Les membres de l’OPEP ont décidé de réduire la production de pétrole ce qui est une première depuis 2009. La Russie et l’Arabie Saoudite se sont érigés comme les meneurs de cette nouvelle politique et ont permis à la Libye, au Nigéria et à l’Indonésie d’être exemptés de tout quota. La politique de l’Iran en matière de réduction de sa production reste tout de même un point d’interrogation tout comme l’est celle du Mexique. En effet, la société mexicaine Pemex ne prévoit pas de réduction de production en 2017, ce qui contredit certains dires de membres de l’OPEP.

L’objectif de cette réduction est de normaliser l’excédent des stocks sans entraîner une augmentation notoire du prix du pétrole car cela signifierait une augmentation de la production de pétrole de schiste en Amérique du Nord. Le ministre nigérian de l’énergie a admis que le prix d’équilibre parfait serait de 60 dollars par baril. Si un tel prix était atteint et qu’il reste à ce niveau pendant quelques mois, les analystes et les dirigeants des entreprises pétrolières pourraient « normaliser » leurs attentes de chiffre d’affaires et redonner une certaine confiance aux investisseurs. Toutefois cet « accord » intervient dans un contexte économique et politique qui ne ressemble en rien à celui de 2009.

Le monde a envisagé la baisse des émissions provenant d’énergies fossiles lors de l’accord de Paris. Même si Donald Trump le qualifie de canular, cet accord, s’il était suivi par des états comme la Chine et l’Inde, signifierait une baisse significative de l’utilisation de pétrole. Certes, le combustible fossile le plus touché serait le charbon qui, en 2014, a généré 46% des émissions mondiales de dioxyne de carbone contre 34% pour le pétrole et 20% pour le gaz naturel. Dans ce contexte beaucoup d’analystes voient l’électricité alimentée par le gaz et les énergies renouvelables comme la première étape du changement de politique énergétique mondiale.

Alors que la crainte majeure des années ‘90 était liée à l’approvisionnement de pétrole (réminiscence des crises pétrolières des années ‘70 et ‘80) comme le montre l’évolution du prix du pétrole, les nouvelles préoccupations sont plutôt dues à la demande.

 

2016.12.04.Crude oil price1

Source : BP Statistical Review of World Energy, June 2016

 

Alors même que les experts prévoyaient une baisse de la production de pétrole en 2005-2006, nous voyons que les réserves « prouvées » ont augmenté d’environ 20% entre 2005 et 2015 selon l’étude de BP.

 

2016.12.04.Oil production1

Source : BP Statistical Review of World Energy, June 2016

 

Donc si les réserves sont plus importantes que prévu et si les énergies renouvelables devaient gagner du terrain, alors une baisse de la consommation de pétrole dès 2020 serait envisageable, ce qui signifierait que seules les ressources facilement accessibles resteraient rentables.

 

2016.12.04.Big picture1

 

Pourtant bon nombre d’acteurs continuent de réfuter ces arguments à l’image de Khalid Al-Falih, ministre saoudien de l’Energie, qui estime que le monde aura encore besoin d’investir dans le pétrole pour un montant de 1000 milliards de dollars par année pendant les vingt-cinq prochaines années. D’autres signalent que même si la demande devait baisser, le monde aurait besoin de remplacer les puits existants qui voient leur production baisser de 5 millions de barils par jour.

« The show must go on ».