Eric Bendahan, fondateur et gérant d’ELEVA Capital partageait ses convictions lors des ‘RENCONTRES PROSPER’ à Genève en octobre. A la tête de près de 2.5 Milliards d’Euros investis à travers deux fonds long only et un long/short, le gérant était invité par son distributeur suisse Prosper Professional Services pour faire part à ses investisseurs des bonnes nouvelles que le marché nous réserve, mais aussi des risques qui pointent à l’horizon.

Eric Bendahan

Pour Eric Bendahan, les nouvelles en provenance des entreprises du continent sont globalement positives. Cette année, les valorisations restent raisonnables compte tenu de la croissance à deux chiffres des résultats, une première depuis 2010. Les discours sont devenus extrêmement volontaires, en parallèle avec une croissance domestique à présent très robuste.

Alors que les sociétés nord-américaines reversent l’intégralité de leurs cashflows aux actionnaires, en Europe, les sociétés ont été plutôt dans une logique de réduction de leur dette. Mais ceci commence à changer. En Allemagne, par exemple, la majorité des sociétés donnent désormais la priorité aux acquisitions en Europe, et si elles n’en trouvent pas d’intéressantes, elles prévoient de rendre le cash excédentaire aux actionnaires. Eric Bendahan a également souligné l’homogénéité de la croissance entre les régions et pays en Europe : ceux qui étaient à la traine, comme la France, l’Italie et le Portugal, rattrapent aujourd’hui leurs voisins. L’Europe centrale, notamment l’Autriche, se démarque à la hausse. Le Royaume Uni en revanche, avec le Brexit, pourrait souffrir d’une récession si le reste de l’économie globale venait à faiblir.

Pour autant, le marché n’est pas exempt de risques : une source de préoccupation est par exemple le cours de change Euro Dollar, en ce moment proche des 1.20$. Si l’Euro venait à s’apprécier à 1.30$ ou 1.40$, dit-il, les entreprises européennes en souffriraient de façon significative. Mais sa principale inquiétude est liée à l’évolution des politiques des banques centrales dans le monde. La fin des programmes de « quantitative easing » (QE) créera sans aucun doute de la volatilité sur l’ensemble des classes d’actifs, y compris celle des actions. Ce thème est donc crucial vu l’importance de l’impact de ces politiques sur les marchés depuis des années.

L’approche d’ELEVA Capital

ADN d’ELEVA, l’approche d’investissement active et opportuniste, privilégie les sociétés familiales à l’image de Kering, souvent synonymes de surperformance à long terme. Autre pilier de la philosophie d’investissement, les entreprises dont les valorisations par les analystes actions et crédit sont divergentes. Les business model innovants dans des secteurs d’activité matures comme Maisons du Monde et les changements de management ou d’actionnariat tels que ceux mis en place chez Unicredit représentent les autres axes de recherche de l’équipe d’investissement dans un univers investissable de plus de dix mille sociétés européennes.

Une recherche de performance absolue, moins volatile : Eleva Absolute Return

Synthèse des fonds European Selection et Euroland Selection sur sa patte « longue », le fonds ELEVA Absolute Return Europe inclue une patte « short » visant à réduire l’exposition nette (comprise entre -10% et 50%) et générer de l’alpha. La patte « short » est composée d’une part d’indices (marché ou sectoriel) qui permettent de réduire la volatilité, et d’autre part de titres individuels afin de générer de l’alpha. A noter la bonne contribution des valeurs « shortées » cette année dans un marché haussier.

Le décalage de perception entre les analystes crédit et les analystes actions est une source importante d’idées d’investissements short pour le gérant, en particulier lors de révisions à la baisse de perspectives bénéficiaires. En effet, Eric Bendahan explique que cette année, certaines sociétés ont perdu beaucoup de leur valeur et leurs problèmes n’ont pas été perçus par les analystes actions. Certaines industries sont en phase de « disruption » et traversent une profonde mutation, comme la distribution alimentaire ou les médias, secteurs dans lesquels « des modèles d’affaires ne sont plus adaptés compte tenu de l’accélération des changements de mode de consommation », dit-il.

L’analyse de sociétés chèrement valorisées que le public connait et affectionne tout particulièrement est également une source d’idées short. Ces sociétés ne sont « pas forcément en danger et leur modèle économique n’est pas nécessairement problématique à long terme, mais les niveaux d’attente nous paraissent très élevés, trop élevés». Ainsi, les «Darling» de la cote sont parfois de bonnes candidates à shorter.