En 1941, alors que les Français commençaient à se demander si l’apprentissage de la langue de Goethe n’était pas la meilleure alternative, l’armée US lance un appel d’offre pour un véhicule de reconnaissance léger qui ne devait pas dépasser 90 centimètres de haut.

Jeep Wrangler 2019 – Audio

C’est Willys qui remporte le contrat – d’où le fait que, sur les premières Jeep, on pouvait aussi baisser le pare-brise. On retrouve d’ailleurs les charnières apparentes de nos jours. Ce qui devraient « en théorie » permettre de respecter cette demande de l’armée américaine. Sauf que, sur le modèle 2019, pour ce qui est des 90 centimètres, il faudra repasser.

Pour être franc, je n’ai pas mesuré la hauteur à laquelle se situe le capot, mais vu qu’il me faut un harnais et un piolet pour monter dans le siège conducteur, je suppose que c’est plus que nonante centimètres.

Libéré, délivré..

Peu importe, depuis que Willys a remporté le contrat et libéré la France des hordes teutoniques, hordes qui se sont depuis déplacées dans le Sud de l’Espagne. L’ancêtre de la Jeep Wrangler a bien évolué.

Avec la version 2019, on ne peut même plus parler d’évolution, mais plutôt de révolution. Le soldat Ryan qui monterait dans la Wrangler 2019 serait bien incapable de faire le parallèle avec celles qui ont débarqué le 6 juin 1944. Il y a bien un logo qui rappelle l’ancêtre de temps en temps ou un volant à trois branches qui rappelle l’originale. Mais ça s’arrête là.

MacGyver et son couteau suisse

Il faut dire que Jeep a « updaté » son « Wrangler » – environ tous les 10 ans. Personnellement j’ai commencé à m’y intéresser quand la série MacGyver est sortie dans les années 80. En ce temps-là, je m’étais acheté un couteau suisse, du fil électrique et un paquet de chewing-gums pensant qu’il ne pouvait plus rien m’arriver. Je me suis même laissé pousser les cheveux, imaginant qu’un jour je sauverai le monde en désamorçant une bombe nucléaire avec les objets précités.

À la place je suis rentré dans une banque, comme on rentre chez le dentiste : à reculons. Puis j’ai oublié MacGyver et la Wrangler qui va avec. C’est d’ailleurs surement à cause de ça que je n’ai jamais sauvé le monde. Enfin, pas encore.

On se rapproche d’une SUV, mais on en reste loin. Ça reste une JEEP !

En montant dans la version 2019 – après avoir testé copieusement la version d’avant – on peut immédiatement se dire qu’il y a comme un vent de modernité. Mais ne nous emballons pas non plus. C’est plus une brise qu’un vent à décorner un bœuf.

L’esprit de la Jeep est toujours là, la planche de bord se dessine avec un look plus moderne, mais possède toujours les commandes des vitres électriques sous l’écran du GPS. Les portes ayant la possibilité de disparaître en été, au grand désarroi des forces de police dans certains pays. Je dis ça, parce que lors de la première heure de mon test, j’ai été bien incapable de trouver la dite commande et il m’a fallu « googler » pour trouver.

Mis à part ça, on y a rajouté toute la technologie moderne ABSOLUMENT nécessaire dans les voitures d’aujourd’hui. Même si la plupart d’entre nous, surtout moi, ne sont même pas capable d’en utiliser le premier tiers. La Jeep se rapproche dangereusement d’un vrai SUV, mais pas encore. Il y a des prises USB, des prises 230V et plein de trucs dont je n’ai pas encore compris l’utilité. Mais je suis rassuré, on peut prendre son Dyson avec soit et aspirer les tapis APRÈS une séance de tout-terrain.

L’inspiration vient du réfrigérateur

Pour le reste, l’intérieur est très Jeep, donc relativement sobre. La position de conduite très verticale rappelle plus celle d’une camionnette de livraison. Mais d’ailleurs ? N’est-ce pas une camionnette de livraison ?

La réponse est : non ! Pas assez de place dans le coffre, même si une fois que les sièges arrière sont couchés, on peut facilement y ranger un frigo. Et puis les esprits chagrins diront que le système d’ouverture du coffre en deux temps n’est pas pratique. Garez-vous en marche arrière contre un mur et le chien qui est dans le coffre y restera.

Et puis si je parle de frigo – ce n’est pas anodin, puisque cela rappelle tout de même la forme aérodynamique de la Wrangler. Mais soyons franc, ce n’est pas pour ça que l’on passe la porte du concessionnaire.

Des qualités de routière discutables

Il est vrai qu’au delà de 120 km/h, on commence à a se demander quelle partie de la voiture va se barrer en premier et que c’est en général à ce moment que l’on comprend pourquoi la vitesse maximale est de 160 km/h. On va être très clair, il n’y pas d’urgence à booker un week-end à Europa Park pour pouvoir tester la Jeep en Allemagne. Les 120 autorisés en Suisse sont amplement suffisants. Et puis au-delà des limitations, on a l’impression de passer le Cap Horn à la voile.

Il est vrai que, par rapport à l’ancien modèle, on se sent immédiatement beaucoup plus à l’aise pour envisager un week-end en Provence – puisqu’avant, on en avait généralement marre à Grenoble. Si vous comptiez aller sur la Côte d’Azur, ça risque d’être encore un peu long, pas impossible, mais long. Cependant, les progrès son indéniables.

Pour être franc avec vous, la Jeep Wrangler a eu, a et aura toujours un capital sympathie fabuleux, parce qu’elle est FUN… Et ce n’est pas le cas de toutes les voitures du monde, essayez une Clio 1.2 diesel, vous verrez.

À poil !

La Jeep, on peut la déshabiller presque entièrement. Dorénavant, la version 2019 se simplifie nettement la vie, puisqu’il est possible d’enlever le toit presque automatiquement selon les versions – je dis presque, parce que c’est pas encore ça. C’est mieux qu’à l’époque où il fallait faire venir une équipe de rugby et prévoir un barbecue pour enlever le hard-top pour l’été, mais c’est pas encore ça.

Après on peut enlever les portes aussi et il ne reste plus qu’à se laisser pousser les cheveux et partir en Californie. Enfin, pour ceux qui peuvent.

En conclusion, on peut lui reprocher plein de choses, à commencer par le bruit à haute vitesse – mais comme on n’a plus le droit, c’est pas grave (et puis c’est pas fait pour ça, pour ça il y d’autres marques comme Alfa et la Stelvio qui partage le même moteur que la Jeep, par exemple) – on peut aussi lui en vouloir pour le confort intérieur et la direction qui est aléatoire.

Pardon. Mea Culpa.

La direction n’est pas ALÉATOIRE – elle vous rappelle simplement que la Jeep Wrangler n’a pas été conçue pour gagner le rallye de Monte-Carlo – elle n’a d’ailleurs pas été conçue pour gagner quoi que ce soit, si ce n’est la guerre. Et ça ; c’est déjà pas mal.

Un peu de franchise

Pour être très honnête avec vous, le seul VRAI problème que l’on peut rencontrer avec la Jeep Wrangler, c’est quand on part faire du tout-terrains et que vous dérangez ces marcheurs écolos qui s’estiment dérangés par vos 4 roues et vos échappements qui « soi-disant » polluent alors qu’aucun des marcheurs en question n’a de parenté avec un ours polaire – auquel cas, ils pourraient éventuellement vous reprocher de détruire la planète.

L’autre problème, c’est qu’ensuite il faut aller la passer au karcher pendant 2 heures pour enlever la boue. Bonne nouvelle : vous pouvez aussi la laver à l’intérieur avec le jet – selon le constructeur…

Je suis moyennement convaincu du résultat à long terme, à moins que vous soyez éleveur de champignons, mais disons « qu’en théorie » c’est possible.

Ô joie

La Jeep vous remplira de bonheur quand vous pourrez la déshabiller entièrement et que vous pourrez l’emmener se rouler dans la boue jusqu’à plus soif. Elle serait capable grimper aux arbres si on le lui demandait et surtout si vous optez pour le modèle Rubicon. Elle vous rappellera surtout que l’on vit qu’une fois et que parfois c’est pénible de rouler dans un véhicule aseptisé qui manque de caractère.

All-new 2018 Jeep® Wrangler Sahara

Là, avec la nouvelle Wrangler, vous avez tout dans le même package qui, moyennant quelques modifications, deviendra unique Une voiture unique, pas comme les autres, une voiture qui vous emmènera à peu près n’importe où. En un mot comme en 100 ; la Wrangler c’est terriblement fun et quelque part, on ne peut pas ne pas tomber amoureux et rajeunir de 30 ans en montant dedans. J’ai même envisagé d’acheter une planche de surf pour la mettre derrière et faire « genre », je-me-laisse-pousser-les-cheveux-et-les-abdos-et-je-descends-à-Biarritz.

Thomas Veillet – Investir.ch

Technique :

La Wrangler existe en châssis court et en châssis long. Elle existe en plusieurs finitions – la Rubicon étant le modèle indestructible qui grimpe aux arbres.

Plusieurs motorisations, préférence à l’essence – même si pour le moment, il est plus facile de trouver des diesels – allez comprendre. Un 2,2 litres de 200 chevaux en diesel et un 2 litres essence de 272 chevaux, équipée d’un turbo. Pas de V6 pour l’Europe.

Un conseil, laissez la Cayenne Turbo à Madame et partez à l’aventure avec le Wrangler qui saura reléguer la plupart des SUV de ville à l’état de gadget bourgeois dès le premier centimètre de boue franchit.

Merci à Daniel Frey et au Garage Victoria à Genève pour le prêt du véhicule.