Je crois qu’il n’est nul besoin de vous faire un dessin. Si l’on se souvient encore de ce qui s’est passé en mars, lorsque l’on a vraiment commencé à baisser, mais juste avant que les gouvernements se donnent la main pour nous sauver les fesses et que les Banque Centrales vident leurs coffres et fassent chauffer leurs cartes de crédit pour nous convaincre que « tout allait bien se passer et qu’à la fin c’est toujours les gentils investisseurs qui gagnent » - et bien nous n’avons pas besoin d’aller bien loin pour trouver des similitudes. Hier ce fût donc un de ces bains de sang auquel nous étions accoutumés en mars. Plus ou moins le même profil, la même ambiance de fin du monde, cette même ambiance de fin du monde qui fait que l’on a oublié 150% des théories positives qui justifiaient pleinement nos décisions d’investissements du 28 mars jusqu’au 30 août. Hier nous étions dans une de ces phases maniaco-dépressives où le rationnel n’a plus lieu d’être. N’a plus lieu d’être parce qu’hier on a tiré sur à peu près tout ce qui bougeait parce que le COVID était de retour, que l’hiver est de retour et que le COVID sera encore plus méchant en hiver et qu’en plus il y a de plus en plus de cas – même si l’on teste 50 fois plus qu’en mars dernier – mais que ça n’A RIEN À VOIR – et que l’on va donc tous mourir à cause du COVID, ou d’autre chose, mais on dira que c’est du COVID quand même (pour les statistiques) – Donc LES BOURSES mondiales dans un très bel ensemble et dans une harmonie parfaite, se sont toutes faites démonter la tête rien qu’à l’idée que certains pays pourraient se reconfiner. C’est d’ailleurs ce que le Roi de France a annoncé hier soir – nous avons donc dorénavant le droit de bosser, de prendre les transports publics complètement bondés et d’amener les enfants à l’école, mais tout ce qui touche aux loisirs, à la détente ou à la liberté de faire ce qu’on veut, on peut oublier, parce que ça serait quand même pas mal si après cette pandémie on pouvait quand même faire passer l’espérance de vie à 112 ans.
L’Audio du 29 octobre 2020
Reconfinement et effondrement économique
On ne va donc pas chercher à donner des chiffres ou à trouver qui a raison et qui utilise la bonne stratégie. Facebook s’en occupe largement. Non, l’idée c’est de comprendre que les marchés sont en mode panique, parce que si l’on reconfine et que l’on retourne chez soi à attendre l’hypothétique droit d’en ressortir avant Noël, l’économie ne s’en remettra pas. Elle ne s’en était déjà pas remise depuis le mois mars, puisque les gouvernements – américains en tête – étaient toujours en train de chercher des solutions pour essayer de faire repartir la machine. Cette fois, si on se remet dans la même situation en mars – même si on veut nous vendre des durées plus courtes que l’on ne verra même pas passer – le marché estime qu’une certaine partie de l’économie ne se remettra jamais de ce qu’on lui fait subir. Les gens qui nous dirigent ont perdu toute crédibilité (et là je ne parle même pas du Conseil d’Etat genevois qui est devenu officiellement le plus grand Muppet Show politique de la région depuis hier) et on voit assez mal comment les gens qui nous dirigent et qui sont au pouvoir, vont pouvoir retourner l’économie dans le bon sens et lui sauver la mise alors que les caisses sont vides et que les banques centrales elles-mêmes disent qu’elles ne peuvent plus rien faire – j’en veux pour preuve le patron de la FED de New York qui disait encore hier soir que c’était aux « gouvernants » de s’y mettre. Oui, sauf que là, les gouvernants, ils ne sont plus crédibles depuis bien longtemps.
