Le marché obligataire chinois continue de faire les gros titres. Cependant, les dynamiques sont très diverses.
D’un côté, certains noms restent sous pression politique et économique. Le célèbre promoteur immobilier chinois Evergrande Group subit un gros stress. Evergrande – l’un des 10 plus grands promoteurs immobiliers de Chine continentale et l’un des 5 plus grands promoteurs immobiliers de la province du Guangdong – doit rembourser 7,4 milliards de dollars d’obligations avant l’année prochaine. Le géant chinois a beau avoir réduit son endettement au 1er semestre, le remboursement de la dette sera compliqué. Evergrande étudie la vente de participations dans ses sociétés cotées de véhicules électriques et de services immobiliers. Depuis quelques temps, l’entreprise est dans l’œil du cyclone. Depuis mi-2017, la firme est notée B- par Fitch et Moody’s et a été dégradée à CCC par les deux agences de notation fin juillet et même CC cette semaine. C’est un moment critique pour Evergrande. Le groupe sera probablement incapable de prolonger une quelconque dette au-delà des échéances actuelles. Sans un renflouement du gouvernement, l’entreprise fera bientôt défaut. Avec une dette cotée totale de 24 milliards de dollars, l’entreprise n’est pas systémique. Mais son passif total de 300 milliards de dollars est bien plus important.
En revanche, certaines entreprises voient enfin le bout du tunnel. L’un des 4 principaux gestionnaires d’actifs décotés chinois établis après la crise financière asiatique vit des temps compliqués. Huarong a beaucoup emprunté depuis la fin des années 1990 pour accompagner son développement. À l’été, il était évident que le gestionnaire d’actifs avait besoin d’aide. À partir de là ont débuté des mois de disputes et de luttes intestines entre l’État et les investisseurs privés pour organiser un plan de sauvetage.
Le rapport annuel tant attendu depuis des mois du China Huarong a montré une perte record de 16 milliards de dollars, l’effet de levier ayant atteint 1’333x en 2020. Alors que l’entreprise est de nouveau bénéficiaire au premier semestre, son niveau de capital reste bien en deçà des exigences réglementaires. Même si Huarong est redevenu rentable, le chinois a été dégradé à Baa2 de Baa1 par Moody’s. L’agence de notation a estimé que des pertes nettes d’une telle ampleur pourraient entraîner le non-respect par l’entreprise des exigences réglementaires minimales en matière d’adéquation des fonds propres et d’effet de levier. Avec ce niveau de pertes l’entreprise ne pouvait pas maintenir ses opérations sans le soutien du gouvernement.
Le sauvetage de l’entreprise a été annoncé à la mi-août après que l’État a essayé pendant des mois de déterminer exactement qui interviendrait, et à quel niveau pour aider l’entité. Pékin n’a pas permis à une institution financière d’importance systémique détenue directement par le ministère des finances de faire défaut. Le plan de sauvetage a pris la forme d’une recapitalisation avec des fonds publics. La société a levé de nouveaux capitaux auprès d’un consortium d’investisseurs stratégiques, pour la plupart des entreprises publiques. Cependant, il a fallu du temps entre le moment où la société a retardé l’annonce de ses résultats et le soutien implicite du gouvernement. Entre-temps, les obligations Huarong ont perdu plus de 30%. Beaucoup d’investisseurs internationaux ont été vendeurs forcés. Depuis l’annonce du plan de sauvetage, les obligations ont entièrement récupéré leurs pertes initiales.
- Les autorités chinoises prennent le temps de faire face au stress du marché et des entreprises. Le principe du «too big to fail» s’appliquera-t-il à Evergrande Group?
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