Nous voici donc à la fin de cette année 2020 que l’on pourra clairement qualifier « d’année de merde » sans risque d’être taxé d’exagération ou de vulgarité. Mais pour être franc, l’année n’aura pas été pourrie pour tout le monde, puisque le seul qui s’en sort bien en 2020 ; c’est le marché. Et quand on dit « s’en sort bien », ça n’est pas peu dire : record historique sur la plupart des indices américains – presque records d’altitude en Europe et si un extra-terrestre débarquait sur Terre aujourd’hui et qu’on lui expliquait la situation sanitaire et économique, il penserait clairement que nous sommes à moitié cinglés – pour ne pas dire plus.

L’Audio du 18 décembre 2020

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Pas encore mais presque

Alors nous ne sommes pas encore à la toute fin d’année, mais là tout de suite il est temps de fermer le site jusqu’au 4 janvier. Ceci est donc ma dernière chronique de 2020 – vous pourrez encore me voir sur Morningbull Live, mais la version écrite et audio, c’est terminé pour 2020. Mais en attendant, même si l’on est très enclin à dire du mal sur 2020 et que cela peut se comprendre, on aura quand même appris pas mal de choses. Alors à la place de vous parler en détail de ce qui s’est passé hier et ce qui va se passer ce soir quand Tesla va entrer dans le S&P500, faisons simplement un bilan rapide de l’année 2020.

La première chose qu’il faudra se rappeler de 2020 c’est que le potage de pangolin ou le pâté de chauve-souris ne sera probablement pas sur la table des festivités de fin d’année. On n’est pas 100% certain que ces deux animaux soient responsables ne serait qu’un dixième de la pandémie qui nous occupe, mais dans le doute il reste pléthore d’animaux à manger sous des formes différentes et variées avant de se résoudre à manger l’un des deux « usual suspects » de 2020. Il me vient à l’esprit une bonne mygale déclinée sous forme de nuggets ou une salade de vers bourrés de protéines et je n’ai même pas cherché dans l’encyclopédie culinaire chinoise. On retiendra en tous les cas qu’en 2020, la cuisine asiatique a clairement jeté un froid sur la planète. Même si preuve n’est pas faite et que le laboratoire d’expérimentation en armes biologiques est au coudes à coudes avec le pangolin.

Virus ou pas, à la fin c’est les gros qui gagnent – et je ne parle pas de la dinde

Une autre chose que l’on a appris en 2020 c’est que quoi qu’il arrive, la première chose que l’on doit sauver quand tout va mal, c’est les bourses mondiales. Dans l’ancien temps quand on roulait avec des voitures avec des moteurs à essence qui faisaient de la fumée et pas avec des moteurs électriques qui font le bruit d’un PC windows qui essaie de se connecter à internet avec un modem de 1987, quand la crise économique frappait, on essayait d’abord sauver l’économie et de la relancer avant de sauver Wall Street. Wall Srtreet qui de toutes façons allait suivre le mouvement lorsque ladite économie allait remonter elle-même. En 2020, la méthode a un peu évolué.

Bon, ce n’est pas vraiment la première fois – on avait bien compris déjà lorsque Lehman et ses frères avaient quitté le métier – que les banques centrales avaient bien plus à cœur de sauver la bourse avant de sauver l’emploi ou simplement l’économie. On va dire que l’économie suivra la bourse et on espère que tout se passera bien. Mais ça ressemble plus à un « avé maria » qu’à autre chose. Pourtant, en 2020 on a remis ça, mais en mieux. En mieux parce que non seulement les banques centrales ont sorti l’artillerie lourde en baissant les taux à zéro, mais aussi en rachetant à peu près toutes les dettes possibles et imaginables dont plus personne ne voulait afin que ça ne fasse pas tache sur le bilan annuel, mais en plus, cette fois, les gouvernements se sont associés aux banques centrales pour inventer – après une concertation de 35 minutes sur la version gratuite de Zoom – le Stimulus mahousse costaud. Le mot stimulus nous aura donc bercé toute l’année et il a même carrément remplacé les termes d’analyse financière comme « Price Earning » ou encore EBITDA, ou même croissance interne. On en est arrivé une autre forme d’analyse financière qui se résume par ces mots : « RIEN À FOUTRE DES VALORISATIONS, TANT QU’IL Y A UN STIMULUS ». Il est d’ailleurs assez étrange de constater que le montant du stimulus en question n’intéresse même plus les marchés – en effet, entre 10 à 20’000 milliards au printemps et à, à peine 900 milliards cet hiver, on peut se demander à quel moment on a oublié que l’on savait compter. En fait, c’est une évidence ; on est à Noël, c’est le geste qui compte et pas la quantité. En tous les cas, en 2020, si l’on avait un doute sur le fait que Wall Street était plus important que Main Street dans la tête des gouvernements ; le doute a été levé.

