Oubliée l’inversion de la courbe, discrète la récession. Pourrons nous tenir le coup encore 1.5% pour battre tous les records ?
L’Audio du 8 avril 2019
C’est la question que l’on va se poser encore quelques jours. Le S&P500 n’a plus que 50 points à faire pour franchir la barre des 2940.91 et le Dow Jones n’a plus que 527 points à escalader pour toucher au Graal. En ce qui concerne le Nasdaq, c’est pas mal non plus.
Tout à l’air d’aller pour le mieux dans le meilleur des mondes ; Trump continue de mettre la pression sur la FED pour qu’ils baissent les taux ou qu’ils continuent à « aider » le marché. Le Trade Deal va se faire, ce n’est plus une question de « IF », mais de « WHEN ». Les Chinois stimulent encore leur économie et commencent enfin à publier des chiffres meilleurs que les attentes. Le pétrole n’arrête plus de monter et l’or est devenu le pestiféré des marchés.
Que peut-on rêver de mieux ?
Vu sous cet angle, nous vivons dans un monde parfait. Les chiffres économiques de vendredi qui foutaient la trouille à tout le monde n’étaient pas si mauvais que ça et l’indice des semi-conducteurs – indicateur avancé devant l’éternel a terminé la semaine au plus haut de tous les temps.
Si ce n’est pas un signe ça, je ne sais pas ce que c’est.
Pourtant l’ambiance est morose.
La tension est presque palpable. Les gens ne cherchent que des moyens pour « réduire » leurs expositions aux marchés, protéger les gains de l’année, comme si c’était écrit dans le marbre que la correction était à nos portes. C’est assez humain finalement, à l’approche des plus hauts, on se prépare au pire. On ne nous refera pas le coup deux fois.
Et puis si on se trompait ?
Et si on se trompait. Et si nous n’étions qu’à l’aube d’une nouvelle explosion haussière, d’une panique à l’achat ? Alors oui, je veux bien admettre que ça ne ferait pas de sens. Que les valorisations sont trop élevées et que l’économie ne va pas suffisamment bien. Mais en même temps, depuis quand l’économie est-elle une science exacte ?
Cela fait des semaines que j’entend que les gens « prennent les profits », « réduisent les risques », « se mettent en cash ». Depuis le début de l’année, nous avons constaté que 39 milliards de dollars sont sortis des fonds dédiés aux actions – où sont-ils passés ? Planqués dans du 10 ans américain à 2.5% de rendement ? Peut-être, mais si le marché continue de monter et de tout casser à la hausse, combien de temps serons-nous capables de nous contenter de 2.5% de rendement (et encore, on parle du dollar, en francs suisses, c’est carrément moins drôle). 2.5% de rendement quand les fonds actions font du 10% ou du 15% et que ça continue de monter….
Aucune idée
Franchement, je n’en sais rien. Ce dont je suis certain, c’est que cette « prudence » globale me fait peur. Tout d’abord si le S&P500 a repris 23% depuis les plus bas et que près de 40 milliards sont sortis du marché depuis le 1er janvier ; QUI ACHÈTE ?
Et puis si les raisons de la baisse de l’automne dernier sont réglées ? Pas de récession avant 18 mois, des taux accommodants à nouveau, un Powell qui est dans notre camp. Trump qui pousse pour des taux bas, un Trade Deal qui va sauver le monde et une économie US qui va plutôt pas mal et qui est proche de l’économie parfaite – pourquoi est-ce que l’on baisserait ???
Et si le S&P va à 3000 dans les semaines qui viennent ?
Ce qui me terrorise (dans le bon sens du terme), c’est que si les marchés accélèrent encore à la hausse en franchissant des plus hauts historiques, n’allons-nous pas nous faire aspirer dans une « panique à l’achat » ??? Alors vous allez me dire : NON, on ne se fera pas avoir !
Ouais, comme en l’an 2000 ? Il y a 19 ans ON S’EST TOUS FAIT AVOIR !!! Et avec le sourire…
Pourquoi cette espèce d’euphorie haussière ne pourrait pas se reproduire ?
Imaginez…
Imaginez ; Powell change son discours et laisse entendre qu’il va baisser les taux avant l’été. Draghi annonce le retour du QE en Europe. Dans la foulée les Chinois et les Américains annoncent un Trade Deal qui est séduisant et qui met fin à 10 mois de bagarre de cours de récré. Les chiffres du trimestre ne sont pas si mauvais que ça et l’on assiste à une vague de fusions et acquisitions sans précédent. Sans compter que les sociétés qui ne rachètent pas, se lancent dans le rachat de leurs propres actions…
Est-ce que vous croyez sincèrement que l’on va s’arrêter de monter cette année ?
Encore une fois, je n’en sais rien
Je n’ai pas la réponse à toutes les questions, mais disons que lorsque l’on voit ce que voit actuellement, que l’on entend ce que l’on entend de nos jours, j’ai bien raison de penser ce que je pense. Et je pense que l’on a bien raison d’être prudent après ce que l’on a vécu en automne et ce que l’on a récupéré depuis, mais personnellement, le pire c’est de rater la hausse. Alors je vais m’entêter encore un peu et conserver mon esprit bullish encore un moment.
Tout en étant parfaitement conscient qu’il y a plein de signes économiques fondamentaux qui sortent les drapeaux rouges et commencent à interdire la baignade, mais au fond de moi, tout au fond, je me dis que l’on ne peut pas conclure ce « bull market » de dix ans sans une dernière poussée euphorique tel un énorme baroud d’honneur avant de tomber sous les griffes des bears.
Stimulus en Chine
Ce matin la Chine parlait stimulus à nouveau et les indices asiatiques ont tous ouvert en hausse, depuis ça se dégonfle et à mi-journée, on flirte avec le rouge. Il n’est pas exclu que l’on attende d’en savoir plus dans le courant de la semaine avant de repartir à la hausse. Néanmoins ce matin, ça semble timide.
Pour le reste, le pétrole est à 63.42$, imperturbable dans sa marche en avant en direction des 70$ et l’or reprend d’assaut les 1300$ avec une conviction qui donne envie de retourner se coucher. Les futures, quand à eux, ils sont légèrement négatifs mais sans plus.
Nouvelles du jour
C’est Waterloo morne plaine ce matin. Theresa May n’a pas encore démissionné, la France se montre encore plus stricte sur les conditions de sortie de l’Angleterre, on s’occupe comme on peut. Il n’y aura pas de chiffres économiques importants ce matin, si ce n’est le Trade Balance en Allemagne. En conclusion, on démarre la semaine tranquillement et sans grande direction.
Excellent lundi à tous et à demain, même endroit, même heure.
Thomas Veillet
Investir.ch
« Beware of false knowledge; it is more dangerous than ignorance. »
George Bernard Shaw