De nombreux entrepreneurs ont décidé d’adapter leurs algorithmes ou d’accélérer le développement de leurs produits afin de répondre à la situation d’urgence que nous traversons actuellement.
Distanciation sociale
La startup s4feW4lk qui fournit des trottoirs intelligents à plusieurs villes a ainsi adapté ses algorithmes afin d’optimiser la distanciation sociale dans l’espace public. Les pavés motorisés micro-orientables développés par la société permettent en temps normal de limiter les accidents sur les trottoirs en faisant imperceptiblement dévier la trajectoire de marche des piétons inattentifs aux trottinettes électriques qui envahissent les centre ville. Les fondateurs de s4feW4lk estiment ainsi arriver à une baisse de 80% à 85% des accidents dus à des collisions entre trottinettistes focalisés sur leur GPS et piétons aux yeux rivés en continu sur leur smartphone.
En 2 semaines environ, les développeurs ont reprogrammé l’intelligence artificielle contrôlant les pavés intelligents afin que ceux-ci dévient les trajectoires des piétons de manière à respecter la distance sociale recommandée de 1,5m entre individus. La première version modifiée de l’IA manquait cependant de données suffisantes et certains trottoirs se sont ainsi vus transformés en scènes de music-hall, piétons et engins motorisés se croisant dans des chorégraphies pour le moins surprenantes comme en témoignent des images de caméras de surveillance. Ces bugs ont néanmoins pu être rapidement corrigés et le système pourra même être adapté, lorsque l’épidémie sera terminée, afin d’orienter à leur insu les citadins vers différents commerces afin de relancer la consommation.
Consommation plus responsable
Smartpoo est une jeune pousse très discrète active dans le secteur de l’hygiène personnelle et plus principalement du papier toilette. L’idée initiale des fondateurs était de fournir aux utilisateurs un suivi précis de leur consommation au travers d’une app intuitive et d’effectuer des achats automatiquement, au travers de plateformes en ligne sélectionnées, afin de leur éviter ces grands moments de solitude où l’on tient entre ses doigts la dernière feuille du dernier rouleau. Dès son lancement la startup avait attiré l’attention d’acteurs majeurs du monde digital, entre autres dans l’e-commerce.
La société avait d’ailleurs été accusée de transmettre les données (très) personnelles de ses clients à des parties tierces et d’avoir développé des partenariats avec les géants des réseaux sociaux. Ceci afin de faire apparaitre dans le fil d’actualité de ses utilisateurs, lorsqu’ils se rendaient aux toilettes, des nouvelles sélectionnées sur base de leur profilage psychosocial dans le seul but de leur faire dérouler le papier plus nerveusement et donc d’en augmenter drastiquement la consommation. L’algorithme propriétaire de deep learning serait ainsi responsable d’une surconsommation de papier de l’ordre de 20 à 30% selon diverses ONG environnementales.
Bien que les preuves avancées par ses détracteurs ne soient pas entièrement convaincantes, la société a trouvé une occasion de redorer son image en annonçant que tous ses porte-rouleaux fonctionneraient dorénavant en mode “économie”, la résistance du moteur favorisant une consommation plus modique de papier, ressource devenue rare et objet de bien des convoitises depuis l’annonce des mesures de confinement.
Livraison par drones
Toutes les initiatives n’ont cependant pas donné les résultats escomptés. Ainsi une société de livraison de repas à domicile a eu l’idée de négocier avec certaines municipalités l’autorisation de tester son service de livraison par drone, profitant à la fois de la demande accrue pour ce type de prestation et de rues quasiment désertes permettant de réaliser ce type d’expérience en situation réelle sans trop de risques pour la population urbaine.
L’autorisation de procéder aux tests a été accordée à la condition que les habitants des quartiers retenus soient avertis du danger par des panneaux disposés sur l’espace public et leur indiquant que tout déplacement nécessiterait obligatoirement le port d’un casque. Cependant, et fort malencontreusement, le stagiaire en charge du projet chez l’imprimeur a commis une erreur en confondant “casque” et “masque”, du fait de l’environnement actuel fortement lié au coronavirus. Des panneaux demandant le port du masque ont donc été disposés et l’on ne s’est rendu compte de l’erreur qu’après que plusieurs personnes ne respectant pas les mesures de confinement aient été blessées à la tête par des chutes de pizza, côte de boeuf ou autre colis roboratif. Les autorités alertées par les services d’urgence des hopitaux ont immédiatement demandé l’arrêt des tests.
Nous espérons que cet article rédigé par Fabio Lopes vous aura fait sourire à l’occasion du 1er avril.