Bref, la journée d’hier aura été une de ces journées qui fait péter tous les supports – ce fût le cas en Europe en tous les cas. Ce matin les futures ont l’air d’être en mode rebond, mais franchement, il faudra quand même m’expliquer ce qui a changé depuis hier qui justifierait de courir racheter ce que l’on a vendu hier. Alors oui, peut-être que ceux qui ont balancé tout et n’importe quoi hier soir, vont se dire qu’il faut peut-être revenir à la raison et qu’il faut racheter les boîtes qui jouent la thématique du « home office » que l’on a quand même déglingué de manière fort illogique hier soir. Ou alors on va peut-être se souvenir que les BIG NAMES de la tech qui se sont fait massacrer hier soir AVAIENT SUPERBEMENT SURFÉ SUR LA PREMIERE VAGUE DE CONFINEMENT – pourquoi est-ce que cela changerait cette fois ? Pour faire simple, hier ce fût une de ces journées de panique où il n’y a plus aucune logique, cela fait partie de ces journées « Titanic ». Une journée où l’on est censé faire passer les femmes et les enfants d’abord, mais seulement une fois que l’on s’est assuré une place dans le canot de sauvetage en liquidant tout son portefeuille à n’importe quel prix d’abord. Un portefeuille qui avait été pourtant soigneusement construit pour le « long terme ». C’est ce que l’on appelle « la panique ».
Et maintenant quoi ?
Maintenant que l’on sait que l’on ne battra pas de records d’altitude en octobre 2020, que l’on sait que les USA ne mettront pas en place de stimulus économique avant plusieurs semaines – et encore, si on parle en semaine, c’est la version « positive » – que l’on sait que Biden sera élu et que les impôts vont pleuvoir, que l’on sait que l’Europe a perdu le contrôle du COVID et que les USA vont se retrouver dans la même merde dans les 2 semaines qui viennent, on se demande bien ce qu’il faut faire si l’on veut continuer de « faire de la bourse.
D’un point de vue technique, les indices ont une sale gueule – au niveau sale gueule, les indices européens remportent nettement la palme d’or de la sale gueule, parce que pour trouver des supports sur le CAC, le DAX ou le SMI, faut se lever de bonne heure. Aux USA, il y a encore un peu d’espoir mais il faut le dire vite. Par contre, si l’on aime se référer au passé, la configuration technique des indices américains ressemble assez fortement à ce que l’on a vécu en mars – et pas ce que l’on a vécu à la FIN DU MOIS DE MARS, MAIS AU DÉBUT…
On ne sait absolument pas où l’on va. La seule chose que l’on sait, c’est que jamais nous n’avions eu autant de gens qui s’attendent à un nouveau KRACH BOURSIER EN OCTOBRE – ce qui est rassurant, c’est qu’octobre se termine dans 48 heures, alors va falloir faire vite – la seule chose que l’on sait, c’est que l’on est incapable de gérer ce COVID – les chiffres sont-ils vrais et font-ils du sens ? On ne va pas polémiquer sur le sujet au risque de se faire insulter, mais disons que le plus gros problème, c’est que l’on doit boucler l’économie pour sauver les hôpitaux. Et le fait que l’économie risque de ne pas s’en remettre inquiète nettement plus les investisseurs que le reste. Et puis vu les efforts financiers qui ont été consentis ces derniers mois, que ce soit de la part des gouvernements ou des banques centrales, on se demande qui va venir nous sauver les fesses ces prochains mois. Le stress est donc à son comble et nous sommes dans un marécage d’incertitudes avec la visibilité d’un matin d’automne dans les rues de Londres. Et, vous le savez, les marchés n’aiment pas, mais alors PAS DU TOUT l’incertitude.
Bilan inutile
Je ne vais donc pas vous faire le bilan d’hier, c’est une catastrophe, les claques sont monumentales dans tous les secteurs et encore plus dans les secteurs qui vont être et qui ont déjà été impactés par le COVID, l’interprétation des chiffres trimestriels ne font plus aucun sens, puisqu’il y a trop d’incertitudes et de doutes. Ce matin l’Asie est en légère baisse un peu partout et compense le pire en regardant les futures qui sont en hausse de 1% à New York et qui sont censés nous faire croire que l’on va rebondir. Hier le pétrole a pris 6% dans les dents parce que plus personne va jamais sortir de chez lui pour consommer. Les nouvelles tournent toutes autour des nouvelles mesures prises autour du COVID et Macron fait les gros titres un peu partout et pour une fois, ce n’est pas parce qu’il s’est fâché avec les Turcs, mais parce qu’il a réussi à enfermer son peuple une deuxième fois dans la même année et qu’il veut encore leur faire croire que la France est une République et pas une dictature.
Ce matin les marchés mondiaux se réveillent encore une fois avec une gueule de bois mythique et comme il est pratiquement interdit de tout faire, on ne va même pas pouvoir aller boire un verre pour « rallumer le sapin ». L’ambiance est pourrie et on regarde les futures en hausse avec un air dubitatif, le même air que l’on peut avoir lorsque l’on va monter sur le ring avec Mike Tyson et que l’on sait pertinemment que l’on va se faire défoncer si on y va. Alors ce matin, la question à laquelle il faut répondre ; c’est : Should I Stay or Should I go ? Est-ce que l’on va encore se rater le prochain rebond si l’on ne remet pas l’ouvrage sur le métier ou est-ce que l’on n’a pas encore trouvé le fond, puisque l’on ne rattrape jamais un couteau qui tombe – surtout que là, c’est vraiment pas sûr que le couteau il ait fini de tomber.
Publications du matin : chagrin, publications du soir : espoir
Pendant que l’on se demande si l’on va tous mourir et si ça va être douloureux, il faut tout de même noter que ce soir – après la clôture, il y aura les publications d’Apple, Amazon, Facebook et Google. Sachant qu’elles se sont toutes faites défoncer hier soir, il y a bon espoir que la citation qui dit que « Publications du matin : chagrin, publications du soir : espoir », fonctionne cette fois. Je ne vais pas vous infliger la longue litanie des attentes des analystes, puisque là tout de suite, ça ne veut plus rien dire. On va juste espérer que les 4 gros ne vont pas nous sortir des discours méfiants ou anxiogènes, parce que si c’est le cas, c’est pas le couteau qui va continuer de tomber, c’est l’ensemble de la vaisselle de la maison, y compris la porcelaine de la grand-mère.
En conclusion de cette journée merde, on constate que l’on est en train de se refaire un mois de mars et que ce virus pourri nous fait vivre un second feu d’artifice pour boucler une année déjà bien pourrie et merdique sous tous les angles. En temps normal, j’aurais eu tendance à dire que la moitié du monde merveilleux de la finance doit penser à acheter une maison dans le Sud pour aller faire du miel et faire pousser des truffes, mais le problème c’est qu’aujourd’hui, on est en taule partout et que l’on n’a plus le droit de bouger d’une oreille et que l’on doit se contenter d’attendre de voir ce qui se passe en finissant tout Netflix pour la deuxième fois en une année. Mais heureusement, maintenant y a Amazon Prime en plus.
Chiffres économiques
En plus des chiffres des technos californiennes, on aura aussi le GDP aux USA, GDP qui devrait être brillant sans nul doute et qui devrait enterrer définitivement les espoirs d’élection de Trump, il y aura aussi les Jobless Claims et la BCE annoncera qu’elle ne fait rien sur ses taux et que si les gouvernements ne font rien, elle ne peut plus rien faire non plus. Mais les futures américains sont en hausse de 1.1%, on dirait presqu’il s’est passé un truc de positif là-bas pendant la nuit. Mais en fait non, c’est juste qu’on a trop baissé pendant la journée d’hier.
Je crois qu’il me reste à vous souhaiter une belle journée – si vous n’êtes pas Pierre Maudet ou un des « pôôôôôôvre fonctionnaire stressé » sous sa direction, ça devrait aller – les bourses, ça va, ça vient et ça finit toujours par remonter…
Morningbull Live du 29 octobre 2020
À demain !
Thomas Veillet
Investir.ch
“Everyone has a purpose in life. Perhaps yours is watching television.”
– David Letterman