tenir.

Le retour de l’enfant prodigue

Alors que les Américains se foutent pas mal de ce qui se passe en Chine, en Europe et dans les hôpitaux britanniques, ils avaient clairement le regard fixé sur le retour de Donald Trump. Cela faisait un moment que je n’avais plus utilisé ces 5 lettres dans cet ordre et je dois dire qu’au moins à chaque fois y a des trucs à raconter. Des trucs un peu plus passionnants et divertissants que quand Biden oublie comment il s’appelle. Donc l’ex-Président a lancé son SPAC – il s’appelle Digital World Acquisition Corp et traite sous le symbole de DWAC – c’est ce véhicule-là qui va servir à lancer le réseau social perso de Trump. Un réseau qui se nommera : Truth Social et qui ne pourra jamais empêcher Trump de raconter n’importe quoi.

Le SPAC a pris 360% hier et un paquet de Hedge Funds ont fait un carton parce qu’ils étaient mieux informés, plus dans la confidence et plus égaux que les autres. Il y avait aussi un warrant attaché au SPAC. Un warrant qui traitait à 50 cents mercredi matin et qui valait 14$ hier soir. 2500% de hausse. 10’000$ qui se seraient transformés en 250’000$ en quelques heures. Mais ne vous prenez pas la tête avec ça, vous n’êtes ni Hedge Fund Manager, ni proche de Trump, vous n’étiez donc pas assez égaux par rapport au vrai monde de la finance. Ah oui, j’oubliais. Le SPAC de Trump valait déjà 45% de plus after close. Nous en sommes donc à 540% de performance en un poil plus de 24 heures.

Bref, le S&P500 est au plus haut de tous les temps, Trump a fait du pognon avant même d’avoir lancé son réseau social et les Américains sont excités par les chiffres du trimestre et viennent au bureau avec des œillères pendant que les Européens font tampon avec leurs angoisses existentielles liées au COVID et aux Chinois.

Fat Finger

L’autre passionnant sujet du jour, c’est le gros doigt qu’il y a eu chez Binance. Comme quoi il y a quand même des jours où l’on se marre dans ce métier.

Donc hier, sur la plateforme Binance – il y a un gars qui aurait balancé 575 Bitcoins à la vente. 575 Bitcoins à 67’000$, ça représente quand même 38 millions et des brouettes. Sauf que le mec a balancé ça au mieux et que la liquidité n’était pas là. Il a donc littéralement fait exploser le carnet d’ordres et le dernier prix payé dans la descente aura été 8’200$. Il faudra qu’un jour les plateformes de Cryptos apprennent le concept de « stop-trading » que les bourses mondiales ont appris dans le sang et la douleur ces 30 dernières années. Mais là n’est pas le souci. Le fait est que le Bitcoin a payé 8’200$ et qu’il est ensuite remonté à 65’000 comme une balle. Reste à savoir si le pauvre type qui a tout balancé au mieux va trouver un accord pour se défaire de ses trades, mais vu la régulation sauvage dans le secteur, j’ai bien peur que sa journée ait été définitivement pourrie. On a donc appris que même dans les cryptos, même s’ils sont supérieurs à nous, les vieux, il y a quand même des mecs qui sont capables de faire les mêmes conneries que sur les futures et sur certains ETF’s… on s’en souvient encore.

Ce matin le Bitcoin est à 63’000$, on prend les profits et l’Ether se traite à 4’150$ ayant clairement cassé sa résistance, ouvrant la porte à toutes les fenêtres ensuite. Le pétrole se replie sur les 82$. Pull back ou début de tendance, il est trop tôt pour le dire. L’or est à 1787$ et tout le monde s’en fout. Pour le reste, l’Asie est en hausse de 0.4% un peu partout parce qu’Evergrande vient d’annoncer qu’ils ont fait un paiement « surprise » – selon les dernières nouvelles, la société aurait versé un peu plus de 83 millions de dollars ce matin. Affaire à suivre.

Chiffres économiques et chiffres du trimestre

Pas de grandes nouvelles de plus à vous raconter, je crois que tout a été dit, mis à part le fait que Jean Castex, le faire-valoir de Macron a annoncé une prime anti-inflation de 100 Euros pour chaque français qui gagne moins de 2’000 Euros. Ceci est une révolution comme disait Steve Jobs.  Nous attendrons à nouveau les chiffres du trimestre qui devraient voir American Express et Schlumberger publier aux USA et puis Renault en France. Je ne vous dis même pas comment c’est excitant.  Et puis côté chiffres économiques ça sera PMI dans tous les sens sur tous les continents et Monsieur Powell qui parlera en fin de journée pour nous expliquer comment on peut faire de l’insider trading légalement en bossant à la FED. Pour le moment les futures sont légèrement en hausse et il n’y a pas de quoi se rouler par terre…

Il me reste donc à vous souhaiter une très bonne journée, un très bon week-end et une très bonne semaine. En ce qui me concerne, je ne serai pas là because vacances bien méritées, mais par contre, Investir.ch vous promet une grosse surprise lundi matin !!!… alors soyez présents, moi je vous retrouve le lundi premier NOVEMBRE pour voir si l’on s’est bien sorti de ces deux mois qui devaient être apocalyptiques… so far so good…

Bonnes semaine et bon week-end à tous.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Filling out a credit card application, my friend came upon this question: ‘What is your source of income?’ She wrote: ‘ATM.’” —Michael Mcrae