Avoir le COVID et faire monter les bourses au plus haut, ça ne suffit pas

Le futur-ex-Président Trump l’a appris à ses dépens – avoir le meilleur ratio présidence/performance boursière ne suffit pas pour être réélu. Je ne sais pas si c’est un signe comme quoi Macron ne sera pas réélu – vu que maintenant il est « covidien », mais disons que ça laisse un peu d’espoir. Toujours est-il que même si Trump aura été plus ou moins le seul Président Américain à ne déclarer la guerre à personne (même mieux qu’Obama le prix Nobel de la Paix) – qu’il a clairement une performance boursière stratosphérique sur la durée de son mandat – puisque depuis le jour de son élection, le Nasdaq a pris près de 170% et Tesla 1750%.

Comme quoi il ne suffit pas toujours de faire plaisir à Wall Street, puisque les USA et le monde entier a décidé d’élire Joe Biden à la place de Donald Trump. La bonne nouvelle c’est que le marché semble s’en foutre cordialement, voir même pire, il pense que Biden est un génie. Rappelons juste au passage qu’à l’époque où il était Vice-Président des Etats-Unis on pensait que Jay Leno et Chris Rock étaient des gens plus sérieux que lui et que George W Bush avait QI nettement supérieur, mais NETTEMENT supérieur à celui de Biden. Sauf qu’aujourd’hui à 143 ans, Biden est considéré comme le sauveur de l’Amérique. Voire même du monde. Son cabinet à une moyenne d’âge qui ferait passer la maison de retraite de Tartifiole-les Deux-Oies pour une bande de jeunes rappeurs ingérables tellement ils chantent fort du Charles Trenet dans les soirées, mais l’équipe de Biden vont sauver le monde alors qu’ils font de la politique depuis 954 années en cumulé et que strictement rien n’a changé. Il faudra retenir que Biden n’a pas gagné, mais ces Trump qui l’a perdu. Je me réjouis déjà de voir ce que l’on pensera du nouveau Président dans une année comme aujourd’hui, mais je me garde ça pour la dernière chronique de 2021. Enfin, si on s’en sort.

Le vaccin qui va plus vite que la lumière

Même si 2020 aura été une année de merde, on aura quand même appris qu’il ne fallait pas si longtemps que ça pour développer un vaccin et que quand l’être humain est désespéré, il est prêt à accepter n’importe quoi qui lui donnera l’espoir de s’en sortir. Vous pouvez passer votre soirée et votre nuit sur Google et vous verrez que p0ur développer un vaccin il faut au minimum 3 ans, 500’000 souris, 10’000 lapins et un conseiller d’Etat écologiste, avant d’arriver à un résultat que la FDA va analyser du bout des lèvres pendant 9 mois avant des donner un avis « à peu près favorable ». En 2020, tu fais un truc vite fait dans ta cuisine avec un peu de sauce soja et de l’urine de souris et 6 mois plus tard tu es accueilli à la FDA après avoir descendu la 5ème avenue en cabriolet sous les pétales de roses. Des pétales de roses qui proviennent directement de la roseraie de la Maison Blanche, bien sûr.

Toujours est-il qu’en cette fin d’année 2020, les vaccins sont fabriqués aussi vite que des M&M’s sauf qu’ils sont injectés et pas distribués sous forme d’entourage d’une cacahuète. Leur arrivée sur le marché avec des taux d’efficacités délirants est considérée comme si Jésus était descendu sur terre et aussi comme s’il connaissait la formule exacte du COVID19 – de là à dire que le labo qui a créé la maladie leur a fourni la formule, il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas afin d’éviter d’être traité de complotiste et puis le plus important, c’est qu’à la fin, le Bull Market soit pérennisé pour des siècles et des siècles. Amen.

Bezos, Musk et les autres, prêts pour jouer le méchant de James Bond

Pour terminer et boucler cette année 2020, il faudra aussi retenir que les plus riches de la planète ont terminé l’année encore plus riche qu’avant. Et pas qu’un peu. Si on était mauvaise langue, on dirait qu’ils sont sûrement dans le coup, parce que si l’on avait voulu relancer le E-Commerce en plantant les gens à la maison, ou les faire prendre conscience que la voiture électrique c’est l’avenir – on n’y serait pas pris autrement. Alors vous allez tous me dire que Bezos, Musk et les autres ne peuvent pas être comme les méchants de James Bond non plus, que ce sont juste des chefs d’entreprise qui étaient au bon moment et au bon endroit. Toujours est-il que le prochain James Bond devrait être une femme noire, que le prochain Zorro sera une femme blanche et que The Rock devrait jouer dans Catwoman en 2021. À partir de là, tout peut arriver.

Toujours est-il que les plus riches sont devenus beaucoup plus riches en 2020. Mais alors beaucoup beaucoup plus riche. Coluche disait que « Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça » et visiblement ça ne change pas en 2020.

En conclusion

En conclusion, hier les marchés sont montés en Europe parce qu’on était optimistes sur le vaccin, le stimulus et le Brexit et il pourrait que ça dure encore en 2021, comme ces trois derniers mois d’ailleurs. Pour le reste, le pétrole n’arrête pas de monter, le Bitcoin n’arrête pas de monter à une vitesse qui donnerait le vertige à Chuck Yeager, mon idole décédée il y a dix jours et tout semble pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les 13 jours que nous devrons encore subir en 2020 devraient être parfaits et haussiers et puis on reprendra sur une page blanche en 2021, année de tous les records, puisque l’ensemble des stratèges boursiers qui sont invités à la télé pensent que le marché va monter AU MOINS de 20% et que cette DEBILE d’économie va enfin comprendre ce qui lui indique le marché depuis des mois : ELLE DOIT SE REPRENDRE et arrêter de couiner sous prétexte que l’emploi est au plus mal et que la croissance est pourrie, Wall Street montre la voie, tu vas suivre et la fermer ; un point c’est tout !!!

Dans l’intervalle, je voudrais vous remercier TOUS d’avoir été aussi présent et nombreux sur Investir.ch, nombreux à lire et nombreux à « liker » nos articles. On sera encore là en 2021. En ce qui me concerne, je serai encore et toujours là en 2021 pour la version podcast et la version écrite – et ce, pour la quinzième année consécutive – mais aussi sur la version vidéo matinale sur la chaîne Swissquote Suisse sur YouTube. (qui n’a d’ailleurs rien à voir avec la version écrite). Pour le reste, on se croisera dans les restos et les bars genevois pour autant que le vaccin fonctionne et que ça rouvre normalement en janvier, sinon ça sera en 2022. Dans l’intervalle, n’hésitez pas à relire tout le site durant les Fêtes si vous vous ennuyez, il y a plein d’articles qui sont encore d’actualité !

Morningbull Live :

Il est donc temps de se séparer pour quelques temps et on se revoit le 4 janvier, en attendant, je vous souhaite à tous d’excellente fêtes de fin d’année, un joyeux Noël avec le masque et les grands-parents dans la cuisine et pour ce qui est de vous souhaiter une très belle nouvelle année, je vais attendre le 31 mars, juste pour être sûr que ça n’est pas un piège organisé par les « big pharmas » !!! Très bonnes fêtes à tous.

Thomas Veillet

Investir.ch

“That’s the true spirit of Christmas; people being helped by people other than me.”

– Jerry Seinfeld