Nous voici arrivés à la fin de l’été. Ce lundi sera le dernier jour de trading du mois d’août et nous avons été tellement occupés avec nos séries de records que personne n’a encore pris le temps de signaler que le mois de septembre qui arrive juste après le mois d’août – si, si, vous pouvez vérifier – et bien ce mois de septembre est considéré par beaucoup comme le pire mois de l’année. Alors ? Pire mois de l’année ou est-ce que le mois de septembre sera encore une fois différent du reste des autres années ? Evidemment je n’en n’ai aucune idée, une chose est certaine, 2020 n’est pas une année comme les autres et les 4 mois qu’il nous reste peuvent encore largement nous réserver des surprises. Instinctivement, je me dis que l’on n’a pas fini de rigoler. Et quand on voit le comportement du marché ces dernières semaines, on peut se dire qu’il nous réserve encore deux ou trois choses. La semaine qui commence aujourd’hui semble démarrer relativement calmement, même si les futures et les marchés asiatiques laissent à penser que de nouveaux records sont à venir – sans compter que les récentes déclarations de Powell laissent à penser que la FED sera derrière nous encore longtemps et que « laisser tomber » le marché ne fait pas partie de ses options. Alors en attendant on va s’exciter sur les éternels « Usual suspects » et tergiverser sur les impacts des splits et des rebalancement d’indices qui nous attendent ces prochains temps. Et on va inévitablement reparler de Tesla.
L’Audio du 31 août 2020
On découpe, on découpe
Tout à l’heure, à l’ouverture de New York, si vous voyez qu’Apple est en baisse de 70% et des poussières ou que Tesla plonge de plus de 80%, ce n’est pas que le krach a commencé, c’est simplement que vos systèmes d’informations boursières n’ont pas encore mis à jour le split des deux animateurs du Nasdaq de cet été. En effet, vendredi dernier, c’était la dernière fois que vous pouviez voir Apple traiter autour des 500$ et Tesla autour des 2’300$. En ce qui concerne Apple, avant de la revoir à ces niveaux, il faudra patienter un sacré moment, sachant que cela mettrait le titre à plus 9’000 milliards de valorisation et qu’à ce moment, ça n’aura plus vraiment de sens, mais en ce qui concerne Tesla, à voir comment ce truc monte en défiant toute logique, plus rien ne me semble impossible, sachant que la société a grimpé déjà de 63% depuis l’annonce de son « split » par 5.
Donc dès ce matin, tous les actionnaires d’Apple vont se retrouver avec 4 fois plus d’actions et un prix divisé par quatre et pour ce qui est de Tesla, c’est la même chose, mais par 5. Pour ce qui concerne la firme à la pomme, il s’agit du cinquième « split » des actions d’Apple. La société de Cupertino avait déjà procédé à une division par sept le 9 juin 2014 et par deux le 16 juin 1987, le 21 juin 2000 et le 28 février 2005. Si Apple n’avait jamais divisé ses actions, celles-ci se vendraient actuellement à environ 28 000 dollars pièce. Ce qui me rappelle que j’ai été complètement débile de revendre mes actions à 10$ en 2001 et encore plus stupide de liquider une autre position à 37$ quelques mois plus tard parce que « ça montait trop vite ». Enfin. Comme disait l’autre : « on est toujours plus intelligent après. Ou pas ». Avec les ajustements historiques ; les événements et les prix antérieurs seront modifiés. Par exemple, Apple a fixé le prix des actions lors de son introduction en bourse en 1980 à 22 dollars par action. Après ses quatre premiers fractionnements d’actions, ce prix est cependant tombé à 39 cents par action dans le registre historique, et il baissera à nouveau – à environ 10 cents – après ce fractionnement.
Tesla et le S&P500
Au-delà du « split » de Tesla qui a pour but de permettre à « monsieur tout le monde d’investir plus facilement », on commence également à se demander à quel moment les instances supérieures du S&P500 vont se décider à intégrer Tesla dans la liste des 500 plus grosses sociétés américaines – surtout que Tesla est tout de même huitième sur la liste non-officielles de plus grosses capitalisations boursières du monde. Et qu’elle n’est toujours pas dans l’indice. L’autre question qui fait peur c’est comment l’intégration pourrait se passer, puisque le jour de l’annonce de l’arrivée du fabricant de voitures dans l’indice de référence américain, une montagne de fonds indiciels et d’ETF’s vont devoir se jeter sur la société pour aligner leurs portefeuilles et quand on voit la liquidité du truc, je vous laisse imaginer le tsunami que cela pourrait produire, surtout quand on sait que les shorts y ont déjà laissé leurs chemises depuis le début de l’année – les estimations disent que 25 milliards sont partis en fumées dans les comptes de ceux qui ont parié contre Elon Musk – cela pourrait bien empirer avec une entrée dans le S&P500. Mais pour l’instant ce n’est que de la musique d’avenir.
Si l’on doit parler intégration ce matin, c’est dans le Dow Jones que ça se passe. Oui, parce qu’en plus du remaniement qu’Apple et Tesla vont provoquer dans les esprits dès l’ouverture, le Dow Jones va traiter pour la première fois avec l’inclusion de Salesforce, AMGEN et Honeywell. Ça sera sûrement intéressant de voir comment ça va se passer ces prochains temps parce que, comme nous le disions déjà la semaine dernière, Salesforce sera, et dès cette après-midi, le 4ème plus gros composant de l’indice historique américain. On espère que ce « coup de sac » permettra au Dow de grapiller les 1’000 points manquants pour retourner au plus de tous les temps comme ses proches cousins.
L’Asie en pleine euphorie
Alors que vendredi dernier le Nikkei était au fond du trou après l’annonce de la démission du Premier Ministre Abe – on notera au passage que l’impact de la démission d’un Premier Ministre n’est pas partout la même. Je ne crois pas me souvenir qu’un changement quelconque de gouvernement ait eu un impact sur le CAC40 depuis 12 générations par exemple, mais ça n’était que pour dire du mal, je le reconnais. Donc après la douleur de la démission de Monsieur Abe, le Nikkei a appris avec joie et bonheur que pour son nonantième anniversaire, Monsieur Warren Buffet s’est acheté 5 sociétés japonaises. Il a investi un totale de 6.25 milliards dans Itochu (ticker 8001), Marubeni (8002), Mitsubishi (8058), Mitsui (8031), et Sumitomo (8053). Cet investissement représente 5% dans chacune des sociétés et Buffet compte monter à 9.9%, les achats ne sont donc pas terminés. En résumé, le Nikkei est en fête parce que soudainement on s’intéresse à eux pour autre chose que leurs taux à zéro et leur 223ème plan de stimulus qui ne fonctionne pas. Clin d’œil amical aux deuxième plan de stimulus américain qui n’est même pas encore sorti.
Pendant que le Japon s’envole de près de 2% et se retrouve au plus haut depuis le début de la pandémie, la Chine a publié des chiffres économiques. Un des deux n’était pas bon, mais l’autre oui. Alors comme d’habitude, on a pris le chiffre du côté des Jedi’s et les indices chinois sont tous en hausse et on notera même le CSI300 qui est en train de casser à la hausse – ce qui laisse entendre que dans les 48 heures un analyste quelque part va nous annoncer que la Chine va exploser à la hausse. Ce matin Shanghai est en hausse de 1% et Hong Kong suit le mouvement avec une progression de 1.3%. Je ne parlerai pas de l’or, si ce n’est qu’il se comporte comme une boule de flipper entre 1900 et 2000 et que là tout de suite on est à 1978$. Le pétrole est à 43.13$ et on se demande s’il va pouvoir démarrer un jour en direction des 48$ – même les hurricanes qui étaient censé détruire la moitié du Texas et de la Louisiane n’ont pas réussi à le faire bouger. On sent comme une certaine léthargie du côté des matières premières dirait-on. Il est vrai que c’est nettement plus chouette de s’exciter sur les valeurs technologiques que sur des matières inertes.
Nouvelles du jour
Dans les nouvelles du jour, on parle (un peu) du COVID19 puisque la barre des 25 millions de contaminés a été franchie, même si l’on pourrait tergiverser un moment sur le fait que ces 25 millions ne sont pas tous morts UNIQUEMENT du COVID, mais c’est une autre histoire qui provoque polémique et désaccord, on va donc faire comme si de rien n’était, mettre un masque et se laver les mains, tout en allant au cinéma sans porter de masque parce que le virus n’aime pas les endroits sombres, ce qui expliquerait d’ailleurs pourquoi dans certaines villes françaises, le port du masque n’est obligatoire que jusqu’à 20h. Au-delà de l’histoire des chiffres, il faut aussi noter que le patron de la FDA a laissé entendre que son agence serait prête à « fast-tracker » tout vaccin susceptible de fonctionner et qu’il n’a eu aucune pression politique de la part de la Maison Blanche qui pourrait insister pour que ça aille plus vite afin d’assurer gloire et réélection à son charismatique leader. En résumé, la FDA serait prête à faire tomber pas mal de barrières pour aller plus vite, mais c’est juste pour sauver le monde. Puisque l’on parle de vaccin et de remèdes de grand-mères, on notera que la même FDA a autorisé l’utilisation du Remdesivir de Gilead pour la totalité des patients COVID, plus aucune restriction ne s’applique.
L’autre nouvelle de la journée c’est les fusions et acquisitions qui passent en mode sport en France. Ce week-end Veolia a annoncé vouloir racheter la participation qu’Engie possède dans Suez. Engie détient 29.9% de Suez et Veolia est prêt à payer une prime de 27% par rapport à la clôture de vendredi. Si Engie accepte, la suite normale sera de faire le « bid » sur ce qui reste. Le board de Suez doit se rencontrer rapidement pour discuter de l’offre impromptue et non-sollicitée. Dans la même thématique du je t’achète-tu m’achète, je te veux-je te veux plus, il a l’affaire Tik-Tok qui rebondit encore une fois. Alors que tout le monde veut participer au rachat du plus cons des réseaux sociaux après Snapchat, voici que la Chine resserre les boulons et met des restrictions à la vente à l’étranger de certaines sociétés qui utilisent l’intelligence artificielle en particulier. C’est intéressant de voir que l’on imagine qu’il y ait de l’intelligence – même artificielle – dans Tik-Tok. Néanmoins le scénario à la Santa Barbara est relancé. On attend la réponse de Trump qui n’a que très peu fait parler de lui depuis qu’il s’est placé en sauveur de l’Amérique jeudi dernier.
Les chiffres du jour
Pour ce qui est des chiffres du jour, ce lundi est bien mince, mais ce ne sont que les prémices d’une semaine bien complexe puisque comme nous sommes au début du mois de septembre dès demain, nous aurons les chiffres de l’emploi américain ce vendredi et les corbeaux commencent à virevolter pour prévenir que ça pourrait ne pas être très beau. On fait cependant confiance aux départements concernés pour arrondir les angles et ne décevoir personne, tout en laissant voler tranquillement les indices vers des plus hauts historiques – chose que les futures US qui sont en hausse de 0.5% laissent encore présager ce matin. Pour ceux qui veulent vraiment se gaver de chiffres, il y aura les ventes de détail en Suisse et le CPI en Allemagne, en Espagne et en Italie. On notera aussi que cette semaine, nous verrons également pas mal de membres de la FED qui viendront donner leur avis sur l’avenir des taux, de l’économie et de l’inflation.
Pour le reste, nous sommes lundi et il me reste à vous souhaiter une très belle journée. Au passage je vous avertis que dès ce matin, je me lance sur YouTube et que dans le courant de la matinée, vous aurez droit à une vidéo qui s’appellera Morningbull Live – on reprend les vieille marmites histoire de voir ce que l’on peut faire avec la soupe – et ça sera diffusé tous les jours en milieu de matinée sur la chaîne YouTube de Swissquote – vous trouverez le lien en cliquant sur Swissquote – quand je dis tous les jours, c’est sauf le week-end parce que quand même…
Je vous souhaite un très bon début de semaine et à demain ou à tout à l’heure.
Thomas Veillet
Investir.ch
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