Le nouveau rapport de KPMG «The Pulse of Fintech 2018» sorti fin juillet présente les grandes tendances du secteur.

Les statistiques compilées par les auteurs de l’étude révèlent que la première moitié de l’année 2018 a vu les investisseurs amener plus de capitaux que sur l’entièreté de l’année 2017. Le secteur se développe également de manière plus globale et de nouveaux pays comme la Suisse, la France, le Japon ou encore la Corée de Sud apparaissent ainsi aux côtés des leaders historiques que sont les US, UK, Chine et Inde.

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L’étude a recensé pour le premier semestre de cette année 875 opérations au niveau mondial, totalisant près de 58 milliards de dollars. Il faut cependant noter que deux méga deals – l’acquisition de WorldPay pour 12.9 milliards USD par Vantiv et les 14 milliards levés par Ant Financial auprès de sociétés de venture capital – représentent près de la moitié de ce montant et les 10 plus gros deal du semestre en représentent plus de 75% (voir graphique plus bas). Des montants souvent relatifs à des opérations de M&A ou de buyout qui démontrent que le secteur devient plus mature, se consolide et commence également à voir certaines introductions en bourse.

Au niveau régional, l’Amérique l’emporte sur base du nombre de deals (504 totalisant $14.8 milliards) mais l’Europe est largement en tête si l’on considère les montants en jeu ($26 milliards pour 198 deals). L’Asie tire bien son épingle du jeu avec 162 deals totalisant $16.8 milliards bien qu’il soit nécessaire de nuancer ce montant en rappelant que le plus gros deal de ce début d’année (Ant Financial, $14 milliards) a eu lieu sur ce marché.

Les principaux segments du marché restent les moyens de paiement et les prêts (lending) mais les investisseurs ont également commencé à s’intéresser à d’autres secteurs tels les solutions basées sur l’intelligence artificielle, les insurtech (assurances) ou les regtech (juridique/réglementation) qui ont rencontré un intérêt croissant de par l’arrivée des nouvelles réglementations dont MiFID II (protection de l’investisseur), DSP2 (paiements, lire sur ce sujet l’article d’ibani.com) ou RGPD (protection des données personnelles) et de manière plus générale la hausse des standards de compliance nationaux et internationaux. Actuellement à un stade encore précoce avec de nombreuses sociétés tentant de lever leurs premiers fonds, le secteur des regtech devrait connaitre une belle croissance dans les années à venir.

De manière générale, un nombre croissant de sociétés tentent de se positionner sur le segment B2B ou de trouver des synergies dans leurs offres commerciales. L’étude constate également que les fintech attirent dorénavant l’intérêt d’autres types d’investisseurs, à savoir des banques et sociétés d’assurance de plus petite taille que les mastodontes du secteur, ou encore des sociétés de gestion. Preuve que l’industrie financière classique commence à comprendre qu’elle devra évoluer au cours des prochaines années et assimiler de nouvelles technologies à l’instar de la blockchain qui sort de plus en plus de son cadre expérimental pour être intégrée dans divers modes opératoires.

Aux Etats-Unis, les venture capitalists se sont montrés les plus actifs et se sont intéressés à tous types de fintech, alors que certaines grandes banques américaines (JPM, Citi, Goldman Sachs) commencent à se positionner dans le digital. En Europe on assiste par contre à la création de gros fonds de corporate venture capital (CVC) par les banquiers et les assureurs (Unicredit, DNB) dans le but d’investir directement dans les fintech les plus prometteuses, principalement celles développant des solutions basées sur l’intelligence artificielle et les regtech.

C’est également en Europe que l’on trouve les «nouvelle banques» les plus prometteuses, à l’image de N26 en Allemagne (une vraie banque) et Revolut au UK (pas encore une banque, lire mon article sur leur carte de paiement) qui désirent toutes deux s’attaquer au marché américain. L’Europe ayant connu d’importants développements réglementaires ces dernières années est également à la pointe sur le segment des regtech et encourage fortement les technologies de type blockchain en tentant de mettre en place un cadre réglementaire adapté.

 